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3 min de lecture
Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur, écrivant sur un petit papier à l'Assemblée nationale, le 7 mai 2019.
Crédit : Philippe LOPEZ / AFP
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Les députés viennent de
faire leur rentrée dans l’Hémicycle. C'est le retour des questions au
gouvernement, des envolées lyriques, des effets de tribune, et parfois même des
accrochages entre politiques. Mais c'est aussi le retour des petits mots, échangés
entre députés et ministres, griffonnés sur un carton et distribués par
l’intermédiaire des huissiers. À chaque séance, ce sont des dizaines d'enveloppes
qui circulent.
Il
faut les voir ces huissiers courir d’un banc à l’autre de l’hémicycle, traverser
les gradins à grandes enjambées, avec dans leurs mains de petits cartons
bristols cachetés sous enveloppe. Pour les députés, c’est une
aubaine ! Enfin un accès-direct aux ministres. Sans passer par le filtre
des différents conseillers.
"Si j'envoie un mail, je
ne suis jamais sûr qu'il sera lu. En tout cas, pas forcément par le ministre.
Si j'envoie un SMS, je sais qu'il en reçoit des centaines. Quand il est dans
l'hémicycle de l'Assemblée nationale, il est obligé d'ouvrir son enveloppe. On
le voit faire. Vous savez, ça vous fait plaisir quand vous recevez encore des
cartes postales. Voilà, ce sont les cartes postales de l'Assemblée nationale. Notre
ancien monde a encore du bon", témoigne Patrick Mignola, chef des députés
Modem.
Sur ces papiers, on avance
ses pions, on demande un rendez-vous, on défend un dossier local et on soigne
ses relations avec un ministre. Après remaniement, un petit mot de félicitations
ça ne mange pas de pain. La ministre de la Culture Roselyne Bachelot en a reçus
par brassées : "J'ai des collègues qui m'ont dit : 'Mais tu en reçois
beaucoup !' Ils étaient un petit peu jaloux. Rien ne remplace l'écrit."
Parfois, on surprend des
adversaires politiques s’échanger des lettres en pleine séance. Par exemple cette correspondance
totalement improbable en 2007 : Brice Hortefeux, fraîchement nommé
ministre de l'Immigration par Nicolas Sarkozy, vient chatouiller un certain
François Hollande qui n’est alors que député.
"Je lui ai fait passer
un petit mot : 'J'étais convaincu que ça serait vous l'adversaire de Nicolas
Sarkozy. J'espère que je ne me tromperai pas la prochaine fois.' Il m'a répondu
par un autre petit mot : 'La prochaine fois, je ne laisserai pas passer mon
tour.' Cinq ans plus tard, il était devenu président de la République."
Mais ces bristols sont aussi
le lieu de toutes les blagues, de dessins grivois, de clin d’œil. Le communiste
André Chassaigne se souvient d’une petite vacherie envoyée à Nathalie Kosciusko-Morizet,
alors secrétaire d'État, assise sur le banc du gouvernement semblant rêvasser.
"Je voyais qu'elle
s'ennuyait. Je lui ai donc envoyé un petit mot en lui disant : 'Nathalie,
tu n'as pas l'air captivé par les débats.' L'huissier porte le mot. Elle me
regarde et noircit une page, deux pages. L'huissier m'apporte le mot et là elle
m'avait écrit en totalité de mémoire les paroles des Yeux d'Elsa d'Aragon."
Un poème pour tromper l’ennui ou des bons mots…
À une autre époque, André Santini
était devenu le roi du petit papier assassin. Quitte à carrément déraper dans la
grossièreté. La ministre Simone Veil en personne en a fait les frais.
"On s'emmerdait. C'était
long, technique. Alors je sors un papier, je le fais passer à mon voisin :
"Connais-tu les mensurations de Simone Veil ? C'est 90 60 90. Et pour
l'autre jambe c'est exactement pareil". Le papier, cet imbécile, tombe sur
le banc des ministres avec Simone Veil. Elle se retourne et elle me fait :
"André !" Je ne voulais pas me moquer d'elle. Quand on fait des
blagues c'est plus fort que nous, mais moi j'avais honte quand même".
Dans un autre style, ces mots se changent parfois en billets doux. Nadine Morano se souvient d’une déclaration d’amour enflammée. La lettre n’était pas signée. "C'était une très belle déclaration. C'était assez cocasse de devoir interroger les huissiers pour identifier et trouver la personne. Et je l'ai identifiée". Qui était-ce ? Elle n'a pas voulu en dire plus. Encore un peu de secrets à l’heure des réseaux sociaux, du mystère, des confidences. Vous n’enlèverez pas leurs petits papiers aux députés.
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