Chercheurs de toutes disciplines, unissez-vous. C'est le message que Alain Fuchs, président du CNRS, avait envoyé à la communauté scientifique, quelques jours après les attentats du 13 novembre. Il constatait alors la nécessité de "comprendre" et analyser en profondeur les ressorts des attaques terroristes et lançait un appel à projets aux chercheurs français et internationaux.
Quatre mois après, le CNRS a sélectionné une cinquantaine de projets qu'il financera en partie. L'objectif fixé est ambitieux : présenter des résultats dès la fin de l'année, soit un délai très court pour la recherche. Des recherches en chimie sur la prévention des risques aux études sociologiques sur la radicalisation, les thématiques couvertes par les projets sont aussi diverses que les disciplines représentées.
Comment devient-on terroriste ? Quels types d'incitations peuvent conduire un individu à commettre des attaques de ce type ? C'est à ces questions que Marc Willinger, chercheur en économie au CNRS et à l'INRA, veut tenter d'apporter une réponse. Sa démarche s'appuie sur la théorie des jeux, un système de modélisation souvent utilisé en économie pour prévoir la façon dont se comportent des acteurs dans une situation donnée. Les résultats de cette étude pourraient permettre de mieux comprendre les ressorts psychologiques de la radicalisation. Un phénomène qui reste difficile à détecter et identifier.
Autre champ de recherche valorisé par le CNRS : l'analyse de la communication de Daesh, responsable de la majorité des recrutements du groupe terroriste. En janvier 2015, un numéro de la revue Dabiq, une publication de l'État islamique, faisait figurer les kamikazes responsables de l'attaque du 13 novembre dans une posture héroïque, tandis que des vidéos de décapitations faisaient le tour du web. Stratégie de galvanisation, jeu sur les peurs... Une chercheuse à l'Université de Jérusalem se penche ainsi sur les documents publiés par le groupe terroriste pour décrypter l'influence de leur propagande sur nos esprits.
Selon Fabrice Boudjaaba, chercheur au CNRS, la majorité des chercheurs qui participent à l'appel viennent des sciences humaines. Mais ce n'est pas le cas de tous : Julien Legros, chercheur en chimie organique au CNRS, travaillera ainsi sur un projet de neutralisateur de gaz toxiques, qui pourrait être utile en cas d'attaque terroriste au gaz moutarde ou aux neurotoxiques. "Ce système permet de détruire le gaz offensif sur place, sans stockage, ce qui facilite notamment l'intervention en milieu urbanisé", explique-t-il. Une arme pas forcément utilisée par les terroristes mais qui représente néanmoins une menace non négligeable selon le chercheur. "En Syrie, les rebelles de Daesh ont mis la main sur plusieurs tonnes de ce type de produits", affirme le chercheur.
À plus long terme, le chercheur aimerait également améliorer la prise en charge des explosifs de type TATP, comme ceux utilisés dans les ceintures d'explosifs. Cela permettrait aux autorités d'agir plus rapidement, sans avoir à provoquer d'explosions risquant de dégager des éléments toxiques.
Nous connaissons tous le principe des empreintes digitales, ces petites vaguelettes sur la pulpe des doigts dont aucune ne ressemble à l'autre. Selon Alexandra Ter Halle, chercheuse en chimie à l'Université Paul Sabatier, le constat est exactement le même pour l'odeur corporelle : à chaque individu correspondrait une "empreinte olfactive" unique. En mettant au point une sorte de "nez électronique" qui permettrait d'analyser cette odeur corporelle, les chercheurs espèrent donc pouvoir améliorer les moyens de tracer les terroristes et de les identifier, notamment si aucune trace d'ADN n'a pu être relevée.
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