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Thérapie génique, nanomédicaments : en France, la recherche contre le cancer avance à grands pas

En novembre, Layla, bébé britannique d'un an, a pu guérir d'une leucémie grâce à un traitement génétique. Et c'est un laboratoire français qui est à l'origine de cet exploit...

Des innovations pour améliorer les traitements actuels aux nanomédicaments, la France est pionnière dans la recherche contre le cancer (photo d'illustration).
Crédit : PHILIPPE HUGUEN / AFP
Un bébé de un an atteint d'une leucémie incurable a été sauvé grâce à la génétique
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Camille Kaelblen
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Le Royaume-Uni parle de "miracle", mais en France on préfère dire "progrès". Vendredi 6 novembre, le monde a appris que Layla, une petite anglaise d'un an atteinte d'une leucémie incurable, avait été sauvée grâce à un traitement génétique. Une première mondiale, et une grande fierté pour l'hexagone : c'est Cellectis, un laboratoire français spécialisé dans l'immunothérapie, qui est à l'origine de ce traitement.

Une réussite qui met en lumière les nombreuses avancées de la recherche contre le cancer en France. Car depuis plusieurs années, plusieurs laboratoires planchent sur de nouvelles techniques pour combattre le cancer, première cause de mortalité en France (145.000 décès par an) : tour d'horizon des avancées les plus prometteuses.

Sécuriser la préparation des chimiothérapies

Malgré un protocole méticuleux, les erreurs de dosage de la chimiothérapie sont encore fréquents. En 2010, un enfant de 6 ans est mort d'un surdosage de sa chimiothérapie, et de nombreux cas de mauvais calibrage ont depuis été rapportés. Eurekam, une start up basée à La Rochelle, a mis en place un système de caméras qui accompagnent et sécurisent la préparation de la chimiothérapie avant que celle-ci soit injectée au patient. Une innovation qui lui a permis, en 2014, de collaborer avec plusieurs centres hospitaliers français et de présenter son concept aux États-Unis.

Mais ces améliorations autour de la chimiothérapie ne résolvent pas l'un des problème majeur du traitement : cela reste un traitement lourd, qui affecte l'ensemble du corps. Car le principe de la chimiothérapie, c'est de cibler les cellules du corps qui se divisent rapidement, pour stopper la prolifération des cellules cancéreuses. Sauf que la chimiothérapie affecte aussi les autres cellules du corps, dont celles responsables de la repousse des cheveux, de la régénération de l'intestin et des cellules sanguines. Le patient est donc considérablement affaibli par ce traitement, qui agit comme un poison pour son corps.

Les nanomédicaments, une piste prometteuse

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Dans les années 1970, le pharmacien Patrick Couvreur a une intuition : il pense que les nanotechnologies, de minuscules outils qui mesurent quelques dizaines de nanomètres, pourraient être utilisées pour s'attaquer aux cellules cancéreuses. Après des années de recherches et plusieurs prix en innovation, il fonde Medsqual en 2007, la première start-up qui commercialise ces nanomédicaments et qui pourrait bien révolutionner le traitement des cancers.

Comment fonctionne un nanomédicament ? En fait, un peu sur le principe d'un missile à tête chercheuse. Le nanomédicament est composé d'un "principe actif", c'est-à-dire la molécule qui va guérir la maladie, et d'un "vecteur", ou véhicule de taille nanométrique, qui va transporter le principe actif jusqu'à la zone où sont situées les cellules cancéreuses. Ce nanovecteur est biocompatible et biodégradable : sans danger, donc, pour le corps humain. 

Le mode d'administration, sous forme de sérum par intraveineuse, est donc le même que pour la chimiothérapie. Mais le mode d'action est totalement différent : plutôt que de détruire toutes les cellules du corps humain à division rapide, le nanomédicament cible et détruit uniquement les tumeurs. Mais lorsque les chercheurs ont développé les nanomédicaments de première génération, ils se sont cependant heurté à un premier obstacle : le nanovecteur ne jouait son rôle que jusque dans le foie, car il était reconnu comme un corps étranger et détruit sur place.

Des médicaments encore plus performants d'ici à 10 ans

Qui aurait cru, en effet, que la première barrière au traitement contre le cancer serait en fait... le corps humain lui-même ? Les chercheurs planchent alors sur une deuxième génération de nanomédicaments caméléons, capables de passer dans le corps humain sans éveiller les radars au niveau du foie et donc d'atteindre des tumeurs situées dans d'autres organes (poumon, ovaire, sein, prostate,...). Une dizaine de nanomédicaments sont d'ores et déjà commercialisés. 

La troisième génération de ces nanomédicaments va encore plus loin : les nanovecteurs sont équipés d'une molécule de ciblage, capable de déposer directement le principe actif directement à l'intérieur des cellules cancéreuses. Une résultat chirurgical, obtenu par voie médicamenteuse, qui pourrait venir à bout de tous les cancers dépistés à temps. Selon Patrick Couvreur interrogé par le JDD, il faudra cependant attendre plusieurs années avant de voir cette génération sur le marché.

Thérapie génique et nanomédicaments : un mariage prometteur

Stopper la métastase des cellules cancéreuses grâce à ces nanomédicaments augure déjà de progrès considérables. Mais d'autres moyens pourraient également permettre d'éviter la récidive des cellules cancéreuses. Parmi ceux-ci, la thérapie génique a récemment fait ses preuves avec Layla, le bébé guéri d'une leucémie que les médecins pensaient incurable. Comment cet exploit a-t-il été possible ? "On a reprogrammé ses globules blancs en récupérant des cellules immunitaires et en les modifiant en laboratoire pour les "armer" contre les cellules leucémiques qui étaient apparues dans sa moelle et dans son sang", explique le Dr Éric Solary, directeur de la recherche à l'Institut Gustave Roussy à Villejuif.
  
Associée aux nanovecteurs imaginés par le professeur Couvreur, la thérapie génique mise en place par le laboratoire Cellectis donc pourrait se révéler très efficace. L'idée est simple : on remplace le principe actif du médicament par une molécule à la structure proche de celle de l'ADN. Cette molécule va pouvoir pénétrer au coeur des cellules cancéreuses et les détruire, sans abîmer les cellules autour. 

Les résultats obtenus par Cellectis sont très encourageants : plus de 90% des patients ont été soignésselon Le Monde. Reste désormais la dernière étape, celle de l'industrialisation et la commercialisation de ces procédés, qui sont encore des traitements exceptionnels. 

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