Philippe Diallo ou Pierre Samsonoff à la tête de la Fédération française de football (FFF) ? C'est la question à laquelle devront répondre les dirigeants des clubs amateurs, des clubs professionnels, des ligues, des districts et les 28 membres du Comité exécutif ce mardi 10 décembre à partir de 10h. Le nom du prochain président de la FFF pour les quatre prochaines années sera connu le samedi 14 décembre.
Lors de cette élection, deux profils et deux programmes s'affrontent. D'un côté, se trouve l'actuel président de la FFF, Philippe Diallo qui souhaite notamment continuer le travail de développement économique de la fédération qu'il a débuté depuis janvier 2023, après la démission de Noël Le Graët.
De l'autre, se trouve Pierre Samsonoff, ancien directeur général adjoint de la FFF, poste qu'il a quitté en 2021. Il veut être la voix du football amateur et remettre au centre des décisions du quotidien de la fédération le football d'en bas, c'est-à-dire 2,3 millions de licenciés.
Philippe Diallo a 61 ans. Son amour du football et son goût pour le sport, il le doit à son père, champion de France et vice-champion d'Europe de boxe professionnelle. "J'ai commencé le foot à six ans. Dans un club de la Loire-Atlantique qui joue en jaune. Et j'ai joué un peu plus de dix ans dans ce club jusqu'au centre de formation. (...) Le football, finalement, a été le fil rouge de ma vie, puisque après y avoir joué, j'en suis devenu un des dirigeants nationaux", raconte-t-il dans sur RTL dans On refait le match. "Le football, c'est l'histoire de ma vie", résume-t-il.
Philippe Diallo a effectivement occupé de nombreux postes de dirigeants dans le foot français. Il a dirigé pendant 29 ans, de 1992 à 2021, l'Union des clubs professionnels de football, le syndicat patronal des clubs professionnels. En 2021, il est devenu, sous la présidence de Noël Le Graët, trésorier de la FFF, puis vice-président. La démission de Noël Le Graët le propulse à la tête de la "3F" en janvier 2023. Il a par ailleurs été élu au Comex de l'UEFA en avril 2023 pour quatre ans.
Pour cette élection, Philippe Diallo ne pourra pas compter sur le soutien de son ancien président qui lui a préféré son concurrent. L'actuel président de la FFF l'affirme, il ne regrette pas cette absence de soutien : "Je pense qu'aujourd'hui, avoir comme principal soutien Noël Le Graët, je n'ai pas le sentiment que ça donne un sentiment de modernité", explique-t-il. Il le dit, Noël Le Graët appartient au passé alors que lui "est tourné vers l'avenir".
Pour cette élection, le dirigeant a construit son programme autour d'un slogan, "Le football qu'on aime. Une fédération engagée au service des clubs", et de six piliers : le club, le sport, les territoires, l'économie, l'engagement et la gouvernance. Il souhaite en particulier augmenter les aides au football amateur et aux clubs de 50% par an, passer de 100 à 150 millions d'euros de subventions. Toujours dans cette perspective de développer le football amateur, il veut créer un "Conseil consultatif des Clubs amateurs" et transformer le National 1 en Ligue 3 professionnelle au sein de la Fédération.
"Je crois que le foot français, il marche bien quand il marche sur ses deux pieds. Un pied professionnel, un pied amateur. Moi, je trouve que je suis la bonne synthèse de ces deux footballs", indique-t-il sur RTL.
Pour parvenir à faire ce lien entre football amateur et football professionnel, Philippe Diallo souhaite promouvoir les Coupes de France masculine et féminine, qui sont très populaires auprès du public, mais qui ne parviennent pas à attirer les diffuseurs. "Mon sujet, ce n'est pas de réformer, au sens changer le format de la Coupe de France, c'est de voir avec les parties prenantes comment on fait pour continuer à en assurer la valorisation, explique-t-il avant de poursuivre. Évidemment que les fondamentaux de la Coupe de France ne changeront pas".
Son programme vise d'autres objectifs tels que le développement du football féminin en parvenant à 500.000 licenciées en fin de mandature, en 2023 elles étaient plus de 220.000, et continuer le développement économique de l'équipe de France. Philippe Diallo se félicite également de la prolongation du contrat entre l'équipe de France et Nike jusqu'en 2034.
Pierre Samsonoff, 47 ans, a un parcours plus atypique que Philippe Diallo. Il a d'abord commencé sa vie professionnelle comme cadre dirigeant dans la protection sociale. Depuis trois ans, il est chef d'entreprise d'une société de conseil en gestion des ressources humaines et management. En parallèle, il dirige l’US Saint-Malo (National 2). Il a également été dirigeant de l'En Avant Guingamp et directeur général de la Ligue du football amateur et directeur général adjoint de la FFF pendant cinq ans. "Ma vie dans le foot, c'est essentiellement une vie de dirigeant bénévole", résume-t-il dans On refait le match.
Pour appuyer sa candidature, Pierre Samsonoff peut compter sur un soutien de poids, celui de l'ancien président de la FFF Noël Le Graët. Invité sur RMC, le candidat avait affiché sa sympathie envers le Breton. "Ça s’est terminé dans de mauvaises conditions. Ça s’est aussi terminé sur des accusations qui ont été démenties depuis par la justice. Mais c’est aussi une période où la fédération fonctionnait bien, une période où l’équipe de France performait. Il y a un bilan qui est plutôt positif de son action à la Fédération", a-t-il indiqué.
Pierre Samsonoff se veut être l'homme du football amateur car il le considère comme le "centre de gravité de la Fédération". "Le métier principal de la FFF, c'est de s'occuper du football amateur. Après, ce n'est pas du tout une candidature d'hostilité au foot pro. On a complètement conscience du fait que pour que le foot aille bien, il faut que toutes les composantes du foot aillent bien. Et donc, c'est une candidature très orientée foot amateur, mais qui a surtout vocation à rassembler l'ensemble des composantes du football", revendique-t-il sur RTL.
Selon lui, la Fédération "s'est totalement éloignée de ce que doit être le cœur de ses préoccupations". Il dénonce "le fait que le football de base se sent totalement ignoré" par la FFF. Ainsi, il défend une décentralisation des prises de décisions. Il appelle ainsi à de nouveaux choix en matière de gouvernance et à une révolution dans le mode de fonctionnement de la FFF. Il veut notamment mettre en place une réforme destinée à associer les clubs aux décisions fédérales par la consultation directe. Comme Philippe Diallo, il veut créer un troisième niveau de foot professionnel en France.
Autres axes du programme de Pierre Samsonoff : l'aspect financier, il souhaite ainsi repenser les règles en matière d’équité financière pour les championnats nationaux, en créant un "fair-play financier à la française", et le développement du football féminin.
Concrètement, l'ambition de liste de Pierre Samsonoff est de construire une équipe qui ressemble aux Français et "qui rassemble toutes les familles, qui parle football, qui pense à tous les territoires, à toutes les pratiques, pour construire, ensemble, le football de demain".
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