"Les 4 Fantastiques : premiers pas" signe-t-il (enfin) le retour en grâce de Marvel au cinéma ?

NOUS L'AVONS VU - Le nouveau film qui ouvre la Phase 6 du Marvel Cinematic Universe propose la réintroduction des personnages-clé des comics. Cette aventure cosmique peut-elle raviver l'intérêt du public ?

Vanessa Kirby en Susan Storm dans "Les Quatres Fantastiques : premiers pas"

Crédit : Marvel

La cinquième sera-t-elle la bonne ? Pour la cinquième fois, les Quatre Fantastiques, équipe mythique et centrale des super-héros Marvel, va connaître une adaptation au cinéma. Un film en 1994 avait été avorté puis, trois films ont tenté de séduire le public en 2005, 2007, 2015. Après l'ère Ioan Gruffudd, Jessica Alba et Chris Evans et l'évanescente équipe Miles Teller, Michael B. Jordan, Kate Mara et Jamie Bell, c'est un nouveau quatuor qui nous est présenté en grande pompe.

La nouvelle super-star d'Hollywood Pedro Pascal (Game of Thrones, The Last of Us) dirige la petite famille d'astronautes dotés de super-pouvoirs après un accident mystérieux lors d'un voyage spatial dans le costume du très flexible M. Fantastic. Vanessa Kirby (The Crown, Pieces of a woman) incarne la Femme invisible et épouse de ce dernier, Susan Storm. Complètent le casting : Joseph Quinn, le flamboyant Johnny Storm et Ebon Moss-Bachrach (The Bear) dans le costume minéral de Ben Grimm, alias La Chose.

Sans rentrer dans les détails de l'intrigue du film Les Quatre Fantastiques : premier pas, nous allons malgré tout évoquer certaines scènes et morceaux du scénario dans les paragraphes qui vont suivre. Si vous voulez découvrir le film au cinéma en en sachant le moins possible, voici votre "spoiler warning". À vos risques et périls.

Une introduction rapide, un rythme maîtrisé

Puisqu'il s'agit d'une énième incarnation du quatuor et que les derniers films étaient récents, Marvel a fait l'excellent choix d'expédier en quelques secondes seulement ce qu'il est convenable d'appeler l'"origin story" de nos héros. Le film de 2025 balaye le fameux accident spatial et la découverte des super-pouvoirs de chacun. Nous n'avons ainsi plus droit à la sempiternelle histoire de La Chose qui vit mal son terrible changement d'apparence ou à Susan qui devient invisible ou use de la télékinésie sans véritablement contrôler ce qu'elle fait. Les Quatre Fantastiques qui sont présentés ici sont déjà des héros bien établis et respectés. Ils ont sauvé l'humanité plusieurs fois déjà et maîtrisent parfaitement leurs capacités surnaturelles.

Il faut dire qu'en moins de deux heures, le film doit être efficace et, nous devons bien l'admettre, il l'est. Après une très rapide présentation pour nous rafraîchir la mémoire, nous sommes plongés dans une Amérique rétrofuturiste qui sent bon les années 60. Les télévisions sont cathodiques, les chignons bien serrés mais la téléportation et le voyage spatial à une vitesse supérieure à celle de la lumière sont des réalités. L'histoire commence par la découverte de la grossesse de Susan Storm et l'inquiétude de la petite famille Fantastiques quant aux éventuels anomalies ou pouvoirs que pourraient développer leur futur fils. En plus du stress de la parentalité, une curieuse femme argentée (la Surfeuse d'argent) vient de porter à l'attention de l'humanité toute entière un message indiquant qu'un grand méchant résidant à l'autre bout de l'univers à décider de faire de la Terre son dîner.

Face à cette menace et malgré la grossesse déjà bien installée de la Femme invisible, notre petite famille décide de partir en mission aux confins de la galaxie pour rencontrer cette entité malfaisante et tenter de la raisonner. Les événements s'enchaînent très rapidement et on passe d'une séquence intime à de l'humour familial, du voyage spatial à la Interstellar à la course-poursuite avec une belle agilité. Jamais les spectateurs ne sont perdus dans le déroulé du scénario qui reste dense dans ses détails mais parfaitement digeste.

