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6 min de lecture
L'intelligence artificielle (illustration)
Crédit : Geralt via Pixabay
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ChatGPT peut-il faire de l'ombre à Google ou se destine-t-il à devenir un super assistant à la réalisation des tâches numériques du quotidien ? Après la découverte des prouesses du robot conversationnel dopé à l'intelligence artificielle de l'entreprise OpenAI, l'heure est déjà aux spéculations sur les futures applications concrètes de cette plateforme phénomène.
Accessible au plus grand nombre depuis la fin du mois de novembre dernier, ChatGPT a bluffé les spécialistes des technologies comme le grand public avec la justesse de ses réponses, sa répartie confondante et sa capacité à produire des textes structurés et contextuels dans tous les domaines et dans de nombreux langages. ChatGPT est la dernière illustration des progrès de l'intelligence artificielle dite générative. Les algorithmes de ce modèle de langage sont capables de créer des contenus inédits en piochant de façon autonome dans une immense base de données ouverte - composée de milliards de pages Web, de fils de forums Internet et de corpus de littérature - en structurant leurs réponses et en adoptant le langage et le style souhaité par son interlocuteur.
Demandez-lui de rédiger une dissertation de philosophie pour le baccalauréat, l'introduction d'une thèse universitaire, un mail en réponse à un fournisseur, une recette de cuisine à partir des aliments présents dans le frigo, de produire des lignes de code pour une application, d'inventer une blague sur l'actualité ou de composer une partition... ChatGPT a réponse à tout, même s'il présente encore certains défauts, comme le fait de présenter des informations fausses comme des faits avérés, de ne pas s'appuyer sur les sources les plus récentes ou sa capacité à produire des instructions dangereuses ou des contenus biaisés.
Derrière ChatGPT, on retrouve l'entreprise californienne OpenAI, fondée en 2015 et financée à hauteur d'un milliard de dollars par des investisseurs comme Elon Musk, Peter Thiel ou Sam Altman afin de développer une intelligence artificielle qui profite à l'humanité. Lancée sous la forme d'une association à but non lucratif, OpenAI a pris le statut d'une société à but lucratif plafonné en 2019 afin d'attirer des investisseurs tout en poursuivant son entreprise éthique.
L'un des principaux investisseurs d'OpenAi est le géant Microsoft qui est entré au capital de la société avec un milliard de dollars et a fourni les serveurs de son système de cloud-computing Azure nécessaires à l'entraînement de ChatGPT et à l'hébergement de ses services très gourmands en ressources. En échange, l'inventeur de Windows a gagné l'exclusivité de la licence commerciale du chatbot et est aujourd'hui prioritaire pour l'intégrer à ses propres services.
Convaincu par le potentiel de ChatGPT, Microsoft travaillerait ainsi à l'intégrer à son moteur de recherche Bing pour rattraper son retard sur Google. D'après des sources citées par The Information, l'idée serait d'apporter des réponses plus humaines aux requêtes des internautes. Par exemple, si on lui pose la question "Quel est le meilleur moment pour partir au Mexique ?", ChatGPT pourrait fournir une petite note de synthèse, riche et argumentée, en complément de la série de liens vers les sites pertinents habituels.
Cette perspective, encore très hypothétique, serait toutefois prise très au sérieux par Google. Leader incontesté de la recherche en ligne, avec plus de 90% de parts de marché, le géant de Mountain View tire la majeure partie de ses revenus de cette activité qui a peu changé lors de la dernière décennie. Google propose ses résultats sous la forme de listes de liens complétés par des liens commerciaux qui viennent alimenter son puissant écosystème publicitaire. Seule entorse à ce principe : les résultats enrichis, en réponse à certaines requêtes courantes, qui sont parfois proposés avant la liste de liens, directement sous la forme d'un bloc d'informations, en puisant dans la base de données du "knowledge graph".
