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Auto : les voitures connectées nous surveillent-elles ?
Une enquête de la Ligue de défense des conducteurs, que vous révèle RTL, estime que les automobilistes sont surveillés par leurs véhicules. Des données qui peuvent être réutilisées par les constructeurs.
La voiture connectée Next two de Renault (photo d'illustration).
Crédit : Renault
Il y a aujourd'hui plus 10 de millions de voitures connectées. Elles sont équipées de GPS, de radars, de caméras... Ces voitures circulent dans le pays. Il y en a trois fois plus qu'il y a dix ans. Si c'est atout indéniable pour la sécurité routière, cela donne également l'impression d'être fliqué.
Pour s'en rendre compte, pas besoin de s'installer au volant de la voiture de James Bond. Mais dans un modèle récent, une Peugeot, une Renault, BMW ou Ford. Quand vous allumez la voiture, "vous avez des capteurs, des micros et des caméras qui viennent de s'allumer dans votre véhicule et qui vont tout au long de votre parcours surveiller ce que vous faites", explique Alexandra Legendre, à l'origine de cette enquête pour la Ligue de Défense des Conducteurs.
Avec les applications des voitures, les informations peuvent aller très loin. "Mettons, votre femme va faire ses courses. Vous savez que l'hypermarché, il est à deux km. Et puis, vous voyez sur votre appli, puisque vous partagez le véhicule, qu'en fait, elle vient de faire 50 km et elle est partie trois heures. Vous ne savez pas du tout ce qu'elle a fait. Ça peut quand même entraîner un peu de suspicion", illustre la responsable du pôle études et communication de l'association.
Cette impression de Big Brother passe aussi par les caméras "qui observent l'habitacle, mais il y a aussi des caméras qui observent les alentours. Les gens qui circulent autour de votre voiture n'ont pas du tout donné leur accord pour être observés", souligne Alexandra Legendre.
La crainte de la revente de ces données
Elle prend un nouvel exemple : "Vous sortez de la douche et vous vous apercevez que vous avez oublié votre attaché-case dans la voiture. Vous ne prenez pas le temps de vous habiller parce que vous êtes chez vous, vous êtes dans votre garage, vous faites bien ce que vous voulez. Il n'y a pas de garantie que votre intimité, encore une fois, soit complètement conservée à cause de ces caméras".
Il faut savoir qu'en roulant une seule heure, vous utilisez en voiture autant de données que si vous passiez deux mois à naviguer sur votre ordinateur. Et ces donnes, ce sont les constructeurs qui les récupèrent.
La crainte, c'est la revente de ces données. Pour l'instant, en Europe, c'est interdit, mais les assureurs sont en embuscade, comme aux États-Unis. "Aux États-Unis, il y a déjà des conducteurs qui ont reçu des SMS du constructeur qui dit 'tu as conduit trop vite le jour-là' ou 'Tu as pilé trop brusquement' et donc ta prime d'assurance va augmenter parce que tu ne conduis pas prudemment", explique Alexandra Legendre.
Selon les avocats contactés par RTL, vous pouvez très bien refuser que le constructeur ait accès à vos données. C'est inscrit dans un paragraphe du contrat de vente. Seulement, en cas de refus, vous n'aurez plus le droit à des dizaines de fonctions, comme la mise à jour du GPS par exemple.
Un intérêt pour la sécurité
Il y a tout de même des points positifs. Le système de sécurité qui avertit automatiquement les secours en cas d'accident, par exemple. Et puis dans le cadre d'une enquête judiciaire, comme la disparition tragique de la jeune Lina en Alsace, en septembre 2023.
Le procureur de Strasbourg explique comment la police scientifique a pu retrouver la trace du tueur présumé qui a pourtant pris soin de désactiver le GPS de sa voiture : "Il a été permis de localiser cette voiture sur le lieu de la disparition. C'est grâce non pas à ce GPS qui a été désactivé, mais à l'exploitation du système multimédia embarqué qui a permis de déterminer des points de géolocalisation dans cette affaire."
Le nombre de voitures connectées devrait bondir en Europe, selon l'enquête : +212% d'ici à 2030.
