Nicolas Sarkozy doit-il être entendu comme témoin dans l'enquête sur les sondages payés par l'Élysée sous son mandat ? C'est en tout cas ce que pense l'association Anticor. Menacé d'un renvoi en procès dans le dossier Bygmalion, l'ex-chef de l'Etat pourrait difficilement être mis en cause, du fait de son immunité présidentielle, dans l'enquête sur des soupçons de favoritisme au profit des sociétés de Patrick Buisson et Pierre Giacometti, ses conseillers de l'époque.
En février 2009, la Cour des comptes dénonçait le caractère "exorbitant" du contrat, privant la présidence de la République de "maîtrise" ou de "contrôle" des dépenses. Les enquêteurs ont compté 235 sondages revendus à l'Élysée entre 2007 et 2009, avec un bénéfice pour Publifact de 1,4 million d'euros. D'après les récits de Buisson et Giacometti au juge, une fois président, Nicolas Sarkozy n'a pas insisté pour qu'ils entrent dans son staff officiel. "Pour les modalités, vois avec Claude (Guéant, ndlr)", aurait-il dit à Patrick Buisson, avant que ce dernier ne rédige lui-même la convention le liant à l'Élysée, selon son récit au juge.
L'enquête soulève désormais d'autres questions. Selon une source proche du dossier, les enquêteurs étudient aussi l'hypothèse que l'UMP, devenue Les Républicains, ait pris en charge à partir de début 2009 certaines dépenses élyséennes au profit de Patrick Buisson, quand la polémique a éclaté. Une première convention du 1er février 2009 entre Publifact et l'UMP "reprenait pratiquement dans les mêmes termes celle conclue en 2007 avec l'Élysée, la prestation de commande de sondages en moins", avec un forfait à 10.000 euros mensuels, décrit la source. Début octobre 2010, le montant est réévalué à 26.750 euros. Un nouveau contrat est signé, avec Publi-Opinion, en décembre 2010.
Entendu comme témoin en avril, l'ex-secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand, désormais président de la région Hauts-de-France, s'est souvenu du premier contrat qu'il a cosigné avec Eric Woerth, alors trésorier, et dont il a justifié l'utilité pour le parti, raconte encore la source. "Notre vocation à l'UMP n'était pas de compenser la perte de revenus de Patrick Buisson après les remarques de la Cour des comptes", a-t-il assuré, selon cette source. Entendu en avril, son successeur à l'UMP, Jean-François Copé, a déclaré avoir découvert plusieurs années plus tard que son ancien bras droit Jérôme Lavrilleux avait imité sa signature pour le contrat de fin 2010.
Les enquêteurs estiment qu'entre 2009 et 2012, Publi-Opinion a encaissé environ 1,6 million d'euros de l'UMP, a relevé la source proche du dossier. Enfin, ils ont découvert que les sociétés de Patrick Buisson avaient touché plus de 600.000 euros en trois fois (2007, 2009 et 2012) d'un imprimeur auquel il a permis d'obtenir des commandes sur les campagnes Sarkozy de 2007 et 2012. "À tout commercial, tout apporteur d'affaires, et pour moi, c'est ce qu'était Patrick Buisson, on verse une commission", a confié ce patron d'entreprise. Sollicités mercredi matin, les avocats de Nicolas Sarkozy et Patrick Buisson n'ont pas réagi dans l'immédiat.
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