Hong Kong : la censure numérique de la "révolution des parapluies" déjà contournée
Pékin a frappé de censure numérique le mouvement de contestation pour la démocratie à Hong Kong pour éviter la contagion au reste de la Chine. Les manifestants s'organisent grâce à une application qui utilise le Bluetooth.
À Hong Kong, depuis une semaine, les parapluies ne protègent plus du mauvais temps. Déployés comme des remparts aux gaz lacrymogènes des forces de l'ordre, ils sont devenus le symbole du mouvement pro-démocrate qui agite l'ancienne colonie britannique.
Ce week-end encore, des dizaines de milliers de manifestants ont afflué vers les bâtiments gouvernementaux du centre de la ville pour réclamer davantage de démocratie et une modification du mode de scrutin désignant le chef de l'exécutif local.
La contestation frappée par la censure numérique
Sur Twitter et Instagram, les noms de code #OccupyCentral ou #UmbrellaRevolution permettent de suivre les derniers ricochets de cette vague de contestation qui fait vivre à la région autonome ses pires troubles depuis son passage sous tutelle chinoise en 1997.
Les autorités n'ont pas tardé à répliquer pour éviter que le mouvement fasse tâche d'huile dans le reste de la Chine. Les médias à sa botte, Pékin somme les chaînes de télévision et les titres de presse de ne pas couvrir la mobilisation. Seule la ligne gouvernementale est audible, pour condamner un mouvement "illégal", mené par "des extrémistes", et "voué à l'échec".
Pour étouffer la contagion, la Chine censure les sites web par dizaines. En entier pour Instagram ou partiellement pour Weibo, le Twitter local. "Umbrella", "OccupyCentral", "HongKong", "Justice",... Les mots-clé faisant référence au mouvement sont sévèrement filtrés. Si bien que selon l'université de Hong Kong, le nombre de messages inaccessibles a été multiplié par cinq.
Une application française pour contourner la censure
Malgré les blocages et la propagande, les manifestants ne désarment pas. Une application ne nécessitant ni réseau téléphonique, ni connexion internet rencontre un succès certain depuis ce week-end. Développée par un Français et lancée en mars dernier, Firechat a été téléchargée près de 100.000 fois en 24 heures à Hong Kong entre le 27 et le 28 septembre.
Son principe ? Relier par Wi-Fi et Bluetooth les smartphones qui se situent dans un périmètre limité (à une distance d'environ 70 mètres les uns des autres). Depuis qu'elle a été recommandée samedi par l'un des leaders du mouvement de contestation, les manifestants l'utilisent pour échanger des messages sur les routes et stations de transports en commun bloquées par les forces de l'ordre ou les barrages de police. Firechat avait déjà connu un franc succès à Taïwan, fin mars, lors du mouvement étudiant des Tournesols.
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