Il vient de faire ses adieux à la Juve et est désormais espéré au Paris Saint-Germain. À 40 ans, le gardien italien Gianluigi Buffon n'a pas dit son dernier mot. Portrait en noir et blanc, bianconero, comme ce maillot de la Juve qui lui colle à la peau.
Le gamin qui rêvait de devenir une légende est aujourd'hui champion du monde, 9 fois champion d'Italie et peut-être le meilleur gardien du monde - en tout cas le plus cher. Buffon, c'est d'abord un physique. Une belle gueule d'Italien aux yeux bleus, une grande carcasse d'1,91 mètre, et des mains pleines de doigts, héritage de son père.
C'est aussi un instinct presque magique... Le "truc", c'est qu'il n'a pas été formé. Gardien, ça lui est venu un jour en regardant jouer le camerounais Thomas N'kono, son idole. Vocation tardive mais ascension éclair, à Parme puis à Turin. La Juve, une grande et belle histoire d'amour de 17 ans. Buffon, ce grand sentimental, lui reste fidèle, même quand le club est relégué sur tapis vert.
Buffon, c'est un turbulent qui flirte avec les limites de l'acceptable. Tout jeune, il exhibe sur le terrain un t-shirt portant la phrase "Boia chi molla" - "mort aux lâches". Il le jure, il ne savait pas que c'était de Mussolini. Il récidive en 2000 avec un maillot floqué 88, ce chiffre qui fait référence à Hitler. Là aussi, il plaide l'ignorance. De fait, Buffon raciste, ça ne tient pas.
Mais sa vraie faiblesse est ailleurs : Gianluigi Buffon est un joueur invétéré, pris ses grands doigts dans le pot de confiture en 2012, il est accusé d'avoir joué près d'un million d'euros en paris sportifs. Il parle d'un divertissement, mais un proche rectifie : c'est une maladie. Selon une ex, il flambe jusqu'à 2 millions d'euros par an. On comprend mieux pourquoi il ne dit pas non au PSG.
En fait Buffon, est insaisissable. Sur le terrain, il est ce capitaine excentrique qui assume son rôle de bouffon, comme si son nom commandait son destin... Mais le gardien est un solitaire, un garçon réservé et même tourmenté, qui a connu la dépression en 2004. Il en est sorti grâce à une expo de Chagall qui l'a fasciné.
Buffon s'est mis à lire, à suivre l'actualité, s'est essayé à la programmation neurolinguistique, et s'est même fendu d'un discours d'un quart d'heure sur le relativisme devant le cercle philologique de Milan. Fair-play à mort, l'Italien pur jus applaudit la Marseillaise quand elle est sifflée. Classe et élégance aussi dans sa lettre d'adieu à la Juve après "6.111 jours de passion". Noir et blanc, Gigi Buffon, mais avec 50 nuances de gris.