Tina Turner est morte "paisiblement" mercredi 24 mai à 83 ans, des suites d'une longue maladie, a annoncé son agent. L'occasion de savoir pourquoi elle doit beaucoup à l'Europe. L'Europe, le continent, qui a perdu un de ses joyaux puisque Tina Turner était officiellement suisse depuis 2013. Tina, enfin Anna Mae, son vrai prénom. C’est son mari Ike Turner qui l’avait rebaptisée Tina en référence à Sheena, sorte de Tarzan au féminin, héroïne d’une BD des années 40. Sans doute le côté lionne de Tina, avec cette crinière qui a fait aussi son succès, même si c’était une perruque.
Perruque qu'elle portait depuis les années 60, après une décoloration qui avait mal tourné. Ça l’a beaucoup complexée. Et pourtant, ça ne l’a pas empêchée de rencontrer l’amour, elle qui fut une femme battue, devenue une femme battante. Et là encore, merci l’Europe et merci l’Allemagne, le pays d’origine de son dernier mari, Erwin Bach. Elle l’a rencontré en 1985, lors d’une tournée. Il travaillait pour sa maison de disques et avait été chargé de l’accueillir à Francfort. Et quel accueil puisqu’il lui offre en guise de cadeau une Mercedes. Mais Tina, ce n'est pas la voiture qui l’intéresse, mais le garçon 16 ans plus jeune qu’elle. Le coup de foudre aboutit à un mariage en 2013. Durée de la cérémonie : 2 semaines.
Trois mois après le mariage, Tina fait un AVC. 3 ans plus tard, elle développe un cancer de l’intestin. Conjugué à de l’hypertension que, reconvertie au bouddhisme, elle soigne à l’aide de médecine parallèle et de l’homéopathie. Elle ne soigne donc rien. En résulte une insuffisance rénale lourde. Elle pense au suicide assisté, possible en Suisse, elle le prépare même, mais Erwin refuse. Preuve ultime d’amour, en 2017, après lui avoir donné son cœur, il lui offre un rein. Par chance, pour les greffes aussi, ils sont compatibles. Tina survit. Une nouvelle fois. Car musicalement, c’est aussi l’Europe qui l’a sauvée.
Au fond du trou artistique dans les années 80, c’est l’Angleterre qui l’a relancée. Grâce à deux chansons, deux reprises. La première, que Tina détestait au passage, signée Bucks Fizz, groupe vainqueur de l’Eurovision en 1981 : What’s love got to do with it.
Et la deuxième, une reprise de celle qui au niveau capillaire n’avait rien à lui envier : Bonnie Tyler : The Best. Et la meilleure, Tina l’est devenue en 1988 en établissant un record qui tient toujours : celui du concert payant avec le plus de public : 180.000 personnes à Rio de Janeiro dans le mythique stade du Maracana. Monumental comme la carrière de Tina Turner.