Vlad l'Empaleur : l'histoire de ce prince sadique qui a inspiré le personnage de Dracula

Il a inspiré le célèbre personnage du vampire Dracula, créé par l'écrivain irlandais Bram Stoker à la fin du XIXe siècle. Vlad III est plus connu sous le surnom de Vlad l'Empaleur. À la fin du Moyen-Âge, au fin fond de la Roumanie, ce prince a fait régner la terreur sur le petit état de la Valachie. 

Pendant son règne, il a été sadique, paranoïaque, mégalomane et obsédé par le pouvoir. Il a torturé sans ménagement ses nombreux ennemis : lapidation, noyade, pendaison, étranglement, décapitation et empalement... 

Vlad, c'est le diable par excellence, l'incarnation de l'antéchrist. Une légende noire émane de ce prince cruel qui adore tellement l'hémoglobine : à la fin de sa vie, on dit qu'il a pleuré des larmes de sang. 

Prisonnier des Ottomans à 11 ans

La Valachie, au cœur de la région des Carpathes, est un cadre idéal pour un personnage sinistre comme Vlad. De grandes forêts sombres, avec des montagnes au loin, des châteaux lugubres et de la pluie, sans arrêt. Né en 1431, Vlad est le fils d'une princesse moldave et de Vlad II. On ne sait pas grand-chose de la jeunesse de Vlad, mais elle est pour le moins perturbée. 

Il a 5 ans quand son père devient prince de Valachie. Mais la principauté se fait envahir par l'Empire Ottoman et les plus jeunes fils de Vlad II sont retenus en otage par les Turcs. Dracula, 11 ans, est l'un d'eux. À la cour turque, c'est un prisonnier bien traité. Il étudie, reçoit du courrier, a du personnel à son service. Les Ottomans ne veulent pas maltraiter Vlad, mais au contraire, le préparer à devenir prince de Valachie et placer ainsi sur le trône un homme qui leur sera fidèle. 

Sa bête noire, les Boyards

C'est donc grâce aux Turcs qu'à l'âge de 25 ans, Dracula prend le pouvoir. Très vite, Vlad III utilise la brutalité pour se débarrasser de ses ennemis s'inspirant des terribles châtiments imposés par les Ottomans et qu'il a vus quand il était otage à leur cours. Sa bête noire, ce sont les Boyards, les puissants nobles de Valachie. Pourquoi eux ? Parce qu'ils ont décapité son père et enterré vivant l'un de ses frères, après lui avoir crevé les yeux. Vlad veut se venger de cette clique qu'il suspecte de comploter contre lui. 

À peine arrivé au pouvoir, il élimine 500 boyards d'un coup et brûle leur château. Les autres cibles de Vlad sont les mendiants et les vagabonds. Un jour, il en invite certains dans une grange et y met le feu. Les malheureux se transforment en torches vivantes. Vlad justifiera son crime par ces mots d'un effroyable cynisme : "Sachez que j'ai fait ceci d'abord pour qu'il ne soit plus un fardeau pour les autres et que personne ne soit plus pauvre dans mon pays et pour que tous soient riches. Deuxièmement, je les ai délivrés afin qu'aucun d'entre eux ne souffre plus en ce monde de pauvreté ou de n'importe quelle infirmité".

De multiples techniques de torture

Beaucoup de légendes ont été écrites sur Vlad, difficile de démêler le vrai du faux, mais il ne fait aucun doute que le prince de Valachie était un odieux bonhomme. Ses victimes se font frapper au visage et au niveau des parties intimes, ébouillanter ou arracher les dents, les doigts et les membres. On leur découpe le nez, les oreilles, on les fait frire. Avec Vlad, tous les sévices sont permis : lapidation, noyade, pendaison par les cheveux ou par les pieds, strangulation, décapitation, enterrement vivant. Certains supplices sont particulièrement élaborés. 

Des victimes ont les mains et les pieds attachés à des sangles métalliques. Au milieu, un outil appuie sur leur colonne vertébrale. De l'eau est ensuite versée dans leur bouche. Leur ventre gonfle et leur dos s'enfonce petit à petit dans l'outil pointu qui transperce leur colonne vertébrale. Pour punir les femmes infidèles, on raconte même que Vlad frotte du sel et du vinaigre sur leurs parties intimes ou bien place une souris affamée à l'intérieur de leur vagin.

