Voici la nouvelle série médicale du moment : The Resident. Cette série américaine concoctée par la chaîne Fox fait le pari d'être la prochaine Urgences ou Grey's Anatomy en se concentrant sur le thème de la déontologie à l'hôpital. The Resident vient de diffuser sa troisième saison aux Etats-Unis et TF1 vient d'en faire sa tête de gondole avec la diffusion de la première saison en plein confinement.
The Resident dispose d'un avantage de taille : un sublime casting avec de grosses stars de la télévision. Matt Czuchry (Gilmore Girls et The Good Wife) et Emily VanCamp (Everwood, Brothers & Sisters, Captain America) forment le couple principal du show. Lui est un médecin ultra-doué et parfaitement insupportable et elle est une infirmière plus douée que certains médecins avec un compas moral encore bien affûté. Manish Dayal complète le trio de héros dans le rôle du jeune diplômé d'Harvard qui débarque dans l'hôpital Chastain. Bruce Greenwood (Star Trek, Pentagon Papers) et Melina Kanakaredes (déjà médecin dans Providence et star des Experts : Manhattan) sont les deux seniors qui règnent sur l'hôpital avec leurs écrasantes réputations.
De Grey's Anatomy, The Resident emprunte le mélange des genres. Comédie romantique et drames s'alternent. Les couples s'attirent dans des placards pour s'embrasser fougueusement entre deux urgences et, à chaque épisode, ses patients en danger de mort. The Resident s'intéresse aussi à la chirurgie et à ses médecins-dieux. Mais la comparaison avec la série de Shonda Rhimes (qui va commencer sa 17e saison) s'arrête là. The Resident essaye d'innover mais va beaucoup trop vite en besogne et maltraite ses acteurs avec des personnages souvent caricaturaux.
Tous les personnages de The Resident, ou presque, sont détestables. Le Dr Conrad Hawkins (Matt Czuchry) terrifie les nouveaux arrivants avec un degré de masculinité toxique inédit dans une série d'aujourd'hui. Il accueille Dr Devon Pravesh (Manish Dayal) en lui lançant un "Namasté !" très mal venu et passe le plus clair de son temps à le menacer et à le torturer psychologiquement pour le tester.
Le Dr Devon Pravesh, lui, a un ego surdimensionné et flatte les puissants à la moindre occasion. Le Dr Randolph Bell est une ancienne gloire de la chirurgie qui masque ses erreurs médicales de façon grossière. Le Dr Mina Okafor est géniale techniquement mais manque totalement d'empathie avec ses patients (une sorte de Cristina Yang au rabais), sa situation d'immigrée lui offre un relief intéressant ; peut-être aurait-il fallu parier sur elle... Bref, un hôpital entier d'anti-héros.
Un choix qui serait respectable si le scénario s'aventurait de temps en temps avec finesse dans la psyché de ces personnages. Le Dr Conrad Hawkins est un rebelle. Comment les créateurs le font comprendre ? Il a des tatouages, une sale attitude, une moto et il va même jusqu'à renverser une boisson sur la voiture d'un cadre dynamique garé sur une place handicapé... Rebelle, on vous dit. Tous ces clichés sont compilés en 2 minutes chrono dans le premier épisode. Et The Resident récidive à la moindre occasion en prenant le téléspectateur pour un individu à l'intelligence limitée.
Et puis il y a un problème fondamental d'écriture, d'idées et de rythme. Lorsqu'un patient se fait tirer dessus lors d'une partie de chasse, voir Melina Kanakaredes crier "Oh non !" comme si elle avait fait tomber sa tartine sur le sol est profondément douloureux. Quand le méchant docteur Bell vient aider le riche et vieux politicien blanc quand notre héros se bat pour la vie d'un jeune noir et qu'aucun rebondissement ne vient nous sortir de l'évidence morale initiale par le haut, on est déçu. Les patients sont oubliés, leurs histoires aussi. Les solutions sont simples.
Grey's Anatomy, elle, arrive toujours à nous tirer des larmes 15 ans après. Le cadre et le montage manquent d'air, de respiration et chaque épisode passe à grande vitesse sans que l'on sache quoi penser ou ressentir. Doit-on rire ? Doit-on paniquer ? Doit-on pleurer ?Pourtant les question des erreurs médicales, de la politique hospitalière et de la moralité promettaient de beaux défis pour les scénaristes.
Dans la catégorie romance et émotion, Grey's Anatomy garde la palme. Pour ce qui est des diagnostics impossibles Dr House reste sur la première marche. Pour le réalisme, clairement oublié, on revient à Urgences. Pour le génie incompris, The Good Doctor fait mieux. Pour l'humour Nurse Jackie ou Scrubs survolent la catégorie quand The Resident réussit surtout dans le comique involontaire avec des phrases et des situations improbables. Pour le style, Nip/Tuck est inégalé. The Resident restera une série divertissante pour qui n'a jamais jeté un œil au reste du genre hospitalier grâce à des acteurs qui restent talentueux malgré leurs personnages.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.