Tableau vandalisé au Palais de Tokyo : un ex-élu FN mis en cause, la ministre de la Culture charge le RN
L’homme arrêté dimanche 7 mai après la dégradation d’un tableau polémique au Palais de Tokyo est un ancien élu du Front national.
Un octogénaire a été interpellé, dimanche 7 mai 2023, après la dégradation d'un tableau polémique au Palais de Tokyo. Il a projeté de la peinture violette sur l'œuvre Fuck abstraction ! de l'artiste suisse Miriam Cahn. L'homme arrêté est Pierre Chassin, a révélé Le Monde. Il s'agit d'un ex-chef du groupe Front national au conseil municipal des Mureaux (Yvelines).
Le Palais de Tokyo a porté plainte. Une information judiciaire a été ouverte pour la dégradation de cette œuvre d'art. L'individu est sorti libre de sa garde à vue, a appris France Inter auprès du parquet de Paris. Il risque jusqu'à 7 ans de prison, une amende de 100.000 euros ou de la moitié de la valeur du bien exposé, estimée à 90.000 euros selon le parquet de Paris.
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak, qui avait déjà dénoncé dimanche "l'instrumentalisation" de cette affaire par le Rassemblement national, en a profité lundi 8 mai pour interpeller Marine Le Pen sur Twitter. "Un ancien élu FN attaque l'œuvre de Miriam Cahn après la campagne de dénigrement de votre parti", lui a lancé la ministre qui avait été questionnée sur le sujet par la députée RN Caroline Parmentier en mars dernier. "Et alors que la justice a reconnu que ce tableau, qui dénonce les horreurs de la guerre, peut être exposée. Décidemment @MLP_officiel (compte de Marine Le Pen, ndlr), rien n'a changé depuis le Front national", s'est-elle indignée.
"S'en prendre à une œuvre, c'est attenter à nos valeurs. En France, l'art est toujours libre et le respect de la création culturelle, garanti", a réagi pour sa part Emmanuel Macron sur Twitter.
Mardi 9 mai, la patronne des députés RN a nié toute responsabilité, attribuant ce geste à un "comportement individuel". "Vous ne pouvez pas être tenu responsable d'un fait individuel de quelqu'un qui a été conseiller municipal il y a huit ans," a-t-elle affirmé sur Sud Radio, assurant que l'auteur de la dégradation n'est plus membre du parti. "Il a eu tort de le faire", a-t-elle poursuivi.
"Tableau pédopornographique" pour des associations
Le tableau, exposé depuis mi-février, représente une personne frêle aux mains liées, contrainte à une fellation par un homme puissant sans visage. Pour ses détracteurs, la victime est un enfant, ce que dément l'artiste, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité.
Les associations Juristes pour l'enfance, l'Enfance en partage, Face à l'inceste et Innocence en danger, considérant le tableau pédopornographique, réclamaient son décrochage mais ont été déboutées au printemps par le tribunal administratif de Paris puis par le Conseil d'État.
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