Mais la peine que Vlad préfère, c'est l'empalement. La victime est couchée par terre, attachée, les bras et les jambes écartés, puis un pal, une sorte de long bâton, est introduit dans son anus. Son corps est ensuite soulevé et le pal l'embroche littéralement. Ce châtiment est fréquent à l'époque, mais Vlad est de loin celui qui va le plus l'utiliser. Il veille à ce que ses ennemis ne meurent pas tout de suite. Sans rentrer dans des détails sordides, la partie pointue du pal est dans le sol et la partie arrondie est en haut. 

Ce qui veut dire qu'au moment de l'empalement, les organes vitaux sont préservés et le pal passe dans la gorge puis dans la bouche, ce qui provoque une mort à la fois atroce mais lente. C'est pour cela que beaucoup de victimes succombent dans d'atroces souffrances deux ou trois jours après le début de l'empalement. Ce n'est d'ailleurs pas forcément le bout des pales qui les achève, mais c'est la faim, la soif ou les vautours qui viennent manger, dévorer les entrailles de ces victimes, voire même piquer leurs yeux. 

Le monstre que toute la Valachie le redoute

Comble de l'horreur, Vlad met en scène les cadavres et les expose au public. Près des églises, il dresse de véritables forêts de pâles et de têtes décapitées. Vlad adore se promener et même organiser des banquets au milieu des corps éventrés en état de putréfaction et même des odeurs insoutenables. Preuve de la frousse que Dracula génère, les moines n'osent pas venir le voir pour lui demander de l'argent, pour subvenir aux besoins de leur monastère ou de leurs églises. 

Dans un rapport publié six ans après l'arrivée de Vlad sur le trône, le pape avance le chiffre de 40.000 personnes assassinées en Valachie. Le prince de Valachie ne supporte pas la moindre remise en cause de son autorité. Quand une ville soutient un prétendant au trône, il fait empaler tout le monde et incendie la cité. 

Pendant des années, il est allié au sultan de l'Empire Ottoman, Mehmed II, mais un jour, convaincu qu'une croisade anti-turc va être lancée par le pape, Vlad décide de ne plus verser la rente régulière qu'il doit aux Ottomans. Mehmet II envoie des diplomates, mais comme seule réponse, Vlad fait clouer les turbans des ambassadeurs sur leur tête, prétextant qu'ils lui ont manqué de respect et qu'ils ne se sont pas découverts pour le saluer. 

Décapité à 45 ans

La guerre est désormais inévitable. Dans une lettre au roi de Hongrie, Vlad est fier d'annoncer qu'il a coupé 24.000 têtes. Comme preuve, il envoie au souverain des sacs de nez et d'oreille découpés. Mais après avoir été tout près de capturer le sultan Mehmed II en juin 1462, Vlad Tepes et ses hommes battent en retraite. L'empaleur est même arrêté en Hongrie. Jeté en prison, il s'occupe en pratiquant la couture et en empalant des souris et des oiseaux. 

Puis, Vlad se marie à sa cousine et ses conditions de détention se détendent un peu. Bien qu'en résidence surveillée, Vlad vit à la cour hongroise. Mais la Valachie lui manque. Il veut se débarrasser des Turcs et récupérer absolument la principauté au profit du roi de Hongrie qui accepte la proposition. Le projet est ambitieux, car l'Empire ottoman est surpuissant. Et en plus, Vlad est en mauvaise santé. En 1476, il monte une armée mais c'est la débandade et l'empaleur tombe dans une embuscade. Il est décapité et meurt à l'âge de 45 ans. La tête de Vlad est envoyée à Constantinople, portée au bout d'une pique, le sultan l'exhibe aux Turcs comme un trophée. 

Pendant longtemps, ne sachant pas où Vlad est enterré, on va croire qu'il est toujours vivant. Mais au cours des siècles, on va peu à peu oublier ce prince sadique et malfaisant. À l'époque de la dictature communiste, bien plus tard au XXe siècle, la dictature de Ceausescu va ériger Vlad en véritable héros national. Aujourd'hui encore, en Roumanie, Vlad est perçu par certains comme celui qui a osé tenir tête aux Ottomans reléguant au second rang ses atrocités. 

>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Éric Brunet retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.

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