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Philippe Pétain : du héros de Verdun au traître de Vichy

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Philippe Pétain : du héros de Verdun au traître de Vichy

PODCAST - Philippe Pétain, figure emblématique de la Première Guerre mondiale, est passé du statut de héros national à celui de traître, en collaborant avec l'Allemagne nazie durant la Seconde Guerre mondiale. À la tête du régime de Vichy, il a instauré un régime autoritaire et antisémite, marquant à jamais l'Histoire de France.

Le Maréchal Philippe Pétain arrive dans la salle d'audience lors de son procès durant l'été 1945 devant la Haute Cour de justice de Paris pour intelligence avec l'ennemi à l'issue duquel il sera condamné à mort, le 15 août 1945, à l'âge de 89 ans.

Crédit : AFP

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Héros adulé de la Première Guerre mondiale, il a été aussi, et surtout, celui qui en 1940 a ouvert la voie à la collaboration avec l’Allemagne nazie. À la tête du régime de Vichy, il a instauré un régime autoritaire fondé sur le culte de sa personnalité. Responsable des lois anti-juives et silencieux face aux rafles et aux déportations, Pétain a incarné une France qui avait renié ses valeurs.

Jusqu’à ses 58 ans, Philippe Pétain était resté un officier inconnu du grand public. Né en 1856 dans une famille modeste du Pas-de-Calais, il a gravi lentement les échelons de l’armée. C’est la bataille de Verdun, en 1916, qui l'a propulsé sur le devant de la scène. Grâce à une réorganisation efficace de l’artillerie, au ravitaillement méthodique des troupes et à l’appui de l’aviation, il avait réussi à contenir l’offensive allemande.

Il a été alors érigé en symbole de la résistance française et nommé commandant en chef des armées. Mais des mutineries ont pris de l'ampleur, alors la réponse de Pétain a été sans appel. Il a condamné à mort 412 mutins et en a fait exécuter 55.

Une figure populaire

Devenu maréchal de France après la guerre, il a joui d’une popularité politique rare, à gauche comme à droite. Il n’était alors pas antisémite et a défendu même publiquement l’innocence du capitaine Dreyfus. Léon Blum ira jusqu’à le décrire comme "le plus noble, le plus humain de nos chefs militaires".

En juin 1940, la France s'effondre face à la Wehrmacht. En à peine six semaines, l’armée française a été vaincue. Le Maréchal Pétain, président du Conseil, a déclaré à la radio d'une voix chevrotante : "Je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur". Et il a ajouté : "C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat".

Le 22 juin 1940, l’armistice a été signé avec l’Allemagne. La France est alors coupée en deux : une zone occupée au nord et une zone dite "libre" au sud. Dans ce contexte de panique, le président Albert Lebrun a remis les pleins pouvoirs à celui qui incarnait encore la gloire militaire : Pétain. L’homme de Verdun est devenu le chef du gouvernement. Le régime de Vichy est né.

Le régime autoritaire du Maréchal Pétain s'appuyait sur l'armée, sur l'église, sur les ouvriers et sur les paysans. Ses ennemis étaient le capitalisme, le communisme, les francs-maçons et les juifs.

Le choix de la collaboration

À Montoir-sur-le-Loir, une image est entrée dans l’Histoire le 24 octobre 1940 : celle de la poignée de main entre Pétain et Hitler. Officiellement, il s’agissait de négocier la paix. Mais quelques jours plus tard, Pétain a annoncé à la radio avoir accepté "le principe d’une collaboration" avec l’Allemagne.

Ce choix a marqué un point de non-retour. Dès octobre 1940, sans y être contraint par Berlin, Pétain a promulgué le premier statut des juifs les excluant de la fonction publique, des médias, de l’enseignement. Ce premier statut, préparé par un ministre de Vichy, a été durci par Pétain lui-même, comme l'a montré l'original du texte. En 1941, un second statut est venu aggraver leur sort en limitant davantage leurs professions, autorisant leur internement et spoliant leurs biens. À partir de l'année 1942, les Juifs ont été livrés aux Allemands, notamment lors de la rafle du Vél d'Hiv à Paris mais le Maréchal Pétain a gardé le silence.

La dérive autoritaire

Sous Vichy, Pétain a autorisé la création de la Milice, bras armé de la répression, et a approuvé le STO, qui envoyait des milliers de Français travailler obligatoirement en Allemagne. De plus en plus effacé, il devient une figure symbolique, tandis que son régime se radicalise.

En août 1944, à l’approche de la Libération, les nazis l’ont emmené à Sigmaringen, en Allemagne. Reclus, il y a préparé sa défense. Le 26 avril 1945 en fin de journée, il s'est rendu à la frontière franco-suisse où il a été arrêté puis transféré sous escorte à Paris. Dans un palais de justice de Paris plein à craquer, il a été jugé pour intelligence avec l'ennemi et haute trahison. Pétain a été reconnu coupable d'indignité nationale, condamné à la dégradation nationale et surtout condamné à mort.

Mais l'homme était âgé et sa peine est alors commuée en prison à vie par le général de Gaulle, alors chef du gouvernement provisoire. Incarcéré sur l’île d’Yeu, en Vendée, Philippe Pétain meurt en 1951, à 95 ans. Celui qui avait été acclamé comme le sauveur de Verdun s’est éteint dans l’isolement, condamné par l’Histoire pour avoir trahi la République.

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