Une bombe nucléaire lâchée sur Los Angeles. La faute à l'intelligence artificielle (IA) à qui l'humanité a cédé les rênes de son quotidien... Voilà le monde traumatisé qu'a créé le réalisateur Gareth Edwards (Rogue One, Godzilla) pour son nouveau long-métrage de science-fiction The Creator (en salles le 27 septembre 2023). La destruction de la ville californienne a plongé les États-Unis dans la paranoïa. Un monde bipolaire s'est cristallisé entre l'Occident, bien décidé d'en finir avec l'IA, et la Nouvelle-Asie, puissance qui continue à vivre avec cette technologie plus humaine que jamais.
Pour nous faire vivre ce conflit, Gareth Edwards a choisi de suivre la vie d'un homme, Joshua (John David Washington), un espion, membre des forces spéciales américaines qui est infiltré en Nouvelle-Asie afin de mettre la main sur l'architecte de ces dangereuses intelligences artificielles qui aurait conçu une nouvelle arme. C'est dans cette petite communauté qu'il tombe amoureux de Maya (Gemma Chan) et espère fonder une famille. L'idylle prend fin lorsque cette femme, enceinte, découvre la vérité sur la mission de notre héros et fuit avant d'être bombardée par un sinistre vaisseau spatial américain. Ce vaisseau est le fleuron de la technologie américaine et sert d'arme à la fois terrifiante et rassurante planant sur l'Asie.
C'est dans cette explosion venue du ciel, quasi divine, belle et terrifiante que le film commence. On retrouve ici toute l'esthétique du grand succès du réalisateur, Rogue One, volet annexe de la saga Star Wars au cinéma, célébrée par les fans comme les critiques. Le début de The Creator résonne comme un écho à la fin déchirante de Rogue One. Une plage, un couple, une explosion venue d'en haut...
The Creator est d'abord une très belle représentation du futur. Un futur proche. On retrouve une esthétique léchée, avec un aspect rétro-futuriste séduisant (même si on se gratte la tête parfois en se demandant comment une civilisation peut avoir des robots quasi-humains mais des écrans en noir et blanc des années 50). Les amoureux de Blade Runner apprécieront les choix du metteur en scène. Ce futur proche a l'avantage d'être digeste à défaut d'être complexe. Si la science-fiction a tendance à perdre ses spectateurs les moins attentifs avec des notions parfois abstraites, The Creator fait dans l'épure et pose des questions simples : peut-on et doit-on aimer les intelligences artificielles ? Mettent-ils en danger nos libertés ? Doit-on les respecter ? Sont-ils plus humains que les humains ?
À grand renfort d'action bien cadencée et d'explosions spectaculaires, The Creator file la métaphore parentale pour parler de notre lien avec la technologie. Si nos créations font du mal n'est-ce pas parce que nous les avons créés ainsi ? Ce fil de réflexion suit le spectateur tout au long du film grâce à la relation père-enfant qui se noue et se renforce entre le héros et une IA capable de maîtriser toute la technologie autour d'elle, qui a l'apparence d'un enfant.
Ce robot prénommé Alfie (Madeleine Yuna Voyles) incarne à la fois l'espoir pour les IA de la Nouvelle-Asie puisqu'elle serait destinée à détruire le fameux vaisseau américain et remporter cette guerre mondiale d'un genre nouveau. Pour les Américains, Alfie n'est qu'un danger, une arme à neutraliser absolument pour que la catastrophe de Los Angeles ne se reproduise pas. Et pour le héros, Alfie est un enfant de substitution, une énigme, un dilemme moral.
The Creator bénéficie d'un casting de choix avec, dans les rôles des principaux adjuvants et opposants (les rôles évoluent souvent pendant le film) Ken Watanabe (Le Dernier Samouraï, Inception, Mémoires d'une geisha) et Allison Janney (À la maison blanche, Juno, Moi, Tonya). Le triangle émotionnel composé par John David Washington, Gemma Chan et Madelien Yuna Voyles fonctionne aussi à merveille avec une émotion qui viendra vous saisir sans pour autant totalement vous surprendre. Les autres personnages servent souvent de chair à canon pour les scènes de guerre très bien réalisées.
Si on retrouve des éléments d'autres films du genre comme Blade Runner, Ex Machina, Her, District 9 ou Apocalypse Now, The Creator n'arrive jamais à s'échapper au statut de film inspiré sans jamais devenir un film inspirant. On passe un excellent moment, on pardonne les incohérences (comme l'improbable fuite vers le vaisseau américain à la fin du film), on réflechit... Mais toutes les questions abordées semblent déjà avoir trouvé leurs réponses dès le prologue. The Creator ne surprend pas, ni dans sa réalisation, très propre, ni dans son message, finalement convenu. On aurait aimé aller plus loin philosophiquement sur notre rapport, notre dépendance annoncée, à l'intelligence artificielle.
The Creator reste un excellent spectacle de cinéma, particulièrement pour ses qualités visuelles incontestables. Le rythme est maîtrisé. On ne regarde jamais sa montre pendant les 2h13 du film. Pour ce qui est du scénario, on aurait presque aimé rester plus longtemps dans cet univers grâce à une série télé. Dans ce format, The Creator aurait eu le temps d'exploiter en profondeur certaines idées, certains personnages secondaires (comme celui incarné par Ngô Thanh Vân), certaines zones d'ombre, sans devoir se résoudre à un manichéisme certes clair, mais facile.
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