France, 2022: un musulman est élu président de la République. Le nouveau roman de politique-fiction de Michel Houellebecq, le plus provocateur des écrivains français, certain de créer une polémique, joue sur les angoisses diffuses d'une société en crise.
"Soumission" - traduction du mot "Islam" qui signifie allégeance à Dieu - est le portrait d'une France dirigée par un parti musulman, où la Sorbonne est une Université islamique et dont le chef de l'Etat se nomme... Mohammmed Ben Abbes.
Sa prochaine parution, le 7 janvier, va intervenir alors que l'éditoraliste Eric Zemmour vient à nouveau de choquer en critiquant les musulmans de France, "vivant entre eux dans les banlieues" que "les Français ont été obligés de quitter". Au-delà de la polémique, ces écrits et déclarations "traduisent les angoisses de leurs auteurs mais aussi celles de la société", estime le professeur d'université Franck Fregosi, spécialiste des questions relatives à l'islam en Europe.
"Certains intellectuels ou éditorialistes exploitent les craintes de la population au lieu de dédramatiser", déplore-t-il. Pour lui, "dans cette situation de crise généralisée, l'islam est un repoussoir bien pratique".
Dans "Soumission" (éditions Flammarion), Michel Houellebecq, l'un des écrivains français les plus connus à l'étranger, dépeint une France où l'alternative politique future se limite au Front national, parti d'extrême droite, ou à un pouvoir religieux.
A la fin du second mandat de François Hollande, en 2022, la "Fraternité musulmane", parti inventé par l'auteur bat le Front National au second tour grâce à une alliance avec des partis de gauche comme de droite. Le pays s'en trouve bouleversé, tout comme le narrateur, le nihiliste François. Ce professeur d'université hésite à se convertir à l'islam pour pouvoir conserver son poste à Paris III, "Université islamique de Paris-Sorbonne" où les secrétaires sont désormais voilées.
"On construit une espèce de peur sociale de l'islam sans nuances (...), l'islam est un bouc émissaire, il est la cause de tous les maux de la société française", déplore le professeur Fregosi.
Le scénario imaginé par Michel Houellebecq "fait beaucoup rire" en revanche le politologue Philippe Braud, qui juge l'hypothèse de l'élection d'un président musulman "tout à fait invraisemblable". Deuxième religion de France, les fidèles de l'islam, estimés entre trois et quatre millions, "ne sont que 10% de la population française. Ce chiffre n'évoluera pas, même s'il y a une croissance de l'immigration", affirme Braud, professeur à l'Institut d'Etudes politique de Paris.
Michel Houellebecq, 56 ans, enfant terrible de la littérature française, avait déjà déclenché un énorme scandale en déclarant en 2001 dans un entretien, tronqué selon lui: "La religion la plus con, c'est quand même l'islam". Quant à Eric Zemmour, à l'origine journaliste chargé des questions politiques, il s'est illustré par des prises de positions radicales contre l'immigration ou l'Europe, qui trouvent un terrain fertile dans les inquiétudes d'une partie de la société française.
Ses propos, dans un entretien récent au quotidien italien Corriere della Sera, ont été fermement condamnés par le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, qui a affirmé son "soutien aux musulmans de France odieusement attaqués". "Cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile", a affirmé le polémiste au journal italien.
Ces déclarations ont provoqué l'indignation de l'instance représentative de l'islam de France. "Que font les pouvoirs publics devant le déferlement de tant de haine" à l'encontre "de l'islam et des musulmans ?", s'est demandé cette semaine l'Observatoire national contre l'islamophobie, qui dépend du Conseil français du culte musulman.
Dans cette atmosphère de tension sociale, le président François Hollande a rappelé qu'un Français sur quatre était issu de l'immigration. Lors d'un discours vantant l'apport de l'immigration, il a appelé à ne pas laisser "la place vide pour des discours qui instrumentalisent la peur de la dissolution" de la France, entretenue par ceux "qui rêvent d'une France en petit".
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