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Le plongeur Jacques Mayol à Marseille en novembre 1983
Crédit : AFP / Gérard Fouet
Jacques Mayol, six ans, découvre le mystère des profondeurs. Avec son frère Pierre, il est fasciné par le ballet aquatique des plongeuses japonaises. Ces femmes, les Ama comme on les appelle, qui en apnée, sans aucune bouteille d'oxygène, lestées d'un lourd panier d'osier, vont cueillir à quelques mètres de profondeur des oursins, des coquillages et des petites pieuvres... Jacques apprend alors qu'on peut respirer sous l'eau, y rester longtemps, y faire son marché de poissons scintillants et de petits galets. Au Japon, il avait aperçu son premier dauphin dans les grottes de Karatsu. Il racontera en avoir suivi un autre du regard, sur le paquebot ramenant la famille de Chine en France. "Mon cœur s'est mis à battre très fort, j'étais curieux, captivé, j'aurais voulu le toucher" dira t-il. La plage de l'hôtel Azumaya restera à jamais le lieu où tout s'est décidé. Il y retournera quarante ans plus tard, en 1971, à la recherche du temps perdu, sur les traces d'une enfance qui allait faire de lui le roi des plongeurs.
Alors que la rumeur de la guerre se
fait entendre, Jacques Mayol rentre en France, à Marseille. Pas vraiment
d'école en ces années troublées... Il préfère traîner sur la plage de la pointe
Rouge et embarquer avec les pêcheurs du coin. Le cadet des Mayol passe
le plus clair de son temps dans les rochers des îles du Frioul, au Cap Canaille
ou dans la calanque de Sormiou. Il plonge et sait rester sous l'eau bien
plus longtemps que tous ses camarades. On dit déjà de lui qu'il a un troisième
poumon. Il chasse le mérou, le visage recouvert d'un masque taillé dans une
chambre à air de camion, le bras armé d'une arbalète qu'il a
fabriquée. Jacques Mayol est un adolescent qui n'a déjà plus les pieds
sur terre. "Je n'avais que la mer en tête", dira Mayol.
En ces années cinquante, Jacques
Mayol arpente ainsi la Scandinavie. Au Danemark, près de Copenhague, il a
rencontré une jeune fille de son âge, fine, menue et très jolie. Elle
s'appelle Vibeke Boje Wadsholt, mais tout le monde l'appelle Vickie. Le
bourlingueur n'a pas d'emploi stable, pas d'adresse, mais il se marie. La
petite famille s'agrandit rapidement. Deux enfants voient le jour. Une fille,
prénommée Dottie, et son petit frère, Jean-Jacques, qui, adulte, ressemblera
étrangement à son père, semblable à lui comme deux gouttes d'eau. Les
parents Mayol sont jeunes, complètement insouciants, bohèmes et
aventuriers. Du jour au lendemain, ils rassemblent leurs économies et partent
de l'autre côté de l'Atlantique, jusqu'à Miami, en Floride.
Jacques Mayol, la trentaine, mène une vie de playboy itinérant. Il apparaît fugitivement ici et là au gré de ses rencontres. Un fantôme insaisissable... Mayol est un personnage libre et audacieux qui semble tout droit sorti des aventures du Capitaine Fracasse. A Fort Lauderdale, en Floride, il embarque avec de nouveaux amis à bord d'un rafiot à la chasse aux trésors engloutis. Il plonge et visite les épaves de galions espagnols et de bateaux de commerce anglais. On le retrouve ensuite aux îles Turks et Caïques, au large de Cuba. Ici, pour de riches Américains, il pêche la langouste à mains nues, avec un simple masque et un tuba. Mayol sera même chercheur d'or en Californie. Un magazine dresse alors un portrait de ce baroudeur sans passé ni futur. Le journal mentionne que ce Mayol aime trois choses : "La mer, les femmes et l'aventure"
Côté femmes, Jacques Mayol a tout de Casanova. C'est l'une d'entre elles qui l'a invité à Hollywood. Avec son physique avantageux, il s'est vite accoutumé aux usages locaux, les piscines de Bel Air, le voisinage des starlettes et même les plus belles actrices. Il a su séduire l'une des plus remuantes du moment, la blonde Zsa Zsa Gabor, qui aura comme amants - entre autres, Frank Sinatra et Sean Connery-. Jacques Mayol, costume blanc impeccable et cheveux gominés sera pendant quelques semaines le chauffeur attitré de l'extravagante Zsa Zsa Gabor. Difficile de savoir si ce passage à Hollywood déterminera sa très éphémère carrière de réalisateur. Un seul film, et un film érotique. Sous le pseudonyme de Philip Ronald, il signera en 1977 un très déshabillé long métrage : Lure of The Triangle, Piège dans le Triangle. Un scénario minimaliste, à savoir les culbutes sous marines de deux hommes et d'une femme, dans les eaux turquoise du Triangle des Bermudes.
Jean-Marc Barr et Jean-Alphonse Richard
Crédit : Marie Bossard
Jean-Marc Barr, acteur et interprète de Jacques Mayol dans le film "Le Grand Bleu" de Luc Besson.
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