Robinson Crusoé : qui est l'homme qui inspiré l'histoire du célèbre aventurier ?

En 1719, l'écrivain anglais John Defoe publie son chef d'œuvre d'aventure, Robinson Crusoé. Un récit qui fascine toujours autant les lecteurs du monde entier, plus de trois siècles après sa parution. Mais malgré la notoriété de son légendaire protagoniste, l'identité de celui qui a véritablement inspiré le roman reste encore aujourd'hui peu connue : il se prénomme Alexander Selkirk. 

Ce marin naît en 1676 dans un village de pêcheurs situé sur la côté est de l'Ecosse. Issu d'une famille d'artisans, rien ne prédestine le jeune homme à prendre la mer. Mais, désireux d'une vie d'aventure remplie de trésors et de terres inconnues, Alexander s'engage pourtant de cette voie. Ses rêves le poussent à prendre le large et, à 19 ans, il embarque pour la première fois sur l'océan.

En 1703, alors âgé de 26 ans, il devient corsaire et intègre l'équipage du capitaine Thomas Stradling sur son bateau, le Cinque-Ports, pour mener une expédition contre les navires espagnols. Mais son temps sur le vaisseau est de courte durée. Un an plus tard, alors qu'il est en pleine mission, Selkirk refuse de remonter à bord, car le navire est en trop mauvais état : son bois est vermoulu et sa coque fragilisée. 

Abandonné à son compte sur l'île de Mas-a-Tierra

Face à la rébellion d'Alexander, une dispute éclate entre le marin et son supérieur. Stradling prend alors la décision de le faire débarquer sur l'île de Mas-a-Tierra, au large des côtes chiliennes. Il se retrouve sur une terre déserte, isolée, seul. La vie sur l'île s'avère rude et Selkirk a peu de vivres. L'équipage l'a débarqué avec pour unique compagnon son coffre de marin qui contient à peine une flasque de rhum. Chaque soir, il maudit le capitaine Stradling et ses compagnons de l’avoir abandonné sur ce tombeau à ciel ouvert.

Toutefois, Selkirk est rapidement contraint d'apprivoiser l'île. Six mois après son arrivée, des lions de mer envahissent la plage où il réside, poussant le rescapé à se replier dans les terres. Il découvre alors la richesse de sa prison, traversée par un ruisseau d'eau claire et habitée par des chèvres sauvages qui lui permettront de se fournir en viande, lait et peaux de bête. Au fil des mois, Alexander s’adapte à sa nouvelle vie : sa peau brunie par le soleil devient insensible aux piqures d’insectes. Sous ses pieds, la corne épaisse lui permet de se passer de chaussures. Son alimentation, composée de viande, de fruits et de lait lui permet de lutter contre les carences, et ses courses quotidiennes dans la montagne lui forgent un corps agile. Sa vie sur Mas-a-Tierra prend ainsi un tournant plus agréable.

Cinq ans plus tard, deux frégates anglaises apparaissent miraculeusement à l'horizon. Alexander s'empresse d'allumer un bucher pour les attirer. Les voiliers approchent, et Selkirk est enfin secouru, le 2 février 1709. Les marins trouvent un homme au visage creusé et aux cheveux hirsutes qui peine à s'exprimer dans sa propre langue. À bord du bateau, il retrouve une vieille connaissance, le capitaine William Dampier, avec qui il a mené une expédition quelques années auparavant. À peine rescapé, Alexander rejoint directement l'expédition menée par les deux frégates qui le secourent, avant de revenir en Angleterre en 1711. 

Son récit fait rapidement de lui une célébrité locale. A peine réintégré à la société, l'homme reprend le large et s'engage dans la Royal Navy. Enrôlé comme officier, il reçoit pour mission d’aller protéger les navires britanniques contre les pirates au large du Ghana, où il meurt en 1721, âgé de 45 ans. Deux ans avec, en 1719, John Defoe prend connaissance de cette aventure dans la presse britannique et décide de s'en inspirer librement pour écrire son célèbre roman. En 1966, Mas-a-Tierra est renommée "l'île de Robinson Crusoé" par les autorités chiliennes. Quant à Alexander Selkirk, il a fini par tomber aux oubliettes, contrairement à son double littéraire...