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Joli mais sans audace. Lupin ne sera pas le Sherlock de la création télévisuelle française. Si la série de la BBC avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman avait mis une grande dose de modernité et de sagacité en revisitant l'œuvre d'Arthur Conan Doyle, Lupin de George Kay (Criminal, Killing Eve) et François Uzan (Family Business) pour Netflix a bien du mal à nous transporter.
Lupin abandonne la redingote et le haut de forme de la fin du XIXe siècle. C'est Assane Diop (Omar Sy) qui joue le rôle d'un fan absolu de la saga littéraire et utilise ses connaissances pour devenir un "copycat", un imitateur, du célèbre voleur. Mais bien sûr, Assane ne vole pas pour le plaisir ou le frisson, il le fait par loyauté et esprit de justice, avec un code d'honneur rigoureux.
Netflix nous offre la première partie de ces aventures avec la diffusion en ce début d'année 2021 des 5 premiers épisodes (de 50 minutes environ) d'une histoire qui s'étirera sur 10 épisodes. Préparez-vous à un "cliffhanger" à la fin de l'épisode 5 qui ne manquera pas de vous faire revenir pour la suite... si vous avez été intrigué jusque-là...
Le casting, le cadre, la modernisation des thèmes et la réalisation sont pourtant des points très positifs de cette série Lupin. Omar Sy est toujours charmant et délicieux. Il faut sans doute y voir là son interprétation d'un gentleman. Mais l'humeur constante, souriante et polie de son personnage nous empêche de le soutenir ardemment dans ses aventures. Peu de failles, peu d'erreurs, peu de chutes viennent humaniser son parcours et nous attacher à lui. On aimerait voir les différents masques de ce personnage.
Transposer le concept d'Arsène Lupin dans la France de 2020 avec la technologie d'aujourd'hui, un Paris plus urbain que romantique et les divisions de la société est aussi une bonne idée. À chaque fois que les dialogues viennent pointer le racisme, les injustices et les inégalités qui parcourent la société française, ils font mouche.
L'esthétique de la série est aussi particulièrement léchée. Les images sont belles, la lumière impeccable. Tout est propre. La série utilise des plans aériens délicats et une bonne dose de "flare" (effet optique semblable à un rayon du soleil frappant la lentille de votre appareil photo) en guise de signature. Stylistiquement, on tourne un peu en rond, mais on sent la production de qualité. De l'argent a été dépensé et bien dépensé. Mais y a-t-il un beau bijou dans cet écrin ?
Lupin est malheureusement une série qui a deux grands défauts : les dialogues et l'intrigue. Malgré quelques fulgurances et bonnes idées qui font rire ou donnent (enfin) une impression de naturel, on peine à croire aux personnages et à leurs aventures. Les dialogues sont très écrits et si les acteurs ne vont jamais jusqu'à déclamer leurs textes comme au théâtre avec une emphase hors de propos face à une caméra, ils récitent. Les deux adolescents qui jouent respectivement le jeune Assane Diop dans les flash-backs et son fils dans le présent apportent une vraie fraîcheur dans leurs parlers.
Les échanges entre Omar Sy et Ludivine Sagnier, qui incarne la mère de son fils, sont aussi, en général, de petites bulles de naturel qui nous font rentrer dans l'histoire. Les personnages secondaires, l'équipe des policiers, les ennemis ou alliés de circonstances d'Assane Diop, eux, peinent à nous convaincre. On voudrait qu'ils quittent les rails de leurs scripts pour parler comme dans la vraie vie... mais non. Les méchants bourgeois sont un peu clichés et on aurait préféré qu'un Olivier Marchal, spécialiste du genre, écrive les dialogues des policiers, gardiens de prison et autre petits délinquants qui apparaissent au fil des épisodes.
Assane Diop est un personnage qui cherche à se venger ou du moins à obtenir justice pour son père. On le comprend grâce à de nombreux flash-backs vers 1995 saupoudrés ici et là. Problème : jamais on ne retrouve de flamme ou de rage dans les yeux de notre protagoniste. Au lieu d'être avec lui, on observe passivement ses péripéties , un peu trop loin de lui, légèrement sur le côté.
Lupin rate sa cible, émotionnellement du moins. Lorsqu'il est en difficulté, questionné par son entourage à propos de ses nombreux mensonges (car tel est la vie secrète d'un gentleman cambrioleur), on n'y croit pas. Une tiédeur du script nous anesthésie. Les révélations et décryptages des différents tours de passe-passe de notre héros, souvent appuyés par un "rewind" ou une explication en fin d'épisode, n'arrivent pas vraiment à nous surprendre.
Les références multiples et peu subtiles aux aventures d'Arsène Lupin sont aussi de trop. Signe que les scénaristes ne font pas trop confiance à l'intelligence du téléspectateur. Dans l'épisode pilote, le père du héros offre en dernier cadeau à son fils un livre de Maurice Leblanc. On pourrait arrêter là le clin d'œil, mais Lupin les répète à la moindre occasion.
Références aux livres, aux lieux, aux personnages de la saga, Lupin commence sa course-poursuite de 5 épisodes avec un policier qui a (comme de par hasard) une pile de livres Arsène Lupin sur son bureau. On revient ici au manque de réalisme. L'épisode 5 se termine par une scène sur la plage d'Étretat (référence à l'Aiguille creuse) où des dizaines de personnes déguisées en Arsène Lupin composent une foule... Nous avions compris, merci.
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