"Une France fière, redressée et réconciliée". Voici comment Xavier Bertrand résume sa vision pour la France, après avoir officialisé sa candidature pour l'élection présidentielle de 2022. Dans Le Point, le président de la région Hauts-de-France a indiqué à plusieurs reprises vouloir incarner "la droite sociale" à travers "l'ordre et la justice". Pour l'ancien ministre sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la valeur travail "doit redevenir l'essentiel" et "le ciment de la nation".
À un peu plus d'un an du scrutin, Xavier Bertrand juge que son "devoir" est "de battre Marine Le Pen" et "de tout faire pour rassembler les Français". En attendant 2022, la bataille a déjà commencé avec les élections régionales où le président de la région Hauts-de-France fait face à un Rassemblement national bien implanté.
Pourquoi annoncer sa candidature maintenant ? "On ne va pas se faire voler la présidentielle par la Covid", souffle un de ses proches. Un an, "ce n’est pas de trop pour faire campagne, selon l'éditorialiste politique de RTL Olivier Bost. Après tout, rappelle son entourage, Jacques Chirac s’était bien lancé un an avant, lui aussi, en 1994". Mais la course est loin d'être gagnée. Plusieurs embûches se sont glissées sur la route de Xavier Bertrand.
Avant de tenter de conquérir l'Élysée, Xavier Bertrand doit franchir l'étape des régionales de juin prochain - si ces dernières ne sont pas reportées en raison de la situation sanitaire. Le président sortant affronte donc la liste Rassemblement nationale menée par Sébastien Chenu et la liste rassemblée de la gauche, emmenée par Karima Delli.
L'enjeu est important pour Xavier Bertrand, ces élections sont une sorte de primaire, selon lui. Sur France 3, il détaillait alors sa stratégie visant à composer "une liste de très large rassemblement". "Il y aura (sur la liste, ndlr) des gens qui ne voteront pas forcément pour moi à l’élection présidentielle mais des gens qui ont du cœur et ont envie de se battre pour la région", expliquait-il.
Mais quel rôle va jouer la liste de La République en Marche, avec à sa tête le secrétaire d'État aux Retraites Laurent Pietraszewski ? Le délégué général de La République En Marche Stanislas Guerini a laissé planer le doute quant au maintien d'un front républicain. Il n'y aura "pas de règle automatique". Une annonce qui lance la saison des accords électoraux dans les Hauts-de-France. À cela s'ajoutent ceux que Xavier Bertrand pourrait faire avec la gauche. "Disons qu’il suggère, il tend des perches, il regarde si ça mord", assure un poids-lourd du PS qui assure avoir été approché.
Xavier Bertrand l'assure d'emblée : il ne participera pas à une primaire. L'annonce de sa candidature n'a pas occasionné - pour l'instant - de report ou d'annulation de cette dernière. Le chef de file des sénateurs Les Républicains Bruno Retailleau a immédiatement souhaité lever le doute. "La primaire aura lieu", a-t-il annoncé sur Sud Radio. "Je ne sais pas si on va l'appeler la primaire, on va l'appeler la démocratie" car "dès lors qu'il y aura plusieurs candidats et que vous souhaitez qu'il y ait un vote pour départager des candidats, appelons la méthode de départage, il faut bien voter", a-t-il ajouté.
Xavier Bertrand n'est donc pas dans la position du candidat naturel de la droite. "Il a une toute petite avance dans les sondages et il se démène pour apparaître comme le candidat naturel de la droite. S’il annonce sa candidature, c’est parce que c’est encore loin d’être évident. Pour l’instant, il n’accroche pas le second tour", analyse Olivier Bost.
Le président des Hauts-de-France fait aussi face à d'autres candidats potentiels dont Valérie Pécresse, Michel Barnier, Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau et David Lisnard. Les prochains mois de campagne pour les élections régionales seront donc décisifs pour Xavier Bertrand dans la course pour l'Élysée.