Treize prévenus issus du groupe d'extrême droite "Les Natifs", âgés de 20 à 31 ans, sont attendus ce mercredi 4 juin 2025, devant le tribunal correctionnel de Paris. Le 9 mars 2024, le groupuscule avait déployé sur les bords de Seine, une banderole dénonçant une possible prestation de la chanteuse franco-malienne à la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques, le 26 juillet 2024.
"Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako", avaient écrit les militants poursuivis pour injure publique en raison de la prétendue origine, ethnie, race ou religion. Interrogés par l'AFP en avril 2024, Stanislas, 24 ans, Gabriel, 25 ans et Marie, 22 ans, sont trois jeunes et membres du groupe comptant une cinquantaine de jeunes militants actifs au total.
Cercles de lecture, sport, boxe anglaise, action politique, ce groupe suivi par plus de 10.000 abonnés sur Instagram et 18.000 sur X (ex-Twitter) revendique une vie communautaire. Gabriel présente un mouvement à la triple identité : "civilisationnelle, européen, nationale, français, et locale-régionale, Paris".
La lutte contre le "grand remplacement", théorie complotiste sur la prétendue substitution des populations européennes par des immigrés non-européens, est "la mère de toutes les batailles", assène le jeune homme qui travaille dans la finance. La filiation avec GI, groupe d'ultradroite médiatisé par des actions anti-immigrés et contre l'Islam, dissous en 2021, est revendiquée.
En février 2025, un message du groupuscule avait été découvert sur la façade de la compagnie Air Algérie : "Remigrez léger! Depuis la France vers l'Algérie. Pour un aller sans retour", pouvait-on y lire. Les "Natifs" s'étaient aussi illustrés en mars 2025, en investissant la basilique Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, et protestant contre une exposition comprenant des portraits de femmes voilées.
Cette stratégie d'agit-prop (agitation propagande), a déjà été éprouvée par les écologistes de Greenpeace, dont les Natifs disent s'inspirer, malgré le fossé idéologique les séparant. L'objectif des identitaires, des "tout petits groupes", à l'instar des Natifs et leur banderole raciste s'en prenant à Aya Nakamura, est de "provoquer des réactions massives et donc choquer l'opinion publique pour qu'on n'ait pas d'autre choix que de parler d'eux", analyse Marion Jacquet-Vaillant.
C'est désormais devant le tribunal que les militants, dont Marie et Stanislas, vont devoir répondre. "On sert une cause qui nous dépasse", assure la première, quand le second invoque la "liberté d'expression" et met au défi de "prouver" tout message "raciste".
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