Si vous avez ouvert la célèbre application de prise de rendez-vous médical ces dernières heures, vous avez probablement été accueilli par ce message : "Doctolib ouvre un nouveau chapitre avec "Santé", un espace au cœur de votre application pour prendre soin de vous".
Après s'être imposé comme un intermédiaire quasi-incontournable entre les professionnels de santé et les patients depuis la pandémie, le groupe privé entend désormais réunir au sein d'un même espace les données de santé des Français.
Même si Doctolib se défend de toute démarche concurrentielle, l'initiative interroge les pouvoirs publics car elle fait curieusement écho à la plateforme "Mon Espace Santé", lancée il y a un peu plus de deux ans par les pouvoirs publics pour centraliser les données médicales des Français.
Révélée le 19 novembre dernier dans un entretien à Ouest-France par son patron Stanislas Niox-Chateau, l'arrivée du nouvel espace "Santé" dans Doctolib est effective depuis quelques jours. Par cette initiative, l'entreprise entend encourager les patients à renseigner dans l'application leurs résultats médicaux, leurs ordonnances, leurs vaccins, leurs antécédents, leurs allergies, leurs traitements ou leurs carnets de vaccination. Il est aussi possible de gérer le profil de ses proches, avec notamment une gestion partagée des profils des enfants par leurs parents ou la gestion du profil d'un proche sans compte pour les adultes non autonomes.
Le premier objectif affiché par Doctolib est de faciliter le travail des professionnels de santé clients de la plateforme. "Cette mission a comme finalité d'améliorer l'accès aux soins et la santé des patients," a notamment expliqué Stanislas Niox-Chateau dans les colonnes de Ouest France. "Cela permet ainsi à vos soignants de mieux vous prendre en charge et vous évite de vous répéter ou d'oublier une information importante", peut-on lire sur le site de Doctolib. Pour l'heure, le partage des informations est limité aux nouvelles consultations avec un médecin généraliste ou un pédiatre. La fonctionnalité sera débloquée pour toutes les consultations dans les prochains mois.
Dès le début de l'année 2025, la centralisation des données médicales des utilisateurs de Doctolib doit aussi permettre à la plateforme de délivrer des conseils personnalisés. Des rappels pourront être envoyés avant les rendez-vous médicaux et des contenus santé personnalisés "créés en collaboration avec les professionnels et institutions de santé" pourront être délivrés en lien avec le profil médical de l'utilisateur. Le groupe promet aussi de fournir "des indicateurs avancés de votre santé", relatifs, par exemple, au sommeil, à la nutrition ou à l'activité physique.
Même si Doctolib se défend de vouloir le concurrencer, cette nouvelle offre reprend la plupart des fonctionnalités de "Mon Espace Santé", l'outil officiel des pouvoirs publics dédié à la centralisation des données médicales des Français qui a pris la suite du "dossier médical personnel" puis du "dossier médical partagé".
Lancé il y a deux ans par le ministère de la Santé et l'Assurance maladie, "Mon Espace Santé" a été activé par 15 millions de Français à ce jour. D'après la Cnam, 200.000 bénéficiaires d'un régime d'assurance maladie français y ouvriraient un compte chaque semaine. Mais ce chiffre reste modeste par rapport aux 45 millions de Français qui utilisent Doctolib pour prendre leurs rendez-vous médicaux depuis leur téléphone. De quoi nourrir les inquiétudes des puissances publiques de voir les fonctions de "Mon Espace Santé" avalées par un acteur privé, alors que le chantier de l'interconnexion de la plateforme avec les applications de santé est toujours en cours.
Contactée par RTL, l'Assurance maladie renvoie vers les inquiétudes formulées dans Le Monde par son directeur général Thomas Fâtome : "Cette offre semble très proche de ce que propose "Mon Espace Santé". Nous avons toujours considéré comme utile, pertinent et même nécessaire que des acteurs privés et publics soient embarqués dans la même feuille de route sur le numérique en santé, et c’est ce qui se passe, ce qui est très positif. Mais le lieu de référence de l’hébergement des données de santé, c’est le service public, avec “Mon espace santé”, c’est un choix du législateur, et il y a une vraie ambiguïté à en proposer un autre", a-t-il affirmé, disant attendre "une clarification" de la part de Doctolib.
Sollicité par RTL, Doctolib souligne que sa démarche ne vise pas à privatiser les données médicales des Français, ni à concurrencer "Mon Espace Santé" mais à pouvoir proposer des rappels personnalisés à ses utilisateurs dès début 2025. L'entreprise assure que le lancement de l'onglet "Santé" s'est fait en toute transparence par rapport aux autorités et qu'une interopérabilité a été proposée au ministère de la Santé pour que les données transmises par les patients dans Doctolib soit automatiquement envoyées vers "Mon Espace Santé", comme elle le fait déjà pour les documents envoyés par les soignants aux patients dans son application. Le groupe rappelle par ailleurs qu'en tant que premier alimentateur de données médicales de "Mon Espace Santé", à hauteur de 1,5 million de documents par mois, il a largement contribué à développer l'usage de cet espace numérique.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte