Il n'est jamais satisfait. C'est sans doute ce qui a sorti le hand féminin du néant. Passionné, ambitieux, Coach K est une machine à gagner. Il se sent une obligation de réussite, dit le directeur technique Philippe Bana, "et il surinvestit dans tout ce qu'il fait".
Le hand, il est tombé dedans quand il était petit. Parents profs de sport, un grand frère accro au ballon. Premiers dribble comme souvent dans une cour d'école de Metz, en CM1 ou CM2. Devenu grand, l'arrière gauche sera sélectionné neuf fois à l'international mais dès l'âge de 16 ans, il entraîne aussi les cadets, puis les filles de Metz. L'une d'elles est d'ailleurs devenue Madame Krumbholz.
L'aventure avec les Bleues commence en 1998. Bilan: deux titres mondiaux, un titre européen et une palanquée de médailles d'argent et de bronze. À 60 ans, il ne lui manque que l'or olympique.
"C'est un ingérable, il va vous emmerder". Voilà ce qu'on avait dit à Philippe Bana qui confirme : "il avait l'image d'un macho gueulard". Krumbholz le reconnaît : "J'étais dur, cassant, colérique. En fait j'étais too much".
Ça fonctionne un temps, mais après deux campagnes ratées, il est évincé en 2013. Ce sont les taulières des Bleues qui le rappellent trois ans plus tard. Une traversée du désert douloureuse, mais bénéfique. Le coach a fait son autocritique.
C'est un entraîneur assagi et presque philosophe qui reprend les rênes. Un homme plus mesuré, qui lâche un peu la bride, qui sait trouver les mots. "C'est un bon orateur, il sait quoi dire à quel moment, disent les filles. En fait il nous aime".
Oui et on ne parle pas seulement d'intelligence de jeu. Krumbholz a l'intelligence du cœur, c'est bien pour ça qu'il a su se remettre en question. "Dire qu'il a changé est une légende urbaine", dit son ancien adjoint, son management s'est adapté, voilà tout". D'ailleurs le coach n'est pas devenu un GO du Club Med.
"On n'est pas dans un monde de bisounours", dit-il. Discret mais charismatique, ce grand érudit n'est jamais avare d'une citation ou d'un proverbe. "La mousse n'est pas la bière" est l'un de ses préférés. Même si lui, son truc, c'est plutôt le vin, il est assez connaisseur. Bon vivant en général.
Pour cet Euro, il avait promis de s'enfiler "une entrecôte grosse comme ça" si les Bleues arrivaient en demi-finale. Elles ont mangé les Russes mais c'est sûr, Coach K a encore faim.