"The Crown", saison 6 (Netflix) : comment la série nous fait revivre la mort de Lady Di en nous surprenant

C'est le dernier tour de piste pour la famille royale britannique vue par Netflix. La sixième et ultime saison de la série historique The Crown qui adapte pour le petit écran la vie de la reine Elizabeth II est enfin disponible. Du moins la première partie, puisque cette saison sera livrée en deux services par la plateforme de streaming, histoire de faire durer le plaisir. Les quatre premiers épisodes sont visionnables dès ce 16 novembre et il faudra attendre le 14 décembre pour déguster le tombé de rideau définitif. 

RTL a pu découvrir en avant-première ces premiers épisodes. Naturellement, la suite de cet article contiendra quelques spoilers. Si vous ne souhaitez pas en savoir plus sur le déroulement de la saison 6, vous pouvez stopper votre lecture dès maintenant et revenir après avoir vu ces premiers épisodes. Si la vie de la famille royale à la fin des années 90 n'a pas de secret pour vous et que la mort de Diana Spencer ne sera pas une surprise, alors vous êtes au bon endroit. 

Ces quatre premiers épisodes ont pour fonction unique de couvrir la mort tragique de Diana sous le pont de l'Alma à Paris à la fin de l'été 1997. Il s'agit probablement de l'événement qui a le plus marqué l'histoire britannique moderne. Un cataclysme aussi et surtout pour les Windsor dont les vibrations se font encore sentir aujourd'hui. On pense par exemple au début du règne de Charles III, son ex-époux, à la figure de Camilla, la reine actuelle qui sera à jamais dans l'ombre du fantôme de Diana. Et on ne peut oublier les destins des princes William et Harry qui font vivre la mémoire de leur mère et subissent encore le traumatisme de sa disparition soudaine. L'exil aux États-Unis de Harry avec Meghan Markle est un symptôme direct de cette disparition.

Quatre épisodes pour dire au revoir

Pour couvrir ce séisme émotionnel, il fallait bien quatre épisodes. Le temps s'étire pour arriver vers la mort inéluctable que le monde et les fans de The Crown craignaient... En ce sens, la réalisation toujours impeccable de la série trouve l'équilibre parfait pour créer un petit miracle : une forme de suspense dans la certitude. On sait que Diana va mourir sous ce pont. The Crown ouvre même sa saison avec cette séquence terrible où un Parisien sorti promener son chien la nuit assiste à l'accident et appelle les secours en premier... Malgré ce choc initial, la série va revenir dans le passé pour nous montrer le déroulé des faits jusqu'à cet instant tragique. La série va d'ailleurs briser quelques-unes de ses règles pour innover toujours plus dans son écriture et son récit. 

Dans The Crown, il y a une magie bien particulière à l'œuvre. Afin de rendre la fiction réaliste et historiquement inattaquable, les scénaristes, décorateurs, costumiers, directeurs de casting... ont fait l'effort considérable de coller le plus possible à la vraie vie des Windsor. Elizabeth II, le prince Charles, Diana... Les acteurs ont tout fait pour avoir les mêmes voix, la même allure, les mêmes vêtements, les mêmes regards que les figures historiques qu'ils incarnent. Une chance pour les showrunners : la famille Windsor est la plus filmée et photographiée du monde. Il est donc très facile de reproduire leur vie avec moult détails. Puisque l'illusion est parfaite sur les moments publics, les spectateurs sont obligés de croire aux instants privés, aux dialogues (forcément) inventés entre les personnages principaux, loin des journalistes et des caméras. 

Ce réalisme incroyable, la crédibilité des scènes est, une fois encore, la grande force de The Crown qui affiche, pour la sixième saison consécutive, une qualité de production absolument remarquable. Il s'agit, encore et toujours, de l'une des meilleures séries télévisées jamais créées. Mais The Crown a toujours eu le goût du pas de côté pour surprendre le spectateur. Et cette saison 6 ne fait pas exception. Outre le léger flash-back qui vient contredire la lecture rigoureusement chronologique de la série en nous montrant la mort de Diana avant que celle-ci n'arrive vraiment, The Crown s'aventure dans un registre pour le moins inattendu : le fantastique. 

Un fantôme inattendu

Rassurez-vous, il n'y a pas de dragons ou de sorciers dans The Crown. Il s'agit d'une minuscule touche de réalisme magique qui vient illustrer à merveille les émotions des personnages. Pendant l'épisode 4, épisode consacré à l'annonce de la mort de Diana auprès de la famille Windsor, les réalisateurs ont fait le choix de faire revenir Lady Di sous la forme d'un fantôme. Esthétiquement, il n'y a pas de mauvais goût, Diana ne revient pas avec un effet semi-transparent ou sous un drap blanc. Mais elle s'entretient avec Charles et avec la reine Elizabeth II.

Avec son ex-mari, elle discute de sa mort, de sa signification et lui évoque son deuil. Ce dialogue intervient dans le jet privé du prince, quelques heures après une scène déchirante où Charles va reconnaître le corps de Diana dans un hôpital, accompagné alors par le président Jacques Chirac. Les sanglots et les lamentations déchirantes de Dominic West sont bouleversants. Le spectre de Diana, ou peut-être plus son souvenir matérialisé par la toujours magnétique actrice Elizabeth Debicki, vient aussi parler à la monarque.

Imelda Staunton qui incarne une Elizabeth II incapable de manifester une forme d'empathie après la mort de Diana est transie par cette conversation imaginaire et pourtant réelle, quelque part. Ce fantôme qui ose lui attraper la main alors qu'elle est seule dans un salon glacial de Balmoral vient bouleverser ses convictions. Un choc qui prend toute son ampleur dans la scène finale de cet épisode 4 où la reine prie seule sur son lit. Pleure-t-elle enfin comme son fils, ses petits-enfants et ses sujets ? L'instant est filmé avec une élégance rare. Une forme de pudeur parfaitement élisabéthaine.

Pour ce qui est du reste de ce début de saison, on ne peut que saluer le travail et la constance de l'équipe créative derrière The Crown. Les lieux sont splendides, les personnages sont terribles et solaires. L'histoire, de la romance entre Dodi Al-Fayed et Diana au rôle des paparazzis en passant par l'émergence de Camilla et l'adolescence de Harry et William, est incroyablement bien racontée. Le jeu d'acteur est subtil. Les thèmes musicaux résonnent. Les Windsor sont plus humains et fascinants que jamais... On en veut toujours plus et on constate, un peu effrayé, à quel point cette soif de savoir a été dangereuse...

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