Ils ont entre 20 et 24 ans, sont étudiants ou sortent à peine de l’université et sur Facebook, tous affichent fièrement un ruban jaune en guise de photo de profil. Le symbole choisi par ces trois jeunes hongkongais, c’est celui d’une contestation au cœur de laquelle ils se trouvent, une protestation qui enfle depuis une semaine au risque de s’attirer l’ire de Pékin.
"Tout a commencé lundi dernier", explique Charlotte, étudiante en deuxième année de licence. En fait, tout a surtout commencé après l’annonce d’une mesure implacable par Pékin : désormais, toutes les candidatures à des élections hongkongaises devront être approuvées par le régime. "Liberticide", assurent les trois amis.
Depuis une semaine donc, des milliers d’étudiants ont "décidé de boycotter les cours" pour montrer "leur attachement à la démocratie" et assurer un "futur libre" à Hong Kong, comme le dit Kai Tsun, tout juste diplômé. Et Charlotte d’insister : "Nous n’allons pas en classe, mais nous ne montrons aucune agressivité et tout se passe dans le calme."
Tout le contraire des forces de l’ordre déployées par les proches du régime et même Pékin directement. "Ça a dérapé vendredi soir ! Le gouvernement nous a interdit l’accès à plusieurs lieux publics dans lesquels nous nous rassemblions, dont nous nous servions pour faire entendre nos voix."
La première étape avant une escalade terrible : "Le leader de la contestation a pensé que nous devrions reprendre ces lieux, paisiblement encore une fois." Une décision que les autorités n’ont pas tolérée. "Malheureusement, plusieurs étudiants ont été frappés et arrêtés injustement."
Depuis tout s’est enchaîné à une vitesse folle : la population a très majoritairement rejoint le camp des étudiants, au point que la contestation a repris de plus belle. Et avec elle, les violences policières. Charlotte a notamment été surprise par la charge et les grenades lacrymogènes.
Encore choquée, elle raconte : "Je pensais m’être mise à l’abri mais j’ai été touchée par les gaz lacrymogènes. C’était si douloureux pour les yeux, la gorge, le nez. Quand j’ai vu la police arriver, je me suis rendue compte que c'était soudainement devenu très sérieux. J’ai couru."
Comme Charlotte, des dizaines de jeunes ont témoigné des moyens disproportionnés mis en œuvre par les autorités. Sur les réseaux sociaux notamment, les récits fleurissaient. Jusqu’à ce que Pékin n’interdise l’accès à Instagram notamment. Un signe clair pour les jeunes de la dureté de la réplique.
Chelsea, la troisième étudiante interviewée s’excuse de son côté, de ne pouvoir témoigner davantage. "Je suis sur le lieu d’une manifestation, on peut se reparler plus tard ?" Pour tous, c’est la première manifestation et s’ils ont choisi de descendre dans la rue, c’est qu’ils n’avaient plus le choix.
"Les autorités défient des principes fondamentaux de la liberté", affirme Kai Tsun. "La violence employée par la police est excessive. C’est criminel, et les gens qui soutiennent le régime devront être jugés pour cela."
S'ils avaient commencé à s'impliquer en fabriquant des rubans jaunes - l’autre symbole des manifestants avec le parapluie qui "sert à parer les gaz lacrymogènes" - les trois jeunes sont chaque jour un peu plus concernés. "Jamais dans l’histoire récente les forces pro-Pékin n’ont employé de tels moyens. Ils en viennent à frapper des jeunes sans arme à mains nues, à jeter les gens en prison sur des motifs politiques."
Ci-dessous, une vidéo prise par AppleDaily, "l'un des médias qui retranscrit la réalité des manifestions", selon Kai Tsun :
"Si certains, notamment dans le monde du business et pour des raisons économiques soutiennent le régime, nous, les anti, sommes au moins dix fois plus nombreux." Une situation de tension extrême donc, qui prend le pas sur la vie quotidienne à Hong Kong, et qui fait craindre le pire aux trois jeunes.
"Le conflit ne peut qu’enfler, et alors, la population civile sera en danger", assure Kai Tsun, virulent comme jamais. Pour ce fervent démocrate, jamais Pékin n’avait autant contesté la notion même de démocratie, au cœur de la vie hongkongaise, la plus occidentale des villes chinoises.
"J’espère que nous n’en arriverons pas jusqu’à avoir l’Armée du Peuple (l’armée chinoise) dans nos rues. Mais si cela doit arriver, nous, les Hongkongais seront prêts à nous battre pour notre avenir", continue-t-il. Avant de laisser Charlotte conclure : "Aujourd’hui, nous nous soulevons parce qu’Hong Kong a besoin de la démocratie, parce qu’Hong Kong refuse de plier devant la Chine."
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