Euro 2016. Allemagne-France : Deschamps doit oser le 4-2-3-1
DÉCRYPTAGE - L'équipe de France affrontera l'Allemagne en demi-finale de l'Euro 2016, avec la possibilité d'offrir une opposition relevée et joueuse, pour peu que Didier Deschamps en prenne le risque.
Marquer 5 buts, se procurer des occasions et faire le spectacle devant un stade plein. L'équipe de France a fourni un match quasiment plein face à l'Islande. L'occasion de valider les choix payants de Didier Deschamps, cette fois dès le début du match, avec les bons éléments positionnés à des postes où ils sont à l'aise. Dominée, l'Islande n'a pas résisté à l'intensité française et son à talent. De quoi être satisfait et vouloir revoir les troupes tricolores dans la même configuration face à l'Allemagne, en demi-finale.
Face à l'ogre champion du monde, à sa maîtrise et à sa puissance, les Bleus pourraient choisir de ne pas attendre ni de trop subir, et offrir une opposition joueuse, musclée et audacieuse. Après des matches couperets joués avec les freins à main en 2012 et 2014, Didier Deschamps pourrait définitivement entériner la nature joueuse et portée vers l'avant de cette équipe. D'autant que sa défense est moyenne.
Oser enfin dans un match couperet
Jouer l'Allemagne avec une équipe offensive, des joueurs techniques et l'affronter les yeux dans les yeux, la France a su le faire, notamment en 1982 lors d'un match certes perdu mais devenu épique. Jeudi 7 juillet, Didier Deschamps osera-t-il aligner son 4-2-3-1 modulable en 4-4-2 face aux Allemands ? Sans la fameuse sentinelle devant la défense, avec Sissoko en renfort défensif à la perte du ballon et un Griezmann libre en attaque de distiller ses inspirations. Ce serait certes une prise de risque mais elle correspondrait tellement aux joueurs de l'équipe de France. Portés vers l'avant et doués offensivement, ils peuvent poser de sérieux problèmes à l'arrière-garde allemande.
Avec Griezmann en avaleur d'espaces, Sissoko à l'abattage défensif et offensif, Payet à la baguette, Giroud comme fixation sur la transition et pour peser sur les défenses, Pogba pour assurer une relance 5 étoiles, la France a de quoi séduire et déstabiliser l'Allemagne... à condition de l'assumer. Il faudra vouloir prendre des risques car l'histoire récente a montré que les calculs d'épiciers ne sont pas payants, notamment en 2014 où une France trop timorée n'a pas vraiment inquiété une Allemagne future championne du monde.
Affronter l'Allemagne en conquérants
Les équipes qui ont bousculé l'Allemagne sont celles qui lui ont imposé un défi, celui de défendre et de subir un pressing. L'Italie a su le faire en verrouillant les circuits de passes préférentiels. Une équipe comme le Barça n'est par exemple jamais aussi mal à l'aise que lorsqu'elle est agressée, pressée et poussée à la faute. Il en va de même pour l'Allemagne. Avec des joueurs comme Giroud, Griezmann, Sissoko et Matuidi, les Bleus ont des marathoniens capables de multiplier des efforts mais aussi de se projeter vite vers l'avant à la récupération de balle. Tous les joueurs offensifs français sont calibrés pour avoir un jeu de pressing et de profondeur.
Revenir à un schéma plus conventionnel, qui n'a pas fonctionné jusqu'ici, briderait certains joueurs (Griezmann par exemple) et représenterait encore une fois la peur de l'échec et de l'adversaire. En 2012, face à une Espagne dominatrice, Laurent Blanc avait aligné Réveillière et Debuchy sur l'aile droite, soit deux latéraux défensifs pour contrer le côté gauche adverse. Avec une équipe reculée et qui n'a pas eu d'opportunités, les Bleus sont morts sans combattre. En 2014, les Bleus ont subi sans vraiment aller chercher leur dernier carré mondial. Avec plus de talent et de maturité, il est temps de prendre le risque d'aller marquer l'histoire.
