Comprendre où précisément est né le sida, savoir comment la maladie est devenue l’une des plus grandes pandémies de l’Histoire qui a tué 40 millions de personnes, cela permettra de prévenir d’autres pandémies qui nous menacent. C'est pour cela que la communauté scientifique s’est investie dans une enquête policière fascinante afin de remonter le temps. Les pièces à convictions, qui vont servir pour des générations de scientifiques qui étudieront le sida, sont aujourd'hui conservées dans un coffre-fort d’une banque de Bruxelles.
Ces pièces à conviction sont des petits morceaux de paraffine dans lesquels ont été piégés des prélèvements humains, d’hommes et de femmes, qui sont morts du sida en 1960. Les scientifiques savaient que le virus n’était pas tombé du ciel en Californie en 1981. Ils savaient que le sida avait été transmis par un chimpanzé à homme en Afrique centrale. Ils sont donc partis au Congo.
C'est ce que montre un documentaire passionnant qui sera diffusé samedi 26 novembre sur Arte. Exhumant les archives médicales des hôpitaux du Congo, les chercheurs ont fouillé, forcé les serrures de placards oubliés. Ils ont plongé dans des débarras livrés aux rongeurs. Des faux espoirs, des kilomètres et des tonnes de poussières. Mais les scientifiques ont trouvé le trésor qu'ils cherchaient.
Ce trésor ce sont ces fameux blocs de paraffine que les scientifiques essayent de faire parler. Ils ont trouvé du virus du sida dans ces prélèvements humains. Le VIH sévissait donc déjà au Congo au début des années 60. Les chercheurs n'ont pas encore pu trouver d’échantillons avant 1960. Mais les biologistes de l’évolution font un calcul : en étudiant le VIH aujourd'hui et en regardant le virus de 1960, ils ont établi un modèle de son évolution. Ils sont désormais capables de dire que le sida est sans doute né en 1908. Le virus est donc en réalité une maladie centenaire.
Où précisément est-elle apparue ? Très probablement dans une forêt du Cameroun, où l'on trouve encore une forme primitive du sida chez les chimpanzés. Ce qui reste à établir scientifiquement, ce sont les facteurs précis ont qui permis au sida de se propager, explique la virologue Martine Peeters. L’exploitation coloniale, avec notamment l’arrivée du chemin de fer au Congo, est une des hypothèses clés.
Répondre à ces questions, comprendre la genèse du sida, cela pourrait empêcher les pandémies de demain. Il reste des énigmes importantes à résoudre. Les singes véhiculent beaucoup de virus. Pourquoi ce virus-là s’est-t-il adapté à l’homme et pas les autres ? Trouver la réponse à cette question permettra de savoir si d’autre virus peuvent muter. "Notre travail sur l'origine du sida a déjà permis de gagner du temps pour comprendre le virus Ebola", explique, par exemple, le chercheur belge Philippe Lemey.
On sait aujourd'hui que si le sida a pu se développer aussi rapidement à partir des années 1980, c'est parce que personne ne l'avait décelé pendant quatre-vingts ans. Les scientifiques tentent à présent de tirer les leçons de cet immense ratage. Pour en éviter un autre demain.
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