Il est 8h50, ce mardi de septembre 2001. Le ciel de Manhattan est d'un bleu immaculé, la lumière dorée, lorsque les télévisions montrent les premières images d'un incendie en haut d'une des tours du World Trade Center, à New York. "Une fumée intense", raconte en direct une témoin, "un grand boum et une boule de feu". Elle se demande si c'est une bombe ou un avion : "Est-ce un accident ?".
Et à 9h03, quand tout le monde est devant son écran, deuxième avion, deuxième tour. "Oh mon Dieu !", murmure la journaliste. Direction Washington, où un autre avion vient de frapper le Pentagone. Mais New York reprend l'antenne aussitôt : une tour vient de s'effondrer.
L'ambassadeur de France observe tout cela depuis la capitale fédérale, dont le ciel s'est teinté de gris avec la fumée. François Bujon de l'Estang envoie un premier télégramme au quai d'Orsay. Il s'appelle "America under attack" ("L'Amérique attaquée").
Tout de suite, il compare le choc à Pearl Harbor en 1941, l'unique attaque étrangère sur le sol américain, un Pearl Harbor terroriste. Mais cette fois-ci, ça ne se passe pas au milieu du Pacifique. C'est bien le cœur de l'Amérique qui est visé. "Les symboles de la puissance américaine", notent immédiatement François Bujon de l'Étang, "le World Trade Center" et le "Pentagone", la finance et la défense.
Le choc psychologique est considérable. Cette attaque sera inévitablement perçue comme une réaction à la politique de l'administration Bush au Proche et Moyen-Orient, alors même que Washington recevait "de nombreux avertissements sur les risques liés à ces choix", rappelle le diplomate.
Le soir, le président Bush s'adresse à la nation meurtrie et commence avec la même formule que le télégramme diplomatique français : "America under attack" ("L'Amérique attaquée"). "Nous sommes unis pour gagner la guerre contre le terrorisme", prévient le président.
Ce n'est pas un crime, c'est une guerre. La constatation est dans tous les esprits"
François Buson de l'Estang, ambassadeur de France, le 12 septembre 2001.
Le lendemain, deuxième télégramme de l'ambassadeur de France : "Ce
n'est pas un crime, c'est une guerre. La constatation est dans tous les
esprits", note François Bujon de l'Étang. Il décrit le sentiment nouveau
d'impuissance qui rattrape les Américains face à une menace qu'ils ne
connaissent pas et ne comprennent pas. Le territoire américain est désormais
hautement vulnérable.
"Et si c'est une guerre ?" écrit l'ambassadeur de France. Comment la
mener ? La gagner ? La conclure ?. Il n'imagine pas encore l'invasion de l'Irak 18 mois plus tard. Et pourtant, il anticipe déjà son échec en écrivant que "la
destruction, la capitulation et l'occupation d'États ennemis relève d'un mode
inadapté pour répondre à cette menace nouvelle".
Huit jours plus tard, devant le Congrès, le président Bush confirme
ce qu'écrivait l'ambassadeur de France dans ce télégramme au Quai d'Orsay : "La guerre contre le terrorisme commence avec al-Qaïda, mais elle ne s'arrêtera pas là".
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte