Comment dédramatiser sa virginité ?

La virginité suscite beaucoup de questions. Elle est encore trop souvent associée à un tas de symboles. Parce qu'autrefois, les femmes, par le mariage, étaient en quelque sorte une monnaie d'échange, leur virginité garantissait le fait qu'elles soient "intactes". C'est donc la famille, la religion et la société qui devaient se faire les garants de cette "pureté". Aujourd'hui, les choses ont changé mais la virginité reste entourée de confusion.

Comme en témoignent les jeunes filles qui partagent leurs expériences sur ce site, être vierge, quel que soit son âge, n'est parfois pas facile à assumer. Certaines s'estiment trop vieilles, d'autres, aussi jeunes qu'elles puissent être pourtant, se demandent s'il est normal d'être vierge à leur âge, d'autres veulent se débarrasser d'une virginité jugée encombrante. Certaines se sentent simplement seules dans un groupe d'amies où toutes déclarent avoir déjà eu des relations sexuelles. Quelques-unes de ces jeunes filles se demandent carrément si elles sont encore vierges, ne comprenant pas bien ce qu'implique le terme de "virginité".

Qu'est-ce qu'être vierge ?

La "virginité" signifie communément le fait de ne jamais avoir eu une relation sexuelle complète. Mais elle renvoie à la fois à un état physique et psychologique. On peut par exemple avoir eu des expériences sexuelles sans pénétration vaginale et se considérer vierge. On peut aussi avoir été victime d'un viol, n'avoir jamais vécu de relations sexuelles consenties et donc se considérer vierge d'un point de vue psychologique. La perte de la virginité peut renvoyer à la première relation sexuelle avec pénétration mais, dans les faits, elle recouvre des réalités très différentes d'une personne à l'autre. Car tout dépend de ce que l'on entend par "rapport sexuel". Pour certains, cela implique forcément une pénétration, pour d'autres non.

"La virginité est d'autant plus difficile à définir que ce n'est pas tout ou rien, explique le Docteur Ghislaine Paris, sexologue, interrogée par Girls.fr. L’accès à la sexualité se fait progressivement, se construit lentement, ne se termine jamais. La sexualité est d'abord fantasmée, imaginée, avec des flirts de plus en plus poussés, jusqu'au moment où l'on ressent une réelle envie d'accomplir un acte sexuel complet avec un ou une partenaire mais c'est variable d'une personne à l'autre".

L’accès à la sexualité se fait progressivement, se construit lentement, ne se termine jamais.

Docteur Ghislaine Paris, sexologue

L'hymen ne définit pas la virginité

Les interrogations autour de la virginité sont en outre renforcées par les croyances qui entourent l'hymen. Hymen et virginité sont souvent faussement associés, alors que l'on sait désormais que certaines filles naissent sans hymen, qu'il peut se déchirer en pratiquant une activité physique ou en mettant des tampons, qu'il a plusieurs formes possibles et que le premier rapport sexuel peut entraîner douleurs ou saignements, mais pas toujours. "Ce n'est pas l'hymen qui définit si l'on est vierge ou pas mais le fait de s'être engagé(e) pleinement dans un rapport sexuel avec une autre personne", résume le docteur Paris. D'ailleurs, la virginité concerne les hommes comme les femmes et ne se limite donc pas à la présence ou à l'état d'un hymen. 

Aller à son rythme

En France, on sait que l'âge du premier rapport sexuel intervient à peu près au même moment pour les filles et les garçons : 17,6 ans pour les unes, 17,4 pour les autres. Comme nous l'apprend une enquête de l'Inpes (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé) 17 ans environ, c'est "l'âge médian", c'est-à-dire l'âge auquel la moitié des adolescents, filles et garçons confondus, ont déjà eu un rapport sexuel. Mais cela ne concerne donc pas tout le monde. 

Pour Ghislaine Paris, il faut s'éloigner de ces chiffres car le plus important, en matière de sexualité, est d'aller à son rythme. "La sexualité ne doit jamais être soumise à une pseudo norme, explique la médecin. Autour de 17 ans, ça veut dire le plus grand nombre mais pas tout le monde. Ça n’a pas d’intérêt pour l’individu. Il faut se méfier de la norme, du diktat", insiste-t-elle.

Ces vérités rétablies, que la virginité soit un choix réfléchi ou le résultat d'un enchaînement de circonstances, elle ne devrait pas être vécue comme un fardeau. Bien sûr, la pression sociale fait que les gens partagent et comparent leurs expériences. Quelqu'un qui est vierge peut donc se sentir à la traîne. Mais se préoccuper du point de vue des autres est une erreur. "Vivre un acte sexuel alors qu’on n’est pas prêt, c’est traumatisant", explique Ghislaine Paris.

Attendre d'être prêt(e), plutôt qu'attendre la personne parfaite

En matière de sexualité, la règle d'or est de ne pas se comparer aux autres. Le sexe est une affaire personnelle qui implique parfois plusieurs personnes mais surtout soi-même. Quand on commence sa vie sexuelle, il faut non seulement s'écouter, pour ne faire que ce dont on a vraiment envie mais aussi relativiser. Si l'on ne se sent pas prêt(e), il faut attendre.

S'il est important d'attendre d'être prêt, en revanche, attendre la personne idéale n'est pas forcément nécessaire. Selon le Dr Paris, "notre représentation de la bonne personne est complètement erronée. Il faut faire la différence entre 'je me sens prête à avoir une relation sexuelle complète', 'je suis assez bien pour cela avec cette personne', et 'c'est la personne avec qui je vais passer ma vie'". Elle précise que tout le monde est immature au début de sa vie sexuelle et que la première fois est souvent "un moment raté". "C'est un petit passage, la première fois est beaucoup trop chargée de symboles", insiste-t-elle. 

Désacraliser la première fois

Pour bien vivre sa virginité, et sa vie sexuelle par la suite, il faut aussi ne pas idéaliser ou trop sacraliser le sexe. La première relation sexuelle est importante, mais comme le dit Ghislaine Paris, "c'est UN moment dans une construction". Il ne faut placer tous ses espoirs dans cet instant, car il ne se passe souvent pas comme prévu.

Mieux vaut donc oublier "le Prince charmant", ou la "Princesse charmante", qui saura tout faire sans que vous ne disiez rien. Il faut plutôt garder en tête que la communication est primordiale. Et même si parler de sexe n'est pas évident, surtout au début, plus vous direz de quoi vous avez envie, de quoi vous avez peur, ce que vous voulez ou ne voulez pas, et mieux cela se passera.

Oublier l'idée qu'on "donne" son corps ou qu'on "perd" quelque chose

Il faut aussi prendre de la distance avec les termes souvent utilisés en matière de sexe et de virginité. La première fois peut être spéciale ou banale, elle peut être un moment privilégié mais n'est plus le rite de passage qu'elle a pu être autrefois. On n'en sort donc pas différent(e). Ainsi, en acceptant de coucher avec une personne pour la première fois, on s'engage, d'une manière physique et sentimentale (ou non sentimentale, cela arrive aussi), mais on ne "donne" ni on ne "perd" rien.

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