Coronavirus : Julien Doré, Hoshi, Grand Corps Malade... Pourquoi ces artistes lancent des "meetings"
Avec l'interdiction des concerts avec beaucoup de public et debout mais le maintien des meetings de campagne, certains artistes ont fait le choix de l'ironie.
C'est un "deux poids, deux mesures" qui ne passe pas auprès des artistes. "Pour freiner le variant Omicron" qui alimente la hausse des contaminations au Covid-19, le Premier ministre Jean Castex a annoncé lundi 27 décembre 2021 le retour des jauges, fixées à 2.000 personnes maximum en intérieur et 5.000 en extérieur. Les concerts debout eux, ont été tout bonnement interdits. Mais les meetings politiques, protégés par une décision du conseil constitutionnel, pourront bien avoir lieu. Pourtant, d'un point de vue sanitaire, la situation du public sera très semblable. C'est le grand retour d'une distinction entre les activités essentielles et non-essentielles que l'on avait presque oubliée... et que les monde de la culture ne supporte plus.
Maniant une ironie certaine, plusieurs artistes ont partagé des affiches de leurs tournées désormais en danger en rayant le mot "concert" et en le replaçant par celui de "meeting". "C’est notre projet", tacle Julien Doré sur Instagram par exemple en faisant référence à l'une des incantations cultes d'Emmanuel Macron pendant un de ses meetings lors de la précédente campagne présidentielle. Même musique pour Grand Corps Malade qui lance : "Je suis donc candidat (...) tous mes meetings sont maintenus". "JE ME PRÉSENTE EN TANT QUE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE" a aussi tweeté Eddy de Pretto. Idem pour l'humoriste Jarry ou encore la chanteuse Hoshi.
"Nous n'avons pas été consultés !"
"On redevient un secteur interdit, c'est le désespoir de nouveau", a déploré auprès Malika Seguineau du Prodiss (syndicat national du spectacle musical et de variété). Ces mesures, adoptées quelques minutes plus tôt en Conseil des ministres, s'appliqueront "à compter de lundi pour une durée de trois semaines". "On a bien conscience de ce qui se passe avec la crise sanitaire, mais on a joué le jeu du passe sanitaire depuis cet été - et on jouera celui du passe vaccinal - et on a joué le jeu du masque. C'est terrible. Nous n'avons pas été consultés".
"J'échangeais avec des producteurs concernés par des tournées : elles vont être annulées car il n'y a plus aucune disponibilité sur l'année 2022 entre toutes les dates reportées et les nouveaux spectacles", a-t-elle ajouté. Le secteur du spectacle vivant dans les musiques actuelles croyait avoir fourni des garanties avec le concert test d'Indochine au printemps dernier. La présence "à un concert n'a pas été associée à un sur-risque de transmission du (Covid-19) lors d'un concert en configuration debout, sans distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique négatif dans une salle fermée", avait précisé à l'époque l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Ce concert avait eu lieu avant la flambée de l'épidémie provoquée par les variants Delta et Omicron.
"On avait prouvé qu'on ne prenait pas plus de risque en venant chez nous qu'en prenant le métro", a insisté Malika Seguineau, qui rappelle que les "pertes de chiffre d'affaires du secteur sont estimées à 80-85% en 2021". "Nos entreprises sont fragilisées, souligne-t-elle. On nous dit que ces mesures sont pour trois semaines, mais on n'a aucune certitude". Et de marteler : "Dans notre secteur, on ne redémarre pas en 48 heures, il faut relancer l'intégralité de la machine et réhabituer le spectateur à revenir dans nos lieux". "On espère que les tournées de printemps et les festivals d'été ne seront pas en difficulté. On va vite se retourner vers le ministère de la Culture et le ministère à Bercy pour réactiver les mesures de soutien", conclut-elle.
