Sur l'unique route départementale qui traverse les maisons en brique rouge de ce village de 2.100 habitants, les conséquences de la panne internet sautent aux yeux. L’agence La Poste est fermée, les deux distributeurs automatiques de billet sont hors-service. "Il va encore falloir attendre pour prendre du liquide", peste un habitant.
Depuis le 3 juillet, le vol de ces 3,5 km de câble internet Orange paralyse la commune. Ce réseau cuivré reliait à internet tous les habitants pas encore raccordés à la fibre, qu'importe l'opérateur. Des câbles en cuivre particulièrement prisés, qui ont interrompu le réseau et bouleversé le quotidien des habitants.
Faute d’internet, le bar-tabac du village ne peut plus proposer le service PMU, complétement à l’arrêt. Le supermarché aussi tourne au ralenti. "Il faut 2 à 3 minutes d’attente pour payer par carte à la caisse, déplore Julien Borel, le patron du magasin. Sans Wi-Fi, la carte passe mal et cela crée de la mauvaise humeur".
Même chose chez Angélique Laurent, la coiffeuse du village. "Je travaille gratuitement !", explique-t-elle. Elle ne reçoit plus aucun paiement. "Tous mes règlements sont coincés dans mon TPE, je ne suis pas créditée et les clients ne sont pas débités". La coiffeuse demande désormais à ces clients de venir avec leur chéquier.
Je n’étais pas en dépression, mais vraiment pas loin !
Janine a 93 ans, n’a plus de téléphone fixe
Mais la plus grande inquiétude est celle des ainés. Janine a 93 ans. Seule dans sa maison, elle n’a plus de téléphone fixe, son seul moyen de communication avec ses enfants restés à Paris. "J’étais vraiment perdue, c’était ma sécurité, le téléphone. Je n’étais pas en dépression, mais vraiment pas loin !"
C'est surtout la perte de sa téléalarme qui l’inquiète, un bouton de secours qu'elle portait autour du cou. Et sur lequel elle pouvait appuyer en cas d’urgence. "Si je tombe dans ma maison, je me retrouverais morte sans pouvoir appeler qui que ce soit. S’il m’arrive quelque chose, Orange paiera mes obsèques". Une forte inquiétude et un réel danger qui devrait pourtant durer.
Car face à ces problématiques, Orange, propriétaire de la ligne ADSL, est dépassé. Partout en France, les vols de câbles en cuivre se multiplient ces dernières semaines. "Depuis juin, il y en a eu cinq rien que dans la Somme", déplore Christophe Liégaux, le représentant Orange du département. Cela représente 8 km de câbles volés". On estime que dans les circuits de récupération parallèle, la tonne de cuivre se revend aux alentours de 4.000 euros.
À Flesselles, ces câbles en cuivre, de 10 cm de diamètre, étaient enterrés dans des coffres qui ont été percés. Il ne faut que cinq minutes aux malfaiteurs pour en dérober plusieurs kilomètres. Impossible donc les attraper immédiatement. Une enquête a été ouverte par le parquet d'Amiens pour tenter de retrouver les coupables.
Surtout qu’avec la multiplication des vols, les fournisseurs de câbles n'ont plus de stock et les délais sont à rallonge. Pour les habitants de Flesselles, le retour à la normale ne se fera que fin août. Orange assure qu'un dédommagement sera proposé. L’entreprise incite les habitants à se raccorder à la fibre optique, non concernée par les vols de câbles.
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