ÉDITO - Coupe du monde 2022 : pourquoi je vais regarder les matchs

Le moment de passer aux aveux. C’est difficile de se lancer, mais je ne peux pas vivre plus longtemps avec mon secret : j’ai quand même envie de regarder la Coupe du monde de football. 

Le Qatar refuse d’indemniser les familles des esclaves modernes morts sur les chantiers, c’est une honte. Je ne veux rater ni Espagne-Allemagne, ni Portugal-Uruguay. L’organiser là-bas, c’est scandaleux. Les conditions humaines et environnementales ? C’est une double mascarade, je suis d’accord. Mais je veux quand même boire une bière devant Corée du Sud-Ghana.

Je veux me planquer dans une salle de réunion avec mon téléphone parce que Tunisie-France commence à 16 heures, peut-être même acheter un album Panini en faisant croire qu’il est pour mon fils.

Pour oublier le reste

En fait, je voudrais un peu oublier que c’est la guerre, qu’on a plus de quoi se chauffer, qu’il fait nuit à l’heure du goûter, qu’il y a quelque chose de pourri au royaume des hommes et du ballon.

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Je sais, c’est l’abrutissement des masses, mais je suis volontaire, je veux monter le son pour les hymnes, me demander ce qui se serait passé si Baggio n'avait pas tiré au-dessus en finale en 1994, ou pourquoi je ne suis pas devenu commentateur sportif.

Bref, même si ça fait de moi un beauf, un sans conscience, je veux me dire que tous les quatre ans, pendant trois semaines, j’ai le droit d’avoir 10 ans à nouveau et d’oublier le reste. Un point, c'est tout.

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