Les ministres de l'Économie allemand et français Peter Altmaier et Bruno Le Maire ont donné le coup d'envoi, jeudi 4 juin à Bercy, du projet Gaia-X. En chantier depuis 18 mois, cette initiative commune vise à développer une infrastructure européenne de données pour offrir aux entreprises continentales une alternative aux fournisseurs de cloud américains AWS, Google et Microsoft Azure qui dominent le marché aujourd'hui en compagnie du chinois Alibaba.
A l'heure actuelle, les entreprises européennes stockent leurs précieuses données sur les infrastructures de ces géants du cloud. Mais ces plateformes sont soumises à des législations extra-territoriales qui font planer une menace sur la sécurité des données qu'elles hébergent. Depuis le "Cloud Act" signé en 2018, les autorités américaines peuvent par exemple demander aux entreprises nationales qu'elles livrent les données de leurs clients, même celles qui sont stockées à l'étranger. La Chine exige pour sa part que les entreprises étrangères stockent les données des utilisateurs chinois sur son sol.
Avec Gaia-X, la France et l'Allemagne souhaitent fédérer les acteurs européens du secteur pour faire émerger des règles et des standards communs, dans une logique d'interopérabilité, sur lesquels pourront se baser les entreprises européennes pour héberger leurs données sensibles.
Bruno Le Maire a dépeint Gaia-X comme une sorte de place de marché européenne, où les entreprises pourront trouver des services de "cloud" répondant aux normes européennes. "Nous ne sommes pas la Chine, nous ne sommes pas les États-Unis, nous sommes des pays européens avec nos propres valeurs économiques et nos propres intérêts économiques, que nous voulons défendre", a indiqué le ministre.
Gaia-X imposera notamment la "transparence" à la juridiction de référence des services proposés, selon lui. "Si les données" confiées au fournisseur de services "sont concernées par une loi extra-territoriale, par exemple le "Cloud Act" américain, alors ce devra être précisé", a-t-il indiqué.
L'objectif de Gaia-X est aussi de lutter contre le risque de verrouillage inhérent au marché du cloud. Lorsqu'une entreprise choisit un fournisseur de cloud et base son informatique sur ses solutions techniques, elle en devient dépendante et il est quasiment impossible pour elle d'en changer par la suite. Les offres cloud des fournisseurs labellisés Gaia-X devront respecter la "réversibilité" et permettre aux entreprises de quitter facilement leur plateforme si elle souhaite stocker leurs données ailleurs pour des raisons économiques ou autres.
L'initiative compte pour l'instant 22 membres fondateurs, onze entreprises françaises et onze entreprises allemandes. On retrouve parmi elles Orange, OVHcloud, Scaleway, Atos, Safran côté français mais aussi Deutsche Telekom, SAP, Siemens, Bosch et BMW côté allemand. Des acteurs européens et non européens pourront les rejoindre à l'avenir à condition de respecter le cadre de Gaia-X.
Les membres fondateurs de Gaia-X vont désormais travailler à définir les règles du projet sous l'égide d'une future association de droit belge. Bercy espère que les premiers services estampillés Gaia-X fleuriront au premier semestre 2021. Les précédentes tentatives de cloud souverain européen s'étaient soldées par un échec.
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