Mort de Denis Lathoud : un joueur de légende du handball "écouté et respecté par tous les autres"

Le handballeur Denis Lathoud est décédé dans la nuit de samedi 21 au dimanche 22 juin 2025, à l'âge de 59 ans. Celui-ci s'est battu avant de perdre face à une leucémie foudroyante.

Les "Barjots" seront à jamais les premiers parce qu'avant les footballeurs en 1998, il y a eu les handballeurs champions du monde en 1995. C'était le premier titre planétaire pour la France en sport collectif, une victoire qui doit beaucoup à Denis Lathoud, alias "le Grand", du haut de ses 198 centimètres.

Celui-ci excellait sur le terrain bien sûr, comme les autres, mais surtout hors du terrain, et là, comme personne. Parce qu'en 1995, au début de ce mondial en Islande, les Barjots sont une équipe, mais certainement pas une bande de potes. Il y a des clans, des clashs et "beaucoup d’ego au mètre carré", disait Lathoud.  

Un tact sans égal pour rassembler son équipe

"Il fallait rectifier le tir, parce que tu peux avoir les meilleurs musiciens du monde, si tu en as un qui joue du Berlioz, l'autre du Beethoven, un autre du Mozart, ça ne va pas le faire", assurait le joueur cité notamment par l'Équipe. Alors, il les réunit tous, dans leur endroit préféré, après le terrain : le bistrot. En l'occurrence, un café dans un petit port de pêche près de Reykjavik. Pendant plus d’une heure, les gars se disent leurs quatre vérités." Après ça", disait Lathoud, "tout le monde a tiré dans le même sens". 

Par la suite, les Bleus pulvérisent tout sur leur passage, ils battent la Croatie en finale et remportent le Mondial. C’est le début de trente ans de domination tricolore sur le handball mondial.

"Denis était le seul à pouvoir faire ça", dit notamment l'entraîneur Daniel Costantini dans Le Parisien, assurant que le joueur "était écouté et respecté par tous les autres". Jackson Richardson, autre handballeur français légendaire, renchérit en affirmant que "Denis, c'était notre grand frère, il avait cette facilité de bonifier un groupe. Il disait toujours : "les gars, on est une équipe !".

Dennis Lathoud, connu pour son sens du collectif, était le fils unique d'une fille mère, élevé en grande partie par sa grand-mère. L'Équipe explique d'ailleurs qu'un jour, il lui avait lancé : "T'inquiète mémé, Denis Lathoud champion du monde !". C'était en 1970, il avait quatre ans, et à l'époque, il jouait au foot, mais comme on dit, il avait les pieds carrés. Alors qu'une balle en main, c'était un arrière de génie.

Un fêtard légendaire

L'ancien capitaine Philippe Gardent le confirme, "niveau sens de la fête, Denis était au-dessus du lot. On l'aimait pour ça, on l'aimait comme ça. Même si c'était trop, mais tu avais beau lui dire, il n'en avait rien à foutre". Parce que oui, Lathoud, était l'homme de tous les excès, dans cette équipe de cinglés, il n'était pas le dernier pour la bamboche. La preuve ? Il y a 30 ans, après le sacre, il avait acheté deux bouteilles de vin à l’aéroport, des grands crus, le genre de vin que l'on fait vieillir. 

Il voulait les ouvrir quand ses deux enfants seraient majeurs. Il se voyait déjà leur dire :  "Les enfants, regardez, j’ai acheté ces vins quand je suis devenu champion du monde". La vérité ? Moins d'une heure après, les bouteilles étaient débouchées et les gosses n’en ont jamais vu la couleur. Voilà qui était "le Grand", grande carcasse, grand bringueur. "On s'attendait toujours à ce qu'il tombe, mais il ne tombait jamais", dit le président de la Fédération de Handball, "et là, il est tombé".