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Marché noir : les confidences d’un revendeur de billets pendant la Coupe du Monde

REPORTAGE - Patrick* vient de passer un mois à acheter et revendre des tickets de matchs pendant la Coupe du Monde au Qatar. Une activité illégale et risquée, pour laquelle il est obligé d’investir d’importantes sommes, sans garantie d’obtenir une plus-value à la revente.

Un supporter brésilien aux abords du Education city stadium à Doha (illustration)
Crédit : Juan MABROMATA / AFP
REPORTAGE - Les confidences d'un revendeur de billets pendant la Coupe du Monde
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Hugo Amelin
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La petite trentaine d’années, Patrick* se balade dans un quartier huppé de Doha, attendant tranquillement que le poisson vienne mordre à l’hameçon. Derniers tickets électroniques, dernières transactions téléphoniques. A la manière d’un trader version "côté obscur", il vient de vivre un mois de négociations effrénées, avec une prudence maximale, car au Qatar la police est partout.

"L’image que l’on a en France du 'vendeur à la sauvette', c’est un mec avec un chapeau, des drapeaux, et quand la police arrive, il se met à cavaler. Mais ce n’est pas du tout ça. Aujourd’hui les revendeurs de billetterie se sont professionnalisés. Pas avec une structure, parce que ça reste illégal, mais avec une base de contacts : des gens dans les médias, dans le football… Moi par exemple, j’ai un bon contact à la FIFA. L’avantage de cette personne, c’est qu’elle a accès à la billetterie de la Coupe du Monde avant le grand public, grâce à son statut de salariée. Donc par exemple, je lui demande, pour le match Espagne-Allemagne : est-ce que je peux avoir une dizaine de tickets ? Elle me les vend au prix d’achat, au prix standard de la FIFA, et moi je paye ce service. Et à côté de ça, sur le marché officiel, il n’y a plus de places disponibles. Donc, j’essaye de faire un 'petit billet' sur celles que je viens d’acheter".

J’ai un bon contact à la FIFA

Au pied du stade Al Bayt, près de la station de métro, existe une "zone grise" où acheteurs et vendeurs se croisent en chuchotant « ticket, ticket ». La pression du coup d’envoi qui approche fait osciller la côte du précieux sésame. Quand Patrick flaire un client potentiel, il lui demande immédiatement son numéro de téléphone. Pas de "négos" enflammées sur le trottoir, trop visible. Ils vont discuter par messages interposés à 10 mètres l’un de l’autre. 

"Si j’ai payé un ticket 800 euros, j’essaye de le revendre 1000 euros. Je ne marge pas « x 2 ». J’investis de l’argent et je n’ai aucune garantie de revendre ces places. J’ai perdu sur certains matchs, parce que le marché s’est effondré en quelques minutes, soit parce que l’organisateur a remis des places à la vente au dernier moment, soit parce qu’il y a eu une distribution de places gratuites… C’est le jeu, c’est le poker. Parfois on perd, parfois on gagne", témoigne ce revendeur aguerri. 

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Semi-professionnel de ce milieu de la billetterie illégale, originaire d’un quartier populaire du centre-ville de Marseille, Patrick* voyage depuis 10 ans entre le stade Vélodrome et le Parc des Princes, entre le stade Bernabeu de Madrid et celui d’Old Trafford à Manchester. Il aimerait crédibiliser son activité, la faire sortir de l’ombre et s’affranchir enfin des risques de confiscations et de garde à vue. Mais ce ne sera pas pour cette hiver. 

Je n’ai jamais été aussi surveillé que devant les stades du Qatar

"J’ai vendu des tickets dans plusieurs pays d’Europe. Je n’ai jamais été aussi surveillé que devant les stades du Qatar. Certains bénévoles de la FIFA se promènent portables à la main pour nous prendre en photo au moment d’une transaction, puis envoient les images à la police. Les agents de sécurité, les policiers en civils, les drones, les hélicoptères, même des habitants du Qatar collaborent avec la police. Si tu es pris en train de faire un échange 'ticket contre argent liquide', tu pars directement en garde à vue et tu payes une amende qui correspond à trois fois le prix du billet. En cas de récidive, ils peuvent annuler ton visa (Hayya card) et donc t’expulser du pays. Moi je ne me suis jamais fait attrapé ici, mais je n’ai pas de garantie qu’ils vont me laisser passer tranquillement à l’aéroport quand je vais repartir".

Bilan de sa Coupe du Monde ? Comme les Bleus, elle est plutôt réussie. Voyage, hôtel, nourriture et bien sûr tickets VIP pour vibrer lors des meilleurs matchs en tribunes : Patrick* a déjà remboursé son périple au Qatar, soit l’équivalent de 8.000 euros. En attendant d’assister à la finale entre la France et l’Argentine dimanche, il recompte ses billets : avec le bénéfice engrangé, il va aller passer le mois de janvier dans un pays exotique, très loin du fisc français.  
 
*Le prénom a été modifié. 

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