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Retraites, immigration, écologie... L'opération séduction des députés Renaissance qui vise Les Républicains

DÉCRYPTAGE - Sans majorité absolue, des députés Renaissance se sont lancés dans une opération séduction à destination des élus Les Républicains. Un travail de fourmis qui nécessite du cas par cas.

L'Assemblée nationale le 31 octobre 2022
L'Assemblée nationale le 31 octobre 2022
Crédit : Geoffroy Van der Hasselt / AFP
Marie-Pierre Haddad

La pression s'accentue autour des députés Les Républicains. Emmanuel Macron l'avait dit clairement : "Je souhaite qu'il y ait une alliance", lançait le chef de l'État, comme une énième main tendue en direction de la droite.

Pour l'instant, cette proposition est restée sans réponse de la part des principaux intéressés. Le président LR du Sénat Gérard Larcher a même décidé de resserrer les rangs en faisant planer au-dessus de la tête du gouvernement la menace d'une motion de censure. "Nous ne nous priverons pas de déposer une motion de censure", a-t-il dit dans les colonnes du Parisien.

Sur les bancs de l'hémicycle, aucune ligne n'est gravée dans le marbre pour Les Républicains. "Ils sont concentrés sur leur élection interne. Tant qu'ils n'ont pas élu de président, il n'y a pas de consigne ou de ligne donnée aux députés", observe un élu Renaissance.

Si on veut faire passer des textes, on n'a pas le choix

Un macroniste

C'est bien dans cette brèche que s'engouffre la majorité présidentielle. Les députés Renaissance veulent mettre toutes les chances de leur coté pour l'étude des projets de loi à venir. C'est donc la quête des voix qui est ainsi lancée pour palier la majorité relative qui les encombre. "Si on veut faire passer des textes, on n'a pas le choix, prévient un macroniste. On s’en sort bien mais on n'a pas trois coups d’avance. On s’en sort sur le fil". 

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Il manque 39 voix à Renaissance pour disposer de la majorité absolue. Certains députés Renaissance ont ainsi entamé un travail de fourmis : aller convaincre les députés Les Républicains de voter leurs textes

Un travail au cas par cas pour chaque texte et pour chaque député. Il faut trouver "des portes d'entrée", résume-t-on au sein du groupe Renaissance. Autrement dit, des députés LR ouverts à la discussion et qui ont "une appétence à pousser des idées" macronistes. Mais pas que... Ils doivent aussi "maîtriser suffisamment leur groupe" pour que les négociations aient suffisamment d'impact, ajoute-t-on.

Il faut évangéliser commission par commission

Un élu de la majorité

Une fois ces élus trouvés, le travail commence pour les députés du parti présidentiel. "On provoque la discussion, on va les chercher, explique un député Renaissance. C'est d'ailleurs heureux pour eux, souligne-t-il. Ils sont beaucoup moins nombreux que lors de la précédente législature mais plus pivots qu'avant". La buvette de l'Assemblée et les différentes commissions des Finances, des Affaires étrangères ou encore Développement durable deviennent des terrains de conquête. "Il faut évangéliser commission par commission", explique un élu de la majorité. 

Les députés Renaissance sont mis à contribution pour cette mission. On voit "en fonction des histoires, des parcours de chacun et des rencontres qui peut parler avec qui", confie-t-il. Cette stratégie prend toute son importance avec la réforme des retraites. "Il faut partir avec une majorité déjà acquise et avoir un accord", insiste un stratège de la macronie. Et afin d'y parvenir, les élus sont prêts à partager des documents de travail avec le camp adverse. "Rien n'est confidentiel", assume ce macroniste.

Un "plan d'attaque"

Mais selon un député Renaissance, la majorité ne va pas encore assez loin dans sa conquête. Ce dernier milite pour un système plus institutionnalisé, avec des méthodes dignes de celles employées par les lobbyistes. 

"Il faut que l'on fasse comme dans n’importe quelle boîte : un plan d’attaque et qu’on définisse parmi tous les députes des 'oppositions raisonnables' ceux qui peuvent basculer. On fait une liste et on met des noms de chez nous, en face de chacun", projette-t-il. 

Résultat, "chaque député Renaissance doit avoir sa liste des deux, trois députés de l'opposition. Tout le monde avait une vision très court-termiste, on le fait de manière informelle mais il faut un plan pro-actif", plaide-t-il.

Des ministres qui font le service après-vente

Quant aux Républicains, le service est royal. Un député de droite racontait à nos confrères du Parisien : "Si je demande un rendez-vous avec un ministre, je l'ai au moins au téléphone, parfois dans l'heure s'il n'est pas possible de se voir".

Au gouvernement, Gérald Darmanin et Gabriel Attal sondent les rangs LR. Ils veulent "sentir le pouls" et le ministre de l'Intérieur consulte auprès du président du groupe LR, Olivier Marleix et du député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, rapporte Le Parisien

Mais pour un élu Les Républicains, cette stratégie du cas par cas a ses limites. "Il leur manque les voix de 39 députés pour avoir la majorité absolue. Un député Les Républicains ne suffit pas à faire pencher la balance en leur faveur. Il faut réussir à faire basculer tout le groupe", rappelle-t-il. Un travail de longue haleine pour Renaissance.

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