Il est un aiguilleur. Philippe Tournon, ancien journaliste à L'Équipe, est le chef de presse historique des Bleus. En place depuis 1983, hormis une pause entre 2004 et 2010, il va connaître avec l'Euro 2016 une dernière compétition avec les Bleus. "Je suis là pour faire cohabiter professionnellement deux populations qui ne vont pas spontanément l'un vers l'autre", décrit-il.
Il a quitté l'équipe de France en 2004 et l'a retrouvé en 2010 avec Laurent Blanc en tant que sélectionneur. Six années qui ont marqué un tournant dans le football professionnel et la gestion de l'image des sportifs. "J'ai découvert une autre planète ! Les réseaux sociaux sont apparus, internet avait fait ses ravages, c'est une espèce de traque qui n'existait pas et qui n'a fait que croître depuis", estime-t-il.
Fabien Barthez, le seul qui un matin de match m'a demandé contre qui on jouait le soir
Philippe Tournon
Son plus beau souvenir est partagé avec de nombreux autres citoyens français : le moment où Didier Deschamps soulève la Coupe du Monde en 1998. "Là j'ai fait le plein d'images fortes pour le restant de ma vie", savoure-t-il. Le pire n'est pas plus original : le terrible France-Bulgarie qui prive la France de coupe du Monde 1994.
Philippe Tournon se souvient surtout des personnages qui l'ont marqué. Il décrit un Éric Cantona rêveur, et a été marqué par la particularité des gardiens : "C'est une petite caste, juge-t-il. Joël Bats écrivait des poèmes et partait à la cueillette des champignons dans les bois de Clairefontaine, Fabien Barthez, le seul qui un matin de match me demande contre qui on jouait le soir."
Il n'officiait pas lors de la tristement célèbre "grève du bus" de Knysna lors de la coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, mais pense tout de même qu'il aurait fait certaines choses différemment dans la gestion d ela communication. "La seule chose que je peux affirmer c'est que je n'aurai pas laissé Raymond Domenech lire le communiqué. Mais je pense que ça n'aurait pas changé grand chose fondamentalement. Ils ne seraient pas sortis du bus pour autant".