N'y allons pas par quatre chemins WandaVision est une réussite. Cette première série Marvel sur la plate-forme Disney+ est une véritable pépite, mêlant habilement l'humour, la parodie, les discours à double sens et un sentiment angoissant qui va crescendo au cours des trois premiers épisodes que nous avons pu voir. Attention, la suite contient des spoilers.
Dans WandaVision, Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen) alias Scarlet Witch se remet de la mort de Vision (Paul Bettany) son grand amour, tué par Thanos dans Avengers : Infinity War. L'Avenger aux pouvoirs surpuissants lui permettent, entre autres, de créer des champs de force, manipuler les esprits et modifier la réalité. Nous spectateurs et spectatrices savons que ce qu'elle vit dans la banlieue américaine de Westview n'est pas réelle. Et pourtant, l'illusion est parfaite.
Dès le premier épisode, WandaVision parodie les sitcoms américaines des 50's et la société de l'époque qui voulait que les femmes restent à la maison, prêtes à tout pour chouchouter leurs maris, qui partaient en costume-cravate taper des heures et des heures sur des calculatrices. Dans l'épisode 2, nous changeons d'époque, mais nous restons en noir et blanc avant un passage en couleur pour l'épisode 3, dont la fin est un véritable ascenseur émotionnel.
Si le voyage dans le temps n'est pas une première dans l'univers Marvel sur les écrans (coucou Avengers : Endgame), il n'a jamais été aussi stupéfiant à regarder. De la ménagère des 50's, aux tenues plus "flower power" avec le mobilier qui va avec, WandaVision est un bijou visuel. Tout est soigné. Sans oublier les éclats de rire et les applaudissements du public que l'on entend lors des moments tendres et drôles des épisodes. Nous sommes dans une série à l'intérieur d'une série et nous passons des 50's, aux 60's jusqu'aux 70's dans l'épisode 3.
Wanda et Vision sont unis et amoureux, loin des combats et des blessures essuyés dans les films, sont sur un petit nuage. Leur mission ? Éviter que leurs voisins ne découvrent leurs pouvoirs et se faire accepter par la communauté de Westview. Cela change complètement de sauver le monde de la destruction, mais c'est tout aussi captivant à regarder, grâce au ton humoristique des scènes, les discours à double sens et les jeux d'Elizabeth Olsen et Paul Bettany. Le duo partage une véritable alchimie et une complicité encore plus forte que celle vue dans les films Marvel.
À la manière de Ma sorcière bien-aimée, Wanda organise son logis avec ses pouvoirs de télékinésie de la cuisine au bricolage. Une utilisation très prosaïque de ses capacités (Wanda Maximoff est l'une des héroïnes Marvel la plus puissante), qui fait sourire et n'ennuie pas.
Entre les éclats de rire du public, la gaffe de Vision à cause d'un chewing-gum dans l'épisode 2 ou les répliques piquantes de la voisine Agnes (Kathryn Hahn), quelque chose cloche. Tout est trop beau pour Wanda et Vision. Ils sont incapables de se rappeler leur vie avant leur emménagement, sachant que Vision est un "ordinateur vivant" et que sa mémoire est la plus performante de l'univers.
La fin de l'épisode 1 nous montre l'envers du décor : ils sont observés à la télévision et plus largement par toute une armée, comme on le voit dans l'épisode 3. Avant d'arriver à ce final épique, Wanda refuse que la réalité ne les rattrape. Ainsi quand un homme de la division du S.H.I.E.L.D débarque dans le quartier en tenue d'apiculteur, elle rembobine la bande vidéo. Dans l'épisode 3 quand Vision lui confie que quelque chose cloche, elle efface le moment qui se transforme en une discussion entre deux parents angoissés avant l'arrivée de leur futur bébé.
Et nous spectateurs et spectatrices nous sommes complices de tout cela. Nous repérons bien qu'Agnes et son acolyte réalisent que laisser Géraldine - Monica Rambeau (Teyonah Parris) et Wanda seules dans la même pièce n'est pas une bonne idée. Et lorsque le compère de Vision veut tout lui avouer, le regard suppliant d'Agnes confirme bien que tout ceci est une mascarade. Et que la colère de Wanda en le découvrant sera terrible.
WandaVision ne cesse de faire des clins d’œils discrets ou appuyés à l'univers de Marvel. Une bouteille de vin avec le titre House of M, comics où Wanda s'enferme dans une réalisaté alternative après la disparition d'un de ses enfants, une publicité pour une montre ornée du logo d'HYDRA, l'organisation terroriste qui avait réussi à infiltrer le S.H.I.E.L.D, le logo mystérieux avec une épée qui est celui du S.W.O.R.D. une organisation qui œuvre pour la sécurité du monde contre la menace extra-terrestre.
La série n'a pas fini de nous étonner et le clou du spectacle que nous avons pu voir est bien dans l'épisode 3 lorsque Wanda se laisse aller à une confidence sur son jumeau Pietro Maximoff (Aaron Taylor-Johnson), tué dans Avengers 2 : L'Ère d'Ultron. Géraldine renchérit alors avec "Il a été tué par Ultron" et nous voyons Wanda se métamorphoser. Son ton, son regard, sa posture, elle se met en position d'attaque, consciente que Géraldine est "une faille" dans son rêve et pour y remédier elle l'éjecte de son monde inventé. La jeune femme traverse un champ de force et se retrouve dans la réalité, entourée de soldats du S.W.O.R.D. La suite, on a hâte de la découvrir.