Santé : à l'heure des déserts médicaux, forme-t-on trop de médecins en France ?

C'est un qéuilibre qui semble difficile à trouver... Depuis quelques années, pour lutter contre les déserts médicaux, on forme à tour de bras dans les facultés de médecine. Le numerus clausus, ce dispositif qui limite le nombre d'étudiants, a été levé. 11.000 médecins sont désormais sont formés chaque année.

Pour l'Ordre des médecins, c'est peut-être même un peu trop. On compte près de 240.000 médecins en exercice et ce chiffre augmente de 2% chaque année. Selon les calculs de l'Ordre des médecins, en 2040, on devrait donc avoir 316.000 médecins en activité, 30% de plus qu'aujourd'hui. 

Selon l'Ordre des médecins, il convient de faire attention à ne pas former trop de soignants. Ça paraît assez contre-intuitif à l'heure où plus de 8 millions de Français vivent dans un désert médical, 6 millions n'ont pas de médecin traitant. 

Baisse de la natalité et évolution technologique

L'Ordre se demande s'il y a trop de médecins à l'avenir en avançant plusieurs arguments. D'abord, on constate une baisse de la natalité qui se confirme. La population française commence à stagner. L'Ordre estime donc qu'il y aura bientôt moins de patients qui auront besoin de soins. Ensuite, l'Ordre regrette le manque d'études d'impact sur plusieurs mesures qui ont été mises en place ces dernières années. 

En effet, on n'a pas mesuré les effets à long terme des innovations technologiques par exemple. Est-ce qu'on aura autant besoin de médecins dans 15 ans avec l'essor de la télémédecine ou encore la révolution de l'intelligence artificielle qui pourrait remplacer certains postes qui sont aujourd'hui occupés à plein temps par des médecins ? 

Des tâches déléguées à d'autres professions

Ensuite, l'Ordre rappelle qu'on a beaucoup délégué des tâches ces dernières années à d'autres professions de santé. La vaccination, par exemple, qui peut se faire en laboratoire de biologie ou chez le pharmacien. Les avortements ou divers examens gynéco qui se font maintenant chez des sages-femmes aussi. 

On a également délégué de nombreuses tâches aux infirmières de pratique avancée. Par exemple, le renouvellement d'ordonnances, la création de consultations infirmières. Pour l'ordre des médecins, on a donc ouvert les vannes en école de médecine, mais sans mesurer les conséquences de toutes ces nouvelles mesures sur notre futur besoin en médecin. L'instance appelle donc le gouvernement à y réfléchir.

Au ministère de la Santé, on estime qu'il est encore beaucoup trop tôt pour se poser ce type de questions. Aujourd'hui, c'est un fait. Les Français ont besoin de plus de médecins. Il faut donc continuer à en former plus, car la pénurie de soignants devrait continuer au moins jusqu'en 2050.

Ce vendredi 25 avril, le Premier ministre François Bayrou devrait faire de nouvelles annonces, débloquer encore plus de financements pour les écoles de médecine pour former encore davantage. Cette alerte de l'Ordre des médecins sur ce trop-plein de médecins dans le futur n'est encore pas en réflexion du côté du gouvernement.

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