Gérard Larcher a la clé. Je dirais même que c'est lui qui dispose de l'arme fatale. Parce que le Sénat est majoritairement à droite. Pour réviser la Constitution, il faut non seulement que le texte soit approuvé dans les deux chambres - l'Assemblée et le Sénat -, mais il faut aussi qu'il obtienne le vote des 3/5e des suffrages au Congrès.
Si le Sénat dit "non", adios la révision chère à Macron. Le Président pourra toujours décider d'en passer par un référendum, mais il connait les risques. C'est pour cela que Gérard Larcher n'a pas l'intention de lâcher. Il sera encore à la manœuvre ce mercredi 9 mai après-midi. "Pour fixer les limites", comme il dit.
Les limites, ce sont les pouvoirs du Parlement. Parce qu'au nom de l'efficacité, le gouvernement veut d'abord avoir la main sur l'ordre du jour. Il veut aussi réduire le droit d'amendement : limiter les amendements qui viennent modifier un texte.
Enfin il souhaite réduire la navette parlementaire. C'est la procédure qui conduit un texte de l'Assemblée au Sénat, mais s'il n'est pas voté il peut retourner à l'Assemblée, puis au Sénat. Et c'est l'Assemblée qui a le dernier mot. C'est vrai que c'est long.
Le gouvernement n'a pas tout à fait tort. La loi se construit lentement dans notre pays. Il faut aller plus vite (Hollande s'en plaignait, et Sarkozy aussi), surtout quand on a un pouvoir qui ne cesse d'accélérer et qui provoque un sacré encombrement législatif.
Sauf que, comme on le fait remarquer au Sénat, sur la réforme de la SNCF par exemple, le gouvernement, qui veut aller si vite, n'est pas si mécontent que le texte soit examiné en deuxième lecture au Sénat, histoire d'y ajouter quelques amendements. C'est un peu à géométrie variable.
On dit Gérard Larcher sous la pression de son parti (Les Républicains) pour barrer la route à Emmanuel Macron ? C'est mal connaître l'animal. D'abord, quand on est président du Sénat, on ne répond pas aux ordres du parti, quand bien même vous travaillez en étroite collaboration avec le chef, en l'occurrence Laurent Wauquiez.
Gérard Larcher tient à son indépendance comme à la prunelle de ses yeux. Il tient à ce que le Sénat reste cette chambre de pondération. Une chambre qui n'est pas faite pour s'opposer coûte que coûte comme le voudrait Wauquiez, mais pour trouver des compromis.
Alors il sait bien que cette réforme des institutions est approuvée par les Français. Mais ce ne sera pas à n'importe quel prix. Il lui fait trouver le juste milieu entre ce que voudrait son parti et ce que veut le chef de l'État. C'est comme ça que sur la dose de proportionnelle, il a réussi à obtenir 15% plutôt que 30%.
Il navigue Gérard Larcher. Comme le poisson combattant (aussi appelé le combattant du Siam), très à l’aise en eau douce mais qui peut vivre en eau froide. Une espèce que l'on dit "courtoise", mais dont la particularité est de protéger son territoire.
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