À ce stade, l'intégration de ChatGPT à Bing ne paraît pas en mesure de remettre en cause la domination de Google dans la recherche marchande et informationnelle. Mais elle pourrait donner un avantage compétitif au moteur de recherche de Microsoft pour toutes les requêtes appelant à mobiliser des connaissances établies et n'appelant pas à poursuivre la navigation vers un lien externe, telles que les définitions, les recettes, ou les repères historiques.
Selon le New York Times, le PDG Sundar Pichai et la direction du groupe ont tout de même mobilisé et renforcé les équipes face à une situation s'apparentant à un "code rouge" en interne. Avec la volonté de ne pas laisser un éventuel concurrent lui reprendre du terrain. Le géant travaille depuis plusieurs années sur son propre robot conversationnel, LaMBDA (Language Model for Dialog Applications), conçu pour pouvoir tenir une conversation en langage humain, et au sujet duquel un ingénieur avait défrayé la chronique l'an dernier en affirmant que cette IA était devenue conscience tout en publiant la retranscription d'une discussion troublante de réalisme. Mais le programme, encore imparfait, n'a encore jamais été présenté au public.
En parallèle à la recherche, les exploits de ChatGPT pourraient également profiter à la suite bureautique Office 365 de Microsoft. D'après The Information, les ingénieurs de la société ont déjà testé une version de ChatGPT dans Word. "Les ingénieurs et chercheurs de Microsoft ont travaillé pendant plus d'un an pour créer des outils d’intelligence artificielle personnalisés afin d’écrire des e-mails et des documents en appliquant les modèles d’apprentissage automatique d’OpenAI aux données privées des clients", indique le site d'informations.
ChatGPT, qui a déjà fait les preuves de sa capacité à produire des textes cohérents et structurés sur la base de brèves indications, pourrait ainsi se retrouver à terme sur Word, Outlook ou PowerPoint pour assister les utilisateurs dans leurs tâches quotidiennes : répondre à des mails avec seulement quelques indications contextuelles, rédiger une lettre de motivation à destination d'un employeur bien précis mettant en avant certains arguments bien choisis, trouver et réparer des liens brisés dans un classeur Excel... Le champ des possibles est vaste parmi les tâches qui peuvent être facilitées voire automatisées par les algorithmes avancés du chatbot tout en restant sous la supervision d'un utilisateur humain.
Microsoft irait ici un cran plus loin que Google, qui permet déjà de remplir automatiquement des réponses dans Gmail avec des formules pré-rédigées inspirées des mails reçus. Mais ChatGPT devra avoir considérablement progressé en matière de fiabilité d'ici là. De son côté, Microsoft devra placer le curseur au bon endroit entre l'intérêt de fonctionnalités intelligentes avancées et le respect de la confidentialité des échanges des utilisateurs. À l'heure actuelle, les adeptes de ChatGPT doivent accepter que leur usage du chatbot soit supervisé par les développeurs d'OpenAI pour accéder à la plateforme car ses algorithmes doivent être constamment recalibrés et les réponses des utilisateurs peuvent servir à corriger ses erreurs.
En attendant, des millions d'internautes se sont déjà pris de passion pour ce programme informatique hors du commun, séduits par sa capacité à trier, résumer et mettre au clair les informations demandées en un temps record. Un enthousiasme qui soulève des questions sur les dérives possibles de son utilisation, alors que le robot n'est pas encore connecté aux sources d'Internet en temps réel. Des écoles et des universités ont d'ores et déjà interdit son usage par les étudiants tandis que des experts s'inquiètent des possibilités qu'il pourrait offrir aux cybercriminels pour améliorer leurs attaques en ligne ou pour piéger des internautes en ligne en diffusant des arnaques ou de fausses informations. Pour limiter ces risques, OpenAI a fait savoir qu'elle travaillait sur un outil permettant de détecter automatiquement si un texte ou une partie a été généré par le robot. Le programme sera en outre bientôt proposé dans une version payante destinée aux utilisateurs professionnels afin de mieux monétiser l'outil qui génère des frais de fonctionnement importants.
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