1 min de lecture
"Un livre dans ma valise" : "Captifs" de Kevin Brooks
REPLAY - "Captifs" de Kevin Brooks est un livre dans lequel le lecteur doit s'évader.
Une rangée de livres
Crédit : Thinkstock / tonyduoduo
Ils sont six. Une femme, une fillette, un adolescent et trois hommes. Tous kidnappés en Angleterre, par le même cinglé, de la même façon, l’un après l’autre : un bâillon de chloroforme, le trou noir puis le réveil, dans ce qui s’apparente à un bunker souterrain. Une chambre pour chacun. Cuisine, salle de bains et séjour communs. La lumière s’allume à 8 heures et s’éteint à minuit. Un ascenseur circule chaque matin à 9 heures. La nourriture descend par là. Les sacs poubelles remontent par le même chemin. Il y a des caméras partout. Si on cherche à les obstruer, un gaz soporifique envahit le bunker. Les six prisonniers ne se connaissent pas et n’ont aucun point commun. Celui qui raconte, c’est Linus. Il a 16 ans. Il vivait dans la rue depuis cinq mois, après avoir fugué de chez son père.
Que raconte-t-il ? La lente descente aux enfers d’un groupe humain au destin incompréhensible et inexorable. L’organisation du quotidien de l’enfermement, la gestion du temps infini, l’incompréhension, les engueulades, les bagarres, les tentatives d’évasion et les châtiments en retour. Jusqu’au message du ravisseur, un matin, accroché au sac de provisions. Ils sont dans le trou depuis plus d’un mois et ce message va accélérer la fin de leur calvaire, dont bien entendu je ne vous dis rien.
"Captifs" de Kevin Brooks
Crédit : Super 8 éditions
Captifs est un chef-d’œuvre. C’est aussi l’un des livres les plus dérangeants lu cette année. Car au bout de vingt pages, vous êtes l’un des captifs. Au bout de 50 pages, vous tentez de vous évader. Au bout de 100, vous cognez sur le voisin. À 150 pages, vous entrevoyez clairement la suite. Et quand vous lisez le fameux message de votre tortionnaire, vous êtes enfin fixé. Et comme chacun sait, mieux vaut souvent vivre dans l’illusion que connaître la vérité. Attention : claustrophobes, abstenez-vous. Il en va de votre santé mentale. Tous les autres, foncez.
Captifs, de Kevin Brooks, est paru dans la collection 10/18.
