Pourquoi a-t-on souvent envie de faire l'amour après une frayeur ?
Le "terror sex", qui peut survenir après un traumatisme personnel ou collectif, a notamment été observé après les attentats du 11 septembre.
Après l'effroi, l'orgasme. Dans les jours qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2011, certains médias et sociologues américains ont analysé un comportement étrange dans la population new-yorkaise : le "terror sex", ou "sexe après l'effroi".
En quoi consiste ce phénomène ? Dans le journal américain Los Angeles Times, un New-Yorkais qui a assisté aux attentats témoignait de son étrange expérience. "J'ai vu les tours s'effondrer, puis j'ai marché vers le nord, totalement effrayé. En chemin, je remarquait les femmes, beaucoup plus que d'habitude", explique-t-il. Et il n'était visiblement pas le seul : à New York, les ventes des sex shops ont enregistré une augmentation de 33% durant l'automne 2001, et de nombreux médias ont constaté dans la population new-yorkaise un besoin de s'accoupler hors norme.
Cette envie de sexe généralisée n'était certes pas joyeuse, mais plutôt vitale. "C'est comme les années 1960, mais seulement avec moins d'espoir", décryptait d'ailleurs John Cameron Mitchell, réalisateur du film érotique Shortbus, l'un des premiers à aborder la question de la sexualité après les attentats.
Les hormones à la clé
Comment expliquer que la peur et l'effroi puissent se transformer ainsi en pulsion sexuelle difficile à refréner ? La science apporte quelques éclairages. Confronté à un danger mortel, l'être humain est affecté physiquement, psychologiquement et affectivement. Or la peur et le stress engendrent des réactions complexes dans le cerveau, dont une sécrétion de deux hormones, l'adrénaline et l'endorphine... soit cette fameuse hormone "de l'amour". Voilà qui expliquerait pourquoi peur et désir sont parfois directement reliés. Une réaction que l'on peut aussi éprouver au cours de nos vies quotidiennes : lorsque l'on réchappe d'un accident de la route, par exemple, ou que l'on regarde un film qui nous terrorise, cette pulsion sexuelle difficile à expliquer peut surgir.
Une réaction étonnante qui pourrait également s'expliquer par ce fameux instinct de conservation observé chez l'homme, et hérité de nos ancêtres préhistoriques. Se sentir menacé nous mènerait ainsi à vouloir nous reproduire de manière quasi-mécanique, pour assurer la sauvegarde de l'espèce. L'amour et le désir, plus fort que la terreur, et ce pour depuis des millénaires...