Quatre Fantastiques à égalité

Équilibre parfois difficile à maintenir dans ce genre de film, Les Quatre Fantastiques : premiers pas parvient à respecter chacun des trois héros. Il y a de la place pour M. Fantastique qui a du mal à stopper son esprit génial pour se vivre en nouveau père, de la place pour Susan ses pouvoirs, ses peurs et son précieux sens de la diplomatie, Johnny son humour et sa sensibilité et Ben avec son grand cœur et sa recherche de l'amour. Chacun se place sur le devant de la scène avec respect et régularité et les fans de la franchise apprécieront l'esprit de famille qui transparaît entre les personnages et les acteurs.

Le film reste avant tout un film qui mise sur l'action et les effets spéciaux spectaculaires. Nous sommes toujours chez Marvel après tout. Les scènes dans l'espace que ce soit dans la fusée, dans une forteresse volante maléfique ou à deux doigts d'un trou noir sont particulièrement réussies. Le personnage métallique de la Surfeuse d'argent est aussi parfaitement modélisé avec des effets de texture et un scintillement remarquable. Les superpouvoirs de nos héros sont aussi joliment réalisés et ne tombent jamais dans le clownesque. Il faut dire que les membres élastiques de M. Fantastique pourraient prêter à rire mais il n'en n'est rien. Matt Shakman, le réalisateur, mise plus sur l'intellect du personnage, que sur ses compétences martiales.

Au rayon des échecs techniques, on note malgré tout quelques fausses notes lors de la grande bataille finale lorsque le bébé de nos héros est porté par La Chose. On a vu modélisation plus aboutie, on a pu remarquer quelques expressions faciales peu naturelles.

L'émotion au rendez-vous

Sans vouloir en révéler de trop, nous avons été saisis plusieurs fois par l'émotion durant le film. L'alchimie entre les personnages qui, malgré les difficultés, restent une famille unie et solide est profondément touchante. L'annonce de la grossesse de Susan, qui a essayé avec son génial époux de concevoir depuis des années, est un des nombreux exemples de ces petits détails qui fonctionnent. L'esprit de sacrifice des uns pour les autres, leur volonté de trouver une solution malgré des circonstances parfois terribles sont des éléments qui fonctionnent. Oui, il y a une dose d'héroïsme, de bons sentiments et de miracles improbables qui font que le film ne reste jamais bien longtemps dans le drame et le réalisme. Mais, après tout, il s'agit là d'un film de super-héros et on se laisse emporter. Jamais les punchlines humoristiques ou les grands moments d'héroïsme ne sonnent faux.

Parmi les réussites émotionnelles, on compte l'histoire de la fameuse Surfeuse d'argent qui, derrière sa mission de héraut de l'apocalypse, masque une part d'humanité et une forme de tendresse rafraîchissante. C'est l'actrice Julia Garner (The Americans, Ozark, Inventing Anna) qui insuffle à ce personnage, froid en apparence, cette once d'humanité bienvenue. Si nous la revoyons un jour, ce sera avec plaisir.

Au final, ces Premiers pas ne révolutionnent pas le genre mais il s'agit d'un excellent volet du Marvel Cinematic Universe (MCU). Action, émotion, casting attachant... Le commun des mortels y trouvera son compte. Les fans, que Marvel et Disney n'oublient jamais, seront aussi ravis de l'ampleur de l'intrigue qui n'en finit plus d'être gigantesque et "cosmique". L'arrivée de Franklin Richards, le fils de Reed et Susan, et probablement le plus puissant héros de l'univers Marvel, ouvre la porte à un avenir plus impressionnant que jamais. Et c'est tout ce qu'on demandait à ce premier film de la Phase 6 : nous enthousiasmer pour l'avenir avec simplicité et efficacité. Nous avons désormais hâte de jeter un œil à Avengers : Doomsday qui est prévu en mai 2026, alors que les derniers films de la Phase 5 (The Marvels, Captain America: Brave New World ou encore Thunderbolts* n'avaient pas réussi à nous faire vibrer).