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Aux États-Unis, les assurances offrent des réductions contre des données de santé privées

Les objets connectés, et les nombreuses données qu'ils génèrent, particulièrement dans le domaine de la santé, pourraient provoquer un bouleversement des modèles de l'assurance avec le risque de voir germer un système à deux vitesses.

Le développement des objets connectés pourraient inciter les assurances à proposer des contrats hyperindividualisés en adaptant les tarifs aux comportements réels.
Le développement des objets connectés pourraient inciter les assurances à proposer des contrats hyperindividualisés en adaptant les tarifs aux comportements réels.
Crédit : AFP
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Benjamin Hue

La santé connectée aiguise l'appétit des compagnies d'assurance. Dans le sillage de l'essor du tout connecté, et plus particulièrement du quantified self (la mesure de soi), les données personnelles relatives à la santé se multiplient et constituent une manne sur laquelle lorgnent de plus en plus d'entreprises du secteur. De la même manière que l'internet des objets est en passe de redéfinir les contours de la prévention des sinistres, les contrats d'assurance pourraient, dans un futur proche, être négociés de façon personnalisée, en fonction de réexamens continus des habitudes alimentaires et sportives des assurés. Puisqu'il est désormais possible d'accéder en temps réel à une batterie d'informations sur son état de santé, sa forme physique et ses comportements alimentaires en portant simplement un bracelet connecté, pourquoi ne pas mettre en place des primes à la bonne conduite, et, à l'inverse, des malus en cas de comportement à risque, pour les assurés qui accepteraient d'échanger automatiquement leurs données privées ? 

L'assurance connectée s'ouvre au grand public

L'initiative n'est pas nouvelle dans le monde de l'entreprise. Les grandes sociétés proposent depuis longtemps des programmes de ce type à leurs plus gros salaires, régulièrement soumis à une batterie de tests physiques et d'examens de santé. Elle l'est davantage pour le consommateur lambda, pour lequel l'assurance repose sur l'établissement d'un profil théorique, selon le principe de mutualisation des risques. Dans un article consacré au phénomène, le New York Times a mis en lumière le 8 avril dernier le cas de l'assureur John Hancock, dont la compagnie est la première à proposer ce type de contrat au grand public. En partenariat avec Vitality, un spécialiste du bien-être, l'assureur offre désormais jusqu'à 15% de remise sur ses assurances vie aux clients qui atteindront un certain niveau d'exercice quotidien. En échange, ces derniers s'engagent à porter en permanence un capteur d'activité Fitbit programmé pour transmettre automatiquement les nombreuses données qu'il enregistre. L'assureur propose aussi des primes et des avantages comme des nuits à moitié prix dans les hôtels Hyatt ou des chèques cadeaux Amazon.

Il y a plusieurs mois, déjà, le site américain Bloomberg faisait état de pourparlers entre Apple et plusieurs compagnies d'assurance privées américaines dans la perspective de vendre les données collectées par l'intermédiaire de son application Health, inclue dans les iPhone depuis plus d'un an. Dans une moindre mesure, le même Bloomberg relatait l'an dernier l'initiative du géant pétrolier BP qui a offert quelque 25.000 bracelets FitBit à ses employés pour les pousser à prendre en main leur santé avec, à la clé, des rabais conséquents sur les tarifs d'assurance (jusqu'à 1.200 dollars) pour les plus performants. La France n'est pas non plus épargnée par le phénomène. En juin dernier, la compagnie d'assurance Axa a mis en place un partenariat avec le fabricant de capteurs d'activité Withings pour proposer, dans le cadre d'un jeu-concours, des bons d'achat de médecine douce à ses clients qui effectueraient entre 7.000 et 10.000 pas quotidiens, conformément aux recommandations de l'OMS.

Vers la fin du principe de mutualisation ?

"Cette nouvelle façon de faire de l'assurance pourrait dynamiter un marché en stagnation depuis plusieurs années", assure auprès du New York Times Michael Doughty, PDG de John Hancock. Un tel système pourrait également remettre en cause l'un des principes fondateurs du secteur, celui de la mutualisation des risques. En hyper-personnalisant les profils, les assurés aux comportements les plus vertueux verraient leurs cotisations baisser tandis que les individus identifiés comme ayant un comportement à risque verraient les leurs augmenter à chaque écart de conduite. Cette perspective porte aussi en elle les germes d'un système de surveillance généralisée (l'assureur pourrait vérifier que vous vous rendez bien à la salle de sport grâce à la géolocalisation de votre smartphone) et soulève la question du traitement de données hautement confidentielles. "Tout d'un coup, tout ce que vous faites, tout ce que vous mangez, est inscrit dans la base de données de quelqu'un", souligne Anna Slomovic, chercheur en cybersécurité à l'Institut de Recherche de l'Université George Washington. De nombreux observateurs tiraient d'ailleurs récemment la sonnette d'alarme sur le fait que la protection des données de santé reste encore largement à encadrer.

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