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Victor Hugo : comment son roman "Les Misérables" a évité la censure
PODCAST - La vedette du jour est un monument de la littérature française... Un roman-fleuve de 1600 pages qui aurait pu ne jamais voir le jour si son auteur n'était pas rusé.
Victor Hugo, représenté par Nadar, est l'auteur du chef-d'oeuvre "Notre-Dame de Paris"
Crédit : Nadar / AFP
Les Misérables sont publiés le 3 avril 1862 à Paris chez un libraire-éditeur nommé Charles Pagnerre, un militant heureux d’ajouter à son catalogue le nom de Victor Hugo, farouche opposant à l’Empereur Napoléon III, auteur proscrit, exilé sur l’île anglo-normande de Guernesey.
Cela faisait 30 ans que le grand homme n’avait plus écrit de roman. Très attendu par ses lecteurs, son succès était quasiment écrit. L’imprimeur qui n’avait fait paraître que 7.000 exemplaires pour la France a dû à la hâte réimprimer et réimprimer encore… 100.000 exemplaires des Misérables se sont écoulés en quelques jours. Les ouvriers se cotisaient pour acquérir un exemplaire et lisaient ensemble, à haute voix, les aventures de Jean Valjean, l’ancien forçat, de Cosette, l’orpheline et de Javert le policier au cœur dur. On lisait dans ces pages les malheurs du temps, ce que Victor Hugo appelait la "damnation sociale".
D’ailleurs, pour décrire parfaitement la détresse des Misérables, Hugo avait joué au journaliste : il avait visité des prisons, arpenté des usines, rencontré des ouvrières, interrogé des policiers… Un travail qui s’était étendu sur presque 20 ans. Finalement, cette fresque sur la pauvreté a connu le triomphe et fait la fortune de son auteur.
Une parution mondiale
C’était la grande inconnue aussi bien pour l’auteur que pour l’éditeur : la censure risquait de s’abattre sur l’ouvrage. Alors, toutes les précautions ont été prises. Les Misérables paraissent quasiment au même moment à Bruxelles, à Leipzig, à Londres, à Milan, à Madrid, à Saint-Pétersbourg et à Rio de Janeiro. Le gouvernement impérial français aurait été bien incapable d’empêcher cette sortie internationale. On ne censure pas Victor Hugo. Les Misérables, c’était un blockbuster inarrêtable !
