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Une femme en train d'utiliser Vinted.
Crédit : Justine Bonnery / Hans Lucas via AFP
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C’est une petite révolution, pas forcément très heureuse, qui se joue sur Vinted, la célèbre application de vente de vêtements entre particuliers. Depuis plusieurs semaines, la plateforme est envahie par l’intelligence artificielle et n’est plus toujours en phase avec les principes de la seconde main qui ont fait son succès.
Plusieurs médias nationaux ont fait état d'une montée en puissance de ce phénomène ces derniers mois. Plutôt que de prendre leurs vêtements en photo dans leur salon ou sur un cintre, certains vendeurs demandent désormais à des outils d’intelligence artificielle de générer directement les images à leur place pour rendre leurs annonces plus attractives.
En rédigeant un prompt, décrivant le résultat qu'ils souhaitent obtenir à partir de leur image initiale imparfaite, il est facile d'obtenir une mise en scène léchée avec un mannequin impeccable et une lumière de magazine. Sauf qu'on est plus vraiment dans l'esprit du "vide dressing" de Vinted.
Ces outils permettent de gommer les défauts d'un vêtement en mauvais état pour le vendre plus rapidement. Mais les acheteurs peuvent facilement se sentir lésés à la réception du produit si le résultat est décevant.
L'autre problème, derrière cette pratique en plein essor, c'est qu'elle sert à vendre de plus en plus de vêtements neufs, avec les codes de Vinted, qui viennent en réalité de sites de fast-fashion comme Temu, Shein ou AlieExpress. Ces articles sont parfois revendus deux ou trois fois plus cher. En clair, c’est une pratique de dropshipping déguisée.
Le dropshipping est encadré en France, donc pas illégal en soi. Mais il le devient lorsqu'il y a tromperie : quand un vendeur fait passer un vêtement neuf pour de la seconde main, ou quand il n’est pas clairement identifié comme professionnel. Cela peut relever de la pratique commerciale trompeuse et faire l'objet de sanctions de la part de la Répression des fraudes.
Face à l'essor du phénomène, Vinted entretient un certain flou. Officiellement, la plateforme tolère l'IA si elle est employée pour améliorer une photo ou cacher un visage. Mais elle interdit les usages frauduleux, comme les annonces trompeuses ou les produits fantômes. Vinted assure pouvoir supprimer les annonces et bloquer les comptes concernés, mais ce n'est pas toujours très probant dans la pratique.
À ce stade, le meilleur moyen de se prémunir de ces annonces trompeuse reste de se montrer attentif. Plusieurs indices peuvent mettre la puce à l'oreille face à ces images sur l'application.
D'abord, on observe généralement que les mannequins sur les annonces ne sont pas toujours les mêmes sur les comptes qui recourent à ce type de pratiques. Ensuite, les décors en arrière plan ne collent pas : ce n'est jamais vraiment la même chambre, ni la même ambiance. Et si l'on regarde de près, l’intelligence artificielle laisse toujours des traces : une main déformée, des doigts bizarres ou un pied mal dessiné. Sans oublier les vêtement trop propres pour être vrais.
En résumé : si c’est trop beau, c’est suspect. En cas de doute, il est conseillé d'insister auprès du vendeur pour obtenir une vraie photo du vêtement porté. Autre possibilité : faire une recherche d'image inversée avec Google. Très souvent, on retrouve une photo identique sur un site de fast-fashion, mais à moitié prix. Sur Vinted comme ailleurs, il est crucial de garder l’œil critique et de ne pas se fier aux photos trop parfaites.
Retrouvez désormais "La règle d'or numérique" tous les samedi à 6h53 dans "RTL Week-end" présenté par Stéphane Carpentier. Comment naviguer en toute sécurité sur Internet ? Quels sont les réglages à paramétrer pour protéger vos données personnelles ? Comment repérer les arnaques en ligne avant de tomber dans le panneau… Benjamin Hue, journaliste spécialiste des nouvelles technologies, répond ici aux questions que vous vous posez sur le numérique et votre quotidien en ligne.
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