Ce n'est pas une grande révélation : le sexisme est partout. Et le monde des comics n'y échappe pas. De nombreux fans, si on peut les appeler ainsi, harcèlent sur Twitter des éditrices, scénaristes et auteures qui finissent par abandonner leurs comptes sur les réseaux sociaux. C'est le cas de Chelsea Cain en octobre dernier, auteure Marvel de la série Mockingbirg, malgré le soutien qu'elle a reçu. Le week-end dernier, c'est Heather Antos, éditrice pour de la Maison des Idées qui a été harcelée. La goutte de trop pour Marvel et ses fans.
Heather Antos édite entre autres les comics sur Gwenpool, une mercenaire à l'humour trash, populaire aux États-Unis. Le 28 juillet, elle poste un selfie avec ses collègues de Marvel, en train de siroter un milk-shake. Une vague de tweets haineux lui sont alors adressé comme "le groupe de Social Justice Warrior [terme péjoratif désignant des cyber-militants] le plus pathétique que j'ai vu" et des insultes plus personnelles contre Heather, son physique et son travail.
Le 30 juillet, l'éditrice répond à cette vague de harcèlement. "Comment ais-je osé poster une photo de mes amies sans attendre d'être humiliée, harcelée et insultée", avant d'ajouter : "Je me suis réveillée ce matin averc une tonne de pourriture et de DM [message privé sur Twitter]. Pour être une femme, qui travaille dans les comics et qui a posté une photo avec ses amies avec des milk-shakes".
Aussi vite que les haters, les twittos se sont mobilisés pour Heather Antos avec le #MakeMineMilkShake. Une référence aux "milk shakes de la discorde" de la photo de l’éditrice, mais aussi au slogan Make Mine Marvel des années 60 et 70. Lecteurs et lectrices de comics, fans de Marvel et de DC Comics, journalistes, prennent la pose devant un milk-shake pour soutenir toutes les femmes de l'industrie du comics.
Le 31 juillet, le compte officiel de Marvel rejoint la bataille, suivi par DC Comics et son équipe féminine qui imite le symbole de Wonder Woman avec des milk-shakes. Une excellent initiative de la part des deux éditeurs, "rivaux" depuis la création de leurs super-héros.
Avec son tweet, Marvel déclare la guerre à ses "lecteurs" qui pensent que les comics sont sacrés. Depuis 2014, la Maison des Idées a diversifié ses histoires avec Riri Williams, l'adolescente noire qui va remplacer Iron Man, America Chavez, l'héroïne latina et queer ou encore la version féminine de Thor.
Mais, selon les déclarations de David Gabriel, vice-président des ventes Marvel : "Ce que nous avons compris, c’est que les gens ne voulaient pas plus de diversité. Ils ne voulaient pas de personnages féminins. C’est ce que nous avons entendu, indépendamment de ce que nous croyons. J’ignore si c’est vrai, mais c’est ce que nous avons constaté dans les ventes" au site iCV2.
Il a ensuite tenu à nuancer ses propos après le tollé provoqué chez les fans : "La popularité des super-héroïnes comme Squirrel Girl, Ms. Marvel, The Mighty Thor, Spider-Gwen ou Moon Girl, est toujours au beau fixe". Il n'empêche qu'en ayant tout misé au départ sur des lecteurs caucasiens et hétérosexuels, Marvel et DC Comics sont face un groupe de fans hermétiques. Ils ont l'impression qu'on leur volent leur culture... Heureusement, ils ne représentent par la majorité des lecteurs. C'est pour cela que l'engagement de Marvel et de DC Comics pour plus de diversité, de femmes et de respect envers ses nouvelles héroïnes continuent, grâce à une solide communauté.