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Gérard de Villiers : un destin dans l'ombre des services secrets

PODCAST - Gérard de Villiers n'a jamais été l'auteur à succès de SAS. Cette seule vie ne lui suffisait pas. Il emprunta donc celle des autres, baroudeur, espion, séducteur... Et devint tous ces personnages à la fois. Quitte à se fabriquer un destin sur mesure où le mensonge serait érigé en oeuvre d'art.

Gérard de Villiers le 28 septembre 2007 à Paris

Crédit : AFP / Archives, Patrick Kovarik

Gérard de Villiers : un destin dans l'ombre des services secrets

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Jean-Alphonse Richard & Marie Bossard

Jacques Gérard Marie Brice est né à Paris le 8 décembre 1929. Quatre prénoms mais aucun nom inscrit à l'Etat Civil. Fils du comédien Jacques Deval, 34 ans, et à l'époque aussi célèbre que Sacha Guitry, et de Valentine Adam de Villiers, 37 ans, aristocrate désargentée. Elle, n'est pas mariée et n'a pas voulu le reconnaître. Elle lui donnera son nom seulement trois ans plus tard. Ce fils s'appellera alors Gérard Adam de Villiers, pas encore entré dans la vie et déjà né deux fois. Gérard de Villiers va ainsi passer le reste de son existence à naître et à renaître, histoire de fuir en premier lieu cette enfance pauvre qui fait de lui un exclu. "Je me sentais seul dans un monde hostile. Pour échapper à cette réalité, je rêvais beaucoup. Je me racontais des histoires" dira t-il.


Gérard de Villiers sera journaliste. Le journal Paris Jour - alors concurrent du tout puissant France Soir - remarque ce garçon sûr de lui et qui n'a peur de rien. On l'envoie en Tunisie pour un grand reportage sur la fin de la colonisation. Sans savoir que ce voyage va lui donner un avant-goût des services secrets. Sur le point d'embarquer, il est reçu au ministère de la Défense, qui lui propose de profiter de son séjour pour ramener des informations sur un groupuscule anti-indépendantiste : la Main Rouge.

Flatté et honoré, le jeune de Villiers accepte, au nom de la France, de jouer les espions. La Main Rouge le démasquera et essaiera de l'assassiner. Il rentrera entier, in extremis, à Paris. "J'étais fasciné par les services secrets, c'est à ce moment là que s'est décidée ma future carrière de chroniqueur du monde parallèle", dira Gérard de Villiers. Il figurera un jour sur la liste des "honorables correspondants" des services français, ces hommes et femmes qui, à la faveur d'un voyage, glanent ça et là des informations. 

Une reconnaissance qui tarde

En cet été 1964, Gérard de Viliers, 35 ans, voit disparaître Ian Fleming, le père de James Bond. L'écrivain commençait à avoir des millions de lecteurs et son héros, 007, venait de triompher au cinéma. Les romans d'espionnage sont une mine de diamants et la place est à prendre. L'éditeur Plon cherche un héritier à Fleming et voit en ce De Villiers, capable d'inventer n'importe quelle histoire, l'homme idéal.

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La proposition amuse le reporter qui imagine aussi son personnage. Un savant mélange de trois de ses rencontres : un marchand d'armes autrichien, un baron allemand aimant les femmes et engloutissant sa fortune dans le château familial, et le majordome d'Hitler, rencontré pour une interview, un certain Heinz Linge. Le héros s'appellera Malko Linge, aristocrate autrichien réfugié dans sa forteresse. Espion lié à la CIA américaine, entièrement dévoué à la lutte contre les communistes. Séducteur aux yeux d'or, mais aussi brute épaisse. Son Altesse Sérénissime, SAS. Le prince Malko, connaît immédiatement le succès. SAS à Istanbul, le tout premier des 200 SAS édités, se vend à plus de 20.000 exemplaires.

Avec des ventes atteignant les 100.000 exemplaires par numéro, Gérard de Villiers peut parader. Il gagne beaucoup d'argent après avoir trouvé la recette du succès. Mais malgré cette réussite, la reconnaissance n'est pas au rendez-vous. Trop sulfureux, trop extrémiste, trop à droite, trop solitaire... Enfant, il était déjà exclu, il le reste, mais plutôt mourir qu'avouer son amertume et sa frustration. Il faudra qu'il attende longtemps, presque arrivé à sa dernière heure, pour goûter, enfin, à la consécration et aux honneurs.

L'invité "Confidentiel"

Benoit Franquebalme, auteur du livre "Gérard de Villiers, son altesse sérénissime" aux éditions Plon.

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