Isabelle Morini-Bosc : "Laurent Ruquier ne fait pas de cinéma, mais il en parle bien"

Autant l'avouer, j'aime beaucoup les "saillies" de Laurent Ruquier. Mais attention, rien d'inavouable dans cet aveu, si je puis me permettre. Je désigne simplement par ce terme le goût que notre auteur-animateur-producteur a pour les mots d'esprit... Il prouve en effet chaque jour son savoir-faire sans devoir le faire savoir, que ce soit dans Les Grosses Têtes, au théâtre avec sa nouvelle pièce À droite à gauche, ou ce soir dès 20h55 sur France 2 dans sa reprise de Mardi Cinéma.

Il n'est d'ailleurs pas nécessaire de tout aimer pour bien aimer : il m'est ainsi impossible de regarder jusqu'au bout son hebdomadaire On n'est pas couché, que j'abandonne dès que je repère une fiction sur la grille (c'est en somme la loi des séries !). Mais en quoi cela m'empêche-t-il d'apprécier ses dons de créateur ? Le mot "don" me ramène d'ailleurs justement à mon intention de départ, qui était en fait de le féliciter pour cette "nouvelle mouture" réussie de Mardi Cinéma.

"Mardi Cinéma" version boutades et jeux de mots

Une version qui lui permet d'accueillir tous les "professionnels de la profession" assurant l'actualité cinématographique du mois, parmi lesquels Dany Boon, venu (aussi) pour son prochain film, Radin. Il y incarne donc un avare, un pingre, un rapiat, et cette "particularité" permet à Laurent Ruquier d'enchaîner boutades et bons mots, parmi lesquels - j'y arrive - cette jolie phrase : "Être radin à ce point c'est un don mais un don, pour un radin, c'est ce qu'il y a de pire."

Même sens de la formule pour présenter les 3 principales "stars" de L'Odyssée, le film retraçant l'aventure de Cousteau et de sa famille; Ruquier résume par un lapidaire "le père, le fils, la mer". Et s'il ne fait pas de cinéma, il en parle bien. Mais pour intéressants que soient ses "lancements", ils ne constituent pas le seul intérêt de ce "magazine du grand écran", de retour sur "le petit" (d'écran) après 28 ans de "cessation d'activité". Les invités jouent le jeu à tous les sens du terme : vifs, vivants, pertinents, impertinents, passionnés, passionnants.

Une émission de "non-nostalgie"

L'excellent producteur Philippe Thuilllier l'a constaté, "ce sont des joyeux, ce sont des joyaux" qui se mettent respectivement en valeur, saisissent la balle au bond, et se la renvoient en riant. Ce soir, ce sont tous des Karabatik...dans une émission riche en extraits, en coulisses, en surprises, et en "non-nostalgie". Lambert Wilson raconte tout de même que, lors de son passage à Mardi Cinéma, Pierre Tchernia l'avait autrefois appelé Christophe Lambert... Quant aux anciens du film Un éléphant ça trompe énormément, ils évoquent leur tournage en 1976, notamment un Claude Brasseur en super forme, au point que Bedos lâche brusquement, mi-figue-mi-raison "Il va parler comme ça toute la soirée ?"

Allez, le "secret "défense" est levé depuis longtemps ! Qu'ajouter ? Que l'on souhaite malgré tout bonne chance à cette soirée-ciné qui va en avoir besoin. Pourquoi ? Mais parce qu'elle est coincée entre Blindspot sur TF1 et une rediffusion peu connue de Capitaine Marleau sur France 3. Or, ces deux polars ont concentré à eux seuls 9.826.000 curieux mardi dernier, 42 % du public TV global. Faire une "grosse audience" semble dans ce cas aussi facile que de vider la Mer Morte avec une fourchette. Mais courage Laurent, on le rappelle, "il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer !"