Elles sont l'occasion de voir, de parler, de toucher les stars. Elles peuvent être des micro-événements pour quelques fans ou des grands-messes de l'industrie du divertissement. Les "conventions" sont depuis des années, des temps forts de la vie culturelle.
Imaginez un salon du livre traditionnel... mais pour des fans de mangas, de jeux vidéo, de cinéma et, surtout, de séries télé. Ces conventions, qui ont fait leur célébrité sur des monuments de la pop culture, en particulier aux États-Unis, sont désormais aussi diverses que variées et très bien intégrées dans le paysage français.
Ennola, une auto-entrepreneuse lyonnaise de 25 ans, est tombée dans les conventions sur le tard, en 2023 seulement. Le déclic pour cette fan de l'univers des séries médicales Grey's Anatomy et Station 19 : les conventions "First Responders Reunions" (FRR) qui rassemblent des fans, comme elle, et des stars de ces séries américaines de passage en France. "Les conventions, j'ai découvert le concept sur les réseaux sociaux. J'avais vu des conventions autour de la série Skam France, mais je n'étais pas du tout attirée à l'époque", raconte-t-elle à RTL.fr. "Je ne comprenais pas comment des gens pouvaient dépenser autant d'argent pour rencontrer des acteurs américains ou non... C'est un budget", souligne-t-elle.
Mais quand l'opportunité de rencontrer des comédiennes et des comédiens de ses séries coup de cœur s'est présentée, Ennola n'a pu résister. "J’ai commencé Grey's Anatomy quand c'était diffusé à la télé, ma maman était fan. J'ai vraiment accroché à 13 ans. J'ai regardé toutes les saisons. Station 19 (un spin off de Grey's Anatomy se déroulant dans le même univers fictif) c’est plus récent. C'est ma série-phare, celle qui m’a apporté énormément dans ma vie", poursuit-elle. La téléspectatrice a ses préférées, en l'occurrence les comédiennes Danielle Savre et Stefania Spampinato qui incarnent Maya et Carina dans la série, un des couples emblématiques de Station 19.
"C'est grâce à elles que j'ai pu me comprendre et faire mon coming-out, explique Ennola. C'est d'ailleurs grâce à cette convention FRR que j'ai pu rencontrer ma copine. On se connaît depuis un an et on est ensemble depuis 5 mois. Danielle Savre, je l'ai rencontrée cinq fois en tout. Elle défend les causes et les personnes LGBTQ+. Elle est super à l’aise, elle adore rencontrer les fans. La rencontrer en vrai était au-delà de mes espérances", assure Ennola. Il faut dire que rencontrer ses idoles peut parfois être une épreuve que l'on regrette. Entre le prix, les conditions de la rencontre et l'attitude des uns et des autres, certains fans tremblent avant d'approcher les stars.
Pour Marion, étudiante et créatrice de contenus de 26 ans, c'est aussi le lien avec une poignée de célébrités qui a fondé son intérêt pour les conventions. "Moi, c'est né avec l'actrice Lucy Hale de la série Pretty Little Liars. J'ai trois actrices principales que je suis régulièrement et que j'aime rencontrer en convention. Avec Lucy (Hale) il y a aussi Lindsey Morgan (The 100) et Caterina Scorsone (Grey's Anatomy). Elles me reconnaissent maintenant. On se parle sur les réseaux sociaux. Les célébrités sont toujours agréables et, au pire, il ne se passe rien, pas de feeling, pas d'émotion, ils signent et voilà. Mais je n'ai pas connu d'expérience désagréable", assure-t-elle.
Si la jeune femme a créé un groupe d'amis, eux aussi passionnés, et réalisé un tour d'Europe des conventions, elle avoue aujourd'hui prendre de la distance avec ces événements. "Les prix ont augmenté, ça me paraît indécent. Avant pour 200 euros, on pouvait entrer et avoir tous les autographes possibles. Aujourd'hui c'est bien plus cher. Je n'ai fait ma première convention qu'à 18 ans. Pour mes parents, c'était inenvisageable de dépenser un euro pour ça. Donc je le faisais avec mes économies. Aujourd'hui, c'est devenu un business et puis je trouve ça un peu bizarre de les payer... Je les paye pour qu'ils soient gentils avec moi quelque part, ce sont aussi de bons acteurs... On peut douter un peu de la sincérité de la démarche parfois".
Les conventions, à la manière de certains packages lors des concerts, proposent en effet des instants privilégiés avec les célébrités. Des instants furtifs qu'il faut payer. Pour une actrice comme Danielle Savre, Ennola doit dépenser environ 90 euros pour une photo professionnelles et quelques secondes avec la comédienne. Comptez 70 euros pour une dédicace où l'on peut parfois échanger une ou deux minutes avec la star. Il est aussi possible parfois d'avoir des rencontres en "one-to-one" pour avoir de vraies conversations entre un fan et une célébrité. Il s'agit de la prestation la plus chère. Tous les prix varient en fonction des événements, de la disponibilité et de la cote des stars en présence.
Pour la prochaine édition de la convention qui se déroulera les 7 et 8 décembre à Paris, les tarifs sont transparents : 70 euros pour la dédicace ou le selfie avec l'actrice Kate Walsh, tête d'affiche du salon. 90 euros la photo, 105 euros la vidéo, 190 euros la rencontre... ou 400 euros pour la totale. Et il ne s'agit là que de bonus. Il faut, pour avoir ces opportunités, payer le billet d'entrée, un pass. Il peut aller de 109 euros pour un jour à 2.000 euros pour le Pass VIP qui offre l'expérience la plus luxueuse et mémorable... pour qui a le compte en banque bien rempli. Pour Danielle Savre, comptez 80 euros pour l'autographe envoyé par La Poste et jusqu'à 195 euros pour une réunion en petit comité pendant 30 minutes.
Dream It, qui organise ces conventions, et les autres acteurs du marché offrent ces opportunités pour de nombreuses communautés de fans. Vous aimez Harry Potter ? Pour 135 euros, vous pourrez avoir l'autographe de Rupert Grint qui incarne le sorcier Ron Weasley dans les films, pour son camarade Matthew Lewis (Neville) comptez 55 euros seulement. Idem pour les stars des séries ou films Charmed, Reign, The 100, Chilling Adventures of Sabrina, Buffy, Stargate, Star Wars, Teen Wolf, The Maze Runner, Twlight, Teen Wolf, ou One Tree Hill. Les stars d'aujourd'hui et surtout de nombreuses stars d'hier trustent les podiums et tables de dédicaces. Une façon d'entretenir le lien avec le public tout en arrondissant les fins de mois pour certains comédiens qui ont parfois du mal à rebondir face aux caméras.
"Dès le début, je ne me suis pas trop privée, confesse Ennola. Ça représente des milliers d’euros. J'ai dépensé 2.500 euros pour la première convention, il me semble, quand je compte le déplacement et l'hébergement. Il y en a qui dépensent plus ! D’autres viennent seulement avec le pass", tempère celle qui se considère dans la moyenne de son groupe d'amis en termes de budget. Pour la prochaine édition, elle sera raisonnable et ne prévoit que de dépenser entre 800 et 900 euros en photos, selfies et autres rencontres.
"De mon côté, j'ai pu être invitée parfois en tant que créatrice de contenus, précise Marion, ça permet de limiter les frais. Tout dépend de l'organisme, de la taille de la communauté, du niveau de célébrités des acteurs. Plus c'est petit, plus c'est familial. Des stars plus confidentielles, des séries méconnues... Nevastalgia par exemple fait des choses super pour une série, Motherland : Fort Salem. C'est familial. Plus les acteurs débutent ou sont dans des rôles secondaires et plus ils ont de temps à consacrer aux fans. Avec la célébrité et la pression, ils peuvent devenir plus distants, plus dans le contrôle", décrit-elle, regrettant des réactions parfois automatisées et les interactions éclair avec les "grosses stars".
Les univers fantastiques, de science-fiction ou destinés aux adolescents et jeunes adultes sont surreprésentés dans le monde des conventions. Et pour cause : l'histoire des conventions est liée à la pop culture et aux "geeks" depuis des décennies.
La plus célèbre des conventions à travers le monde, l'étalon-or du milieu, est très certainement la Comic-Con de San Diego en Californie. Un haut lieu de la pop culture qui rassemble, depuis les années 70, les fans des comics, les bandes dessinées américaines célèbres pour leurs super-héros. Dans ce salon, les fans pouvaient venir échanger sur leurs personnages et univers préférés avec d'autres experts. Ils pouvaient rencontrer leurs auteurs préférés et acheter ou vendre certains précieux volumes. Il s'agissait aussi, pour ces amateurs, de vivre leurs passions dans un sanctuaire où ils ne seraient pas soumis aux jugements des profanes et autres champions de l'élitisme culturel.
Aujourd'hui, la Comic-Con est un événement majeur pour l'industrie. En plus des fans et des auteurs, on y croise des stars hollywoodiennes en promotion, on y trouve des spectacles, des conférences pointues. C'est aussi le lieu pour annoncer des sorties de films, de jeux, montrer des extraits exclusifs, des trailers, acheter des objets introuvables dans le commerce...
En France, la convention la plus ancienne et célèbre est probablement Japan Expo, un salon estival né en 1999 et centré sur la culture populaire japonaise. On y parle manga, animation, langue et culture japonaise, jeux vidéo, cartes à collectionner... On y trouve des boutiques, des spectacles de cosplays où les fans se déguisent en leurs personnages préférés, des célébrités de France ou du Japon... De 3.000 visiteurs à ses débuts, Japan Expo accueille désormais 250.000 fans chaque année en moyenne.
Pour une convention comme FRR, plus confidentielle, l'organisation se perfectionne avec les années. Les organisateurs doivent régulièrement améliorer leurs capacités d'accueil et l'expérience des fans sous peine d'être sévèrement punis par un bad buzz pour les éditions suivantes. "La première FRR était vraiment un premier jet, reconnait Ennola. L'organisation a été prise de court je pense. Les fans étaient plus nombreux. Il y avait des files d’attente très longues, en juin, par 35°C... POur les dernières éditions, c'était vachement mieux, tout était plus fluide, il y avait moins d’attente, on avait les infos en temps et en heure. Je pense qu'ils ont bien fait de limiter le nombre des pass pour améliorer la qualité sur place", souligne la fan.
Mais il n'y a pas que les conventions géantes dans le paysage. L'esprit "convention" brille tout particulièrement lors des petits salons où seules des poignées de fans se rassemblent autour d'une passion commune. Ère numérique oblige, ces fans se connaissent souvent déjà avant de se rencontrer "pour de vrai" lors de ces rassemblements. Unis par des sites web de fans, des groupes sur les réseaux sociaux ou des clubs régionaux, les conventions sont vécues comme le point d'orgue de l'année.
Chaque communauté à sa sociologie. Certaines sont très masculines, d'autres plus jeunes, plus urbaines, plus américaines ou françaises. Dans le cas des fans de Grey's Anatomy, Ennola assure qu'il y a "autant de femmes que d'hommes, des personnes non-binaires... Ça va de 16 ans à des retraités de 70 ans mais en moyenne, on est autour de 20-35 ans" pour le contingent le plus important de la convention.
L'ambiance est plutôt bon enfant et riche en émotion entre fans. "On s'encourage, on attend ensemble, on compare nos interactions avec les uns et les autres, raconte-t-elle. Dans tous les fandoms (groupe de fans par univers fictionnel, ndlr), y’en a à prendre et d’autres à laisser, tempère-t-elle. Certains essayent toujours d’avoir la lumière et veulent plus de reconnaissance mais dans mon cercle, on veut juste passer un bon moment, on se demande comment ça s’est passé, on est contents pour les autres…" Même opinion pour les célébrités "en général très pro, à l'écoute... même si on peut toujours tomber sur une star exécrable de temps en temps", pointe-t-elle.
De ses rencontres, Ennola ne garde que des bons souvenirs. "En one-to-one, dimanche dernier, J'ai pu raconter mon coming out et mon histoire à Danielle Savre, j’étais émue de lui dire ça, et elle, elle était émue de son côté, très reconnaissante d’avoir pu créer un "safe space" (zone de sécurité, de bienveillance, ndlr) autour de la série. Elle était heureuse d'avoir pu par son interprétation, son personnage... apporter des choses à quelqu’un".